Passion, destruction, issue fatale pour un jeune premier: Gabriele Di Giulio
Né à Rome dans le milieu des années 50, Gabriele di Giulio n'a jamais eu pour ambition de devenir comédien. En 1976 alors qu'il est encore étudiant en psychologie Mariano Laurenti en quête de jeunes talents pour la nouvelle sexy comédie qu'il prépare, Les farceurs de l'école mixte / Classe mista, le remarque. Il lui propose aux cotés de Alvaro Vitali d'interpréter le rôle d'un des deux amis de Alfredo Pea, celui d'un jeune séducteur fourbe qui tente en vain de séduire Dagmar Lassander. C'est pour Gabriele un moyen plaisant et ludique de gagner un peu d'argent tout en poursuivant ses études. Il enchaine la même année avec Le seminariste, une nouvelle comédie signée cette fois Guido Leoni dans laquelle il a un rôle un peu plus conséquent, celui du petit ami de la sémillante Daniele Doria. Il n'est pas comédien professionnel mais cependant Gabriele a tout du jeune premier, élancé, les yeux azur, un regard de velours, le sourire carnassier. Le cinéma comme le roman photo, média alors très à la mode, aurait pu en faire sa nouvelle idole mais les priorités du jeune homme qui n'est pas si mauvais acteur sont ailleurs.
Entre 1976 et 1979 Gabriele va disparaitre des écrans pour se consacrer à ses études. Durant ses trois années la vie de Gabriele va évoluer et se faire ressentir sur le tournage de La maison au fond du parc. Gabriele y joue Howard un des otages de David Hess, un personnage aux antipodes de ceux qu'il a incarné auparavant, un film qui vont faire de lui une figure incontournable du cinéma d'exploitation transalpin, un nom dont on se souvient encore aujourd'hui. De Gabriele Ruggero Deodato garde un souvenir aussi mitigé qu'ému. Il était un des plus jeunes acteurs du film, un des moins expérimentés également. Il se sentait quelque peu inférieur à ses partenaires, était parfois étrange, distant, comme intimidé. A cette époque toujours selon le réalisateur Gabriele connaissait déjà quelques problèmes de drogue. Son addiction qui au fil des années allait devenir de plus en importante pouvait peut être également expliquer son comportement confesse le fameux réalisateur. Pourtant la vie souriait au jeune comédien. Durant l'année 1979 il fait la connaissance d'une des plus grandes diva du roman photo d'alors, Caterina Piretti plus connue sous son pseudonyme Katiuscia. Entre eux c'est le coup de foudre. Katiuscia le décrivait comme un garçon doux, compréhensif, affectueux, très à l'écoute. Les deux tourtereaux sont fous amoureux même si la vie de la jeune diva, toxicodépendante, amante entre autres de Jeff Blynn et Joe Dallesandro, est un véritable tourbillon infernal qui finira par totalement la détruire, la faire également passer par la case prison et réduire sa carrière en cendres.
En cette fin d'année le jeune couple, inséparable, décide de s'envoler pour les Indes. Si Gabriele doit prochainement passer sa licence de psychologie il est également instructeur de windsurf, une de ses passions, au cercle nautique de Anguillara. Trouver quelques jours de vacances n'est donc pas si simple. Ils quittent Rome le 20 décembre et c'est sur une plage hindoue, sous un ciel étoilé, que sera conçu leur enfant. Plus que jamais ils veulent fonder une famille. A leur retour dans la ville éternelle, Katiuscia est enceinte. Le couple convole en justes noces. La jolie héroïne des revues romantiques alors adulée se retire doucement du feu des projecteurs jusqu'à la naissance de l'enfant le 10 octobre 1980. Caterina et Gabriele, fou de bonheur, font la une des journaux italiens, posent tendrement en compagnie de leur bébé prénommé Ranieri et font un temps rêver la Botte. Gabriele est un papa attentif, aux petits soins, pour son fils. Le couple file en apparence le parfait bonheur mais celui ci sera malheureusement de courte durée. Gabriele obtient sa licence mais comme Caterina il n'est pas encore parvenu à régler ses problèmes de toxicomanie qui vont s'aggraver au fil du temps.
En 1982 il fait une brève figuration dans la longue et jolie fresque historique de Luigi Magni State buoni se potete. Cette prestation à la limite du caméo sera son ultime apparition à l'écran.
En 1983 le couple est arrêté pour possession et usage de stupéfiants puis incarcéré. Gabriele meurt d'une overdose deux semaines plus tard. La dernière fois que Caterina vit son époux ce fut dit-elle derrière les barreaux.
Ainsi s'en est allé Gabriele, jeune trentenaire détruit par la drogue, qui malgré le bonheur d'un mariage éblouissant et les joies d'être père, n'a jamais réussi à combattre ses démons intérieurs qui ont finalement eu raison de lui.