Francesco Pau: Un enfant né sous le signe du scandale
Bien malin celui qui réussira à mettre un nom sur ce visage, encore plus malin sera celui qui parviendra à remettre ce visage dans un film. Tout auréolé d'un parfum de scandale le nom de Francesco Pau restera associé au film qui lui valut d'être ajouté à la liste rouge des lolito et lolita dont l'Italie raffolait à une époque où elle en créait par monts et par vaux, Le Satyricon de Gianluigi Polidoro.
Comme bon nombre d'entre eux, Francesco ne connut qu'une brève carrière cinématographique avant semble t-il de s'évaporer dans l'éther ne laissant aux amateurs d'oeuvres sulfureuses qu'une image quasi pasolinienne. Il n'en fallait pas plus pour que le Maniaco l'inscrive en lettres d'or en ces pages et écrive pour le grand plaisir du lecteur le fil de sa trop brève histoire.
Né en 1954, Francesco n'a que 14 ans lorsqu'en 1968 il fait ses grands débuts à l'écran dans Le Satyricon de Gianluigi Polidoro, oeuvre maudite sur laquelle la censure s'acharnera alors. Occulté d'une part par l'immense fresque de Fellini sortie quasiment simultanément, le film de Polidoro déchaîna d'autre part les foudres de la censure qui décida de l'interdire. La raison en était simple: la présence de Francesco qui incarne Giton, le jeune esclave qu'Encolpe prend sous son aile après que son maître ait été assassiné. La rigide Dame de fer ne pouvait tolérer que le réalisateur ait eu recours à un comédien de cet âge pour jouer un rôle à caractère sexuel aussi suggestif soit il.
Francesco rentre ainsi dans la légende. Si Fellini avait opté pour ce même rôle pour un acteur/créature un peu plus âgé, l'étrange et asexué Max Born, Polidoro préféra prendre le risque de choisir Francesco qu'il revêtit des précieux atours d'une jeune fille, trompant ainsi Encolpe quant à sa véritable sexualité jusqu'au jour où il découvrira qu'il est en fait un garçon sans que cela ne change les sentiments qu'il éprouve pour lui.
Débarrassé de ses vêtements de fille et de son maquillage, c'est en garçon que Giton terminera sa courte vie. On découvre alors un jeune homme à la beauté pasolinienne qu'on pourrait facilement rapprocher de Franco Merli dont il aurait pu être une sorte de copie conforme.
Après cette prestation remarquée et remarquable car difficile où Francesco laissait entrevoir l'avenir d'une belle carrière, le jeune acteur n'aura malheureusement plus l'occasion de prouver ses talents.
Ce n'est que sept années plus tard que Francesco fera son retour sur les écrans dans le film d'Aldo Florio Una vita venduta où il n'apparaît qu'en simple figurant.
La même année Francesco est à l'affiche du brutal I ragazzi della Roma violenta de Renato Savino. A tout juste 20 ans, il y incarne un des principaux acolytes de Gino Mili, néo-nazi convaincu qui associe le sexe à la mort. Si Francesco n'y a qu'un rôle de second plan, on retiendra surtout la séquence finale particulièrement insoutenable où en compagnie de deux amis il viole sauvagement Paola Corazzi avant sa mise à mort. Violent polar issu tout droit de l'euro-trash, I ragazzi della Roma violenta fit couler pas mal d'encre à sa sortie. Francesco, le visage poupin, l'oeil noir, le regard candide, le teint mat et les cheveux longs, n'y a rien perdu de son charme, véritable latin lover.
Pourtant la carrière de Francesco prendra fin deux ans plus tard après un quatrième et ultime film, Cugine mie, une insipide sexy comédie signée Marcello Avallone avec Nieves Navarro, Ely Galleani, Franca Gonella et Christiana Borghi dans laquelle il interprète Carletto, le petit ami de Ely Galleani.
Francesco disparaîtra par la suite des feux de la rampe pour ne plus jamais réapparaître au grand dam soyons en certain de ceux qui avaient su apprécier non seulement son charme mais également son talent de comédien.