Mala, amore e morte
Autres titres: Mala, love and death
Réal: Tiziano Longo
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Comédie / noir
Durée: 89mn
Acteurs: Gianni Macchia, Femi Benussi, Massimo Mollica, Gabriella Lepori, Françoise Prévost, Renato Pinciroli, Gigi Ballista, Ennio Biasciucci, Danika La Loggia, Giulio Baraghini, Tony Askin, Antonio Scaglione, Franca Scagnetti...
Résumé: Lorsque sa tante est retrouvée morte d'une crise cardiaque sa jeune nièce Marisa hérite de la pension dont elle était propriétaire. Dés son arrivée un étrange individu débarque et la menace. Elle le retrouve mort quelques heures plus tard sur le sol de l'hôtel. Apparait alors un autre individu, Riccardo, un dandy qui lui propose de bruler le cadavre. Arrivent ensuite un baron et ses deux hommes de main. Tout ces gens ont un point commun: ils cherchent les diamants que la tante de Marisa aurait caché quelque part dans l'hôtel. Commence alors une chasse au trésor sur fond mafieux...
Petit artisan de la série B peu connu en France on doit surtout à Tiziano Longo, un proche de Fernando di Leo et de Nello Rossati pour qui il produisit trois de ses plus fructueux films, quelques comédies érotiques aujourd'hui bien oubliées (et oubliables) telles que Malicieuse à 16 ans, La prova d'amore, L'étalon, La profanazione et surtout sa plus osée, un pur "Renzo Montagnani movie", Peccatori di provincia. En 1977 Longo signe une inattendue bande hybride qui mélange tant bien que mal comédie, film noir et giallo intitulée Mala, amore e morte.
Propriétaire d'un hôtel nommé Mimosa Adalgisa Belli reçoit un jour un appel téléphonique qui la met dans tous ses états. Quelqu'un la fait chanter et lui réclame les deux milliards en diamants brut qu'elle aurait caché quelque part dans son hôtel. Elle est abattue mais son décès passe pour une simple crise cardiaque. Sa jeune nièce, la magnifique Marisa Belli, hérite alors de la pension ignorant tout du fabuleux butin qui y est dissimulé. Très vite un homme franchit le seuil de la pension, l'effraie et lui parle d'un certain Arturo. Marisa n'en saura pas plus. Elle retrouve l'homme mort quelques heures plus tard. Apparait alors un joyeux dandy, Riccardo, lui aussi en quête des diamants. De ce play-boy de pacotille Marisa
ne pourra plus s'en défaire mais cela ne la gêne guère puisqu'elle finit par coucher avec. Arrivent alors le baron De Carolis, ses deux hommes de main et sa frivole domestique, eux aussi bien décidés à trouver le butin. Ils louent une chambre à la pension et surveillent de près Marisa et son dandy qui entre temps ont brulé le corps de l'homme retrouvé mort. Tout ce beau monde est surveillé à son tour par des mafiosi qui ont la gâchette facile. Réapparait alors sur le sol de la pension le cadavre censé avoir été brulé que Marisa et Riccardo doivent de nouveau cacher. C'est à ce moment que Marisa découvre que Riccardo s'appelle en fait Carlo Mancini. Le play-boy lui révèle alors que tous ces gens ainsi que lui même sont
à la recherche de diamants cachés dans la pension. Avec pour seule aide un indice laissé par Arturo, en fait l'associé d'Adalgisa, un morceau de bois sur lequel est inscrit "La vérité est souvent l'opposé des apparences", Marisa et Carlo se mettent ensemble à sa recherche...
Tiziano longo travailla régulièrement pour Fernando Di Leo avec qui il fonda La Ferti Film (l'assemblage du début de leur prénom) qui produisit deux films de Fernando. Les deux metteurs en scène restèrent par la suite liés. Mala, amore e morte fut imaginé et tourné comme un clin d'oeil assumé à l'univers du fameux réalisateur, un des pères du polar noir et
mafieux. Le film devait d'ailleurs initialement s'intituler Cadaveri eccedenti, un titre abandonné au profit de Una ragazza per un' indagine pericolosa. Ce sera finalement Mala, amore e morte qui sera retenu. Difficile pour le novice de classifier cette pellicule au titre ambigu qui de prime abord l'orienterait vers le polar noir. En fait c'est bel et bien une comédie mais une comédie bâtarde où on retrouve des éléments du film noir et de giallo le tout sur fond d'érotisme. Le point de départ est le meurtre de la propriétaire d'une pension qui aurait caché dans son établissement une petite fortune en diamants. Héritière de l'hôtel sa jolie nièce se retrouve alors plongée au beau milieu d'une histoire totalement loufoque à
laquelle elle ne comprend absolument rien. L'hôtel est soudainement envahi non seulement de personnes peu recommandables, (un dandy aux identités multiples, un baron louche et ses sbires, des mafiosi) mais aussi par la présence d'un cadavre encombrant qui apparait et disparait, le tout sur fond de chasse au trésor. Car c'est bel et bien d'une chasse au trésor dont il s'agit, chacun voulant s'emparer du butin le premier. Et comme dans toute chasse au trésor il faut des indices. Ce sera cette fois une petite phrase gravée sur un morceau de bois puis une date et un lieu sur un médaillon. Avec tous ces éléments Longo concocte une comédie farfelue proche du marivaudage, jamais très crédible mais divertissante car
