Dio chiamato Dorian
Autres titres: Le dépravé / Dorian Gray / The secret of Dorian Gray
Real: Massimo Dallamano
Année: 1970
Origine: Italie
Genre: Fantastique
Durée: 92mn
Acteurs: Helmut Berger, Richard Todd, Herbert Lom, Beryl Cunningham, Eleonora Rossi-Drago, Maria Rohm, Isa Miranda, Renato Romano, Marie Liljedahl, Francesco Sensi, Stewart Black...
Résumé: Un jeune dandy anglais, Dorian Gray, séduit par la beauté de son portrait qu'a peint un artiste, vend son âme au Diable pour que seul le tableau subisse les ravages du temps. Obsédé par cette jeunesse et la beauté de son corps, Dorian mène une vie de débauche, séduit maintes jeunes femmes dont une jeune actrice de théâtre qui se suicidera après qu'il l'ait quitté. Pendant ce temps, la toile s'enlaidit et reflète le vrai visage de son âme. Hanté par cette beauté qui lentement le fait sombrer dans la folie, il voit malheureusement son entourage vieillir avec le temps Désespéré après avoir vu son portrait se transformer en un vieillard hideux, Dorian tue le peintre avant de se suicider...
Réalisé en 1970 par Massimo Dallamano, Dio chiamato Dorian est une nouvelle adaptation du célèbre roman d'Oscar Wilde curieusement transposé ici dans le swinging London. C'est peut être là une des rares originalités du film qui s'avère assez vite un brin ennuyeux.
On avait en effet connu Dallamano beaucoup plus inspiré, c'est donc encore avec plus de déception qu'on découvre cette énième adaptation du mythe de Dorian Gray qui ne parviendra à réellement captiver le spectateur qu'en fin de bobine.
Toute la première partie du film est trop ennuyeuse tant il lui manque ce pouvoir de fascination qui faisait une des grandes forces du roman, cette aura érotico-morbide qui émanait du personnage particulièrement ambigu de Dorian. Tout ici est trop lisse, trop superficiel pour pouvoir accrocher l'attention et créer un réel climax. Terne, fade, Dorian Gray perd toute son aura hypnotique ce qui nuit énormément au film privé de ce qui faisait l'essence même du roman. Par la force des choses, la descente dans la folie de Dorian en souffre et c'est détaché, trop peu impliqué dans ce processus d'auto-destruction qu'on assiste à sa lente déchéance.
Alors qu'il nous avait habitué à un érotisme plus sophistiqué, Dallamano reste ici étonnamment sage. Le débauche sexuelle dans laquelle Dorian sombre lentement se résume à quelques scènes assez maladroites et bien peu salaces à la limite de la frustration. Là encore on perd tout l'aspect sulfureux de l'univers de Wilde tandis que les protagonistes récitent des dialogues trop modestes pour qu'ils puissent compenser ces fautes de scénario.
Tout aussi décevant et maladroite est la tentative d'une certain homo-érotisme inhérent au personnage de Dorian lui même. Dallamano comme mal à l'aise semblerait il se contente de caresser avec bien peu d'imagination le corps parfait d'Helmut Berger, multiplie les scènes de bain et de douche en maillot durant lesquelles la caméra s'attarde sur sa virilité tout en osant quelques furtifs nus dorsaux, se promène passivement sur son torse tout en enchaînant les gros plans de son visage et explore sa garde robe qui semble infinie. Quant à l'attirance entre Dorian et ici Lord Wotton, elle reste bien timide. Helmut Berger nous avait habitué à plus d'audace dans son jeu, étrangement effacé et peu impliqué.
Il reste pourtant le principal attrait du film. Dallamano ne pouvait pas mieux choisir pour incarner son personnage. Alors au faîte de sa notoriété et surtout de sa beauté physique, Helmut est ici un Dorian rêvé, dandy précieux obsédé par son image et cette jeunesse que le réalisateur tente de capter à travers ce corps de jeune éphèbe noueux. Tout semble être d'ailleurs construit pour et autour d'Helmut tant et si bien que Dallamano en a oublié le reste.
On gardera également de Dorian Gray l'utilisation fort réussie des décors d'un Londres plongé en plein psychédélisme d'autant plus mis en valeur par une photographie soignée, les somptueux costumes d'Helmut, une jolie partition musicale et surtout les vingt dernières minutes du film où la folie semble enfin poindre son nez jusqu'au dramatique dénouement.
Aux cotés d'Helmut Berger, on reconnaitra Richard Todd, excellent, ainsi que Maria Rohm et Isa Miranda, actrices habituées au cinéma de Jess Franco qui au départ précisons le devait réaliser cette libre adaptation. On soulignera aussi la présence de la douce et ravissante suédoise Marie Liljedahl, la raffinée Eleonara Rossi-Drago et Beryl Cunningham qui apporte une légère touche d'exotisme aux amours débauchées de Dorian.
S'il échoue dans sa construction dramatique et la mise en place d'un réel climax, perdant ainsi une bonne partie du pouvoir de fascination quasi morbide du célèbre roman, Le dépravé reste une petite série B érotique mi-figue mi-raisin dont on retiendra surtout l'élégance et la beauté d'Helmut Berger qui perdait là un rôle en or, faute en incombe à un Dallamano trop peu investi ou trop aveuglé par son jeune héros.