totalement invraisemblable, si invraisemblable qu'elle en devient fort drôle et on se prend finalement au jeu d'autant plus que Longo mène l'ensemble à un rythme trépidant. Tout s'enchaine, tout va très vite. La belle Marisa n'a guère le temps de respirer si ce n'est pour lever la jambe avec son dandy d'intrus avec qui elle mène l'enquête mais qui devient surtout son amant. Tout ce beau monde s'agite en tout sens, sort, entre, les portes s'ouvrent, se ferment, on court, on cherche, on meurt, on ressuscite, on se menace. On a parfois l'impression d'une comédie macabre où va apparaitre Louis De Funès. On a parfois le sentiment d'entrevoir plusieurs intrigues se superposer. Il n'y a ni De Funès ni intrigues
multiples. Il n'y en a bien qu'une seule qui sera vite résolue lors d'un final sans surprise (si ce n'est la véritable identité du dandy... et encore), les diamants retrouvés au fond d'une tombe reviendront à qui de droit. A se demander à quoi ont servi les indices. Mais on n'est pas là ni pour réfléchir ni pour se prendre la tête. On est là juste pour s'amuser. Pour peu qu'on se prenne au jeu on passera un agréable moment ce qui semble être le but de Longo en plus de déshabiller le plus souvent possible ses deux protagonistes féminines afin d'éblouir un public essentiellement masculin. En ce sens Mala, amore e morte est un parfait exemple de cinéma Bis transalpin, de cinéma d'exploitation. A se demander même si
cette surenchère de nudité totalement gratuite n'est justement pas le point faible du film. Aux premières loges pour se dévêtir à tout va une des reines de la sexy comédie, Femi Benussi, qui décroche ici pour une des toutes premières fois de sa carrière le rôle principal féminin. Une aubaine? Dans un sens oui mais une opportunité gâchée par la volonté de Longo de la déshabiller aussi souvent que possible sans raison apparente. Ainsi Femi passe beaucoup de temps à se coucher nue même lorsque le danger rôde, à faire l'amour en toutes circonstances ou à se promener toujours aussi nue sous un mini peignoir inlassablement entrouvert ou qu'elle délace automatiquement même devant un inconnu. Elle nous offre
même une scène lesbienne lors d'un strip-tease forcé dans un club très spécial, une séquence complètement gratuite qui ne sert à rien hormis à honorer le cahier des charges quant au nombre de plans de nu. Il en va de même pour la pauvre Gabriella Lepori nue tout au long du film qui hérite d'un rôle idiot franchement inutile. Elle disparaitra d'ailleurs sans raison apparente lors de la dernière bobine, une chance pour nos oreilles son doublage italien étant auditivement parlant insupportable. Cette avalanche de nudité complaisante charme l'oeil certes, satisfait l'appétit vorace du spectateur voyeur mais nuit à la crédibilité d'une histoire déjà très improbable. On flirte avec la comédie érotique, on frise la
sexploitation. C'est d'ailleurs ce qui semble le plus intéresser Longo dans un film qui part tout azimut et ne semble jamais vraiment trouver sa voie.. Si l'excès de nudité n'est en soi jamais gênante d'autant plus dans un contexte Bis la désagréable impression que Longo en rajoute des couches et des couches (pendant que Femi enlève les siennes) transforme cette surenchère charnelle .
Si le corps et les quatre expressions faciales de Femi (Femi est surprise, Femi a peur, Femi réfléchit, Femi est fatiguée...) retiennent notre attention durant 90 minutes ses partenaires font leur travail correctement sans cependant être exceptionnels ou particulièrement investis
dans ce vaudeville "macabro-mafieux". Gianni Macchia est un dandy gominé qu'on a connu beaucoup plus enjoué mais il se déshabille lui aussi, ça compense, et nous gratifie même d'une scène d'amour avec Femi malheureusement mal filmée. Françoise Prévost disparait quant à elle au bout de cinq minutes. A noter que les trois acteurs avaient déjà travaillé ensemble dans le très bon Quando l'amore è sensualità. On reconnaitra ça et là l'agent-acteur star Tony Askin qui lui aussi disparait très vite, Gigi Ballista, Franca Scagnetti et la fellinienne Danika la Loggia (l'entreteneuse).
On peut reprocher beaucoup de choses à Mala, amore e morte, son incapacité à trouver sa
véritable voie, sa gratuité, son improbabilité... mais quelques soient ses défauts il reste une pellicule franchement plaisante, amusante qui parvient à capter notre attention non seulement pour sa multitude de nus complaisants mais tout simplement parce qu'on se prend au jeu malgré soi et cherche à savoir ce que cache cette auberge et tout ce beau monde qui se débat comme des diablotins dans un bénitier. Comme la plupart des films de Longo Mala, amore e morte fut très longtemps difficile à visionner, la seule possibilité étant alors une rarissime vidéo suisse. Puis le film eut enfin les honneurs de quelques passages télévisés au début des années 2000 jusqu'au jour où un éditeur italien le sortit enfin en DVD en version remasterisée. Une exception dans la filmographie oubliée de son auteur. Qu'on en profite donc.