Il trafficone
Autres titres: The sexual counselor
Réal: Bruno Corbucci
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 99mn
Acteurs: Carlo Giuffré, Marilù Tolo, Tina Aumont, Enzo Cannavale, Elio Zamuto, Gianni Agus, Lino Banfi, Irina Maleeva, Adriana Asti, Enzo Marignano, Rita Calderoni, Massimo Dapporto, Dorit Henke, Dante Cleri, Vittorio Fanfoni, Pamela Villoresi, Giovanni Attanasio, Lorenzo Piani, Antonella Patti, Lorenza Patti, Juan Fernandez...
Résumé: Emigré à Rome pour trouver du travail le napolitain Vincenzo s'improvise un jour sexologue en s'inspirant d'un ouvrage sur les thérapies de couple qu'une amie lui a prêté. Il ouvre son cabinet et commence à régler les problèmes intimes de divers couples qui viennent en consultation. Il met évidemment ses théories en pratique avec les jolies épouses tant et si bien qu'il ne peut plus satisfaire sa propre femme. Ignorant tout de ses activités elle commence à s'inquiéter...
Frère de Sergio Corbucci Bruno Corbucci après avoir débuté comme scénariste va se faire connaitre en Italie en tant que réalisateur pour non seulement sa série de polizeschi ayant pour principal personnage l'inspecteur Nico Giraldi qu'interpréta régulièrement Tomas Milian mais également pour ses comédies bien plus paillardes que légères qui occupent une bonne moitié de sa filmographie. Il trafficone réalisé en 1974, fait partie de cette longue liste.
Vincenzo LoRusso est napolitain. Il a émigré à Rome pour trouver du travail. Pour le moment il est marchand de glaces et s'autorise de petits larcins notamment la vente au noir de fausses vestes en daim. Laura, une jolie jeune femme, lui en achète une et l'invite chez elle. Alors qu'ils batifolent sur le lit le mari de Laura rentre à la maison. Afin d'expliquer la présence de Vittorio Laura prétend qu'il l'a violé ce qui excite son époux qui lui fait sans plus tarder l'amour. Laura explique à Vittorio que c'était un prétexte pour que son mari et elle aient des rapport sexuel, ce type de scénario enflammant leur libido. C'est une technique que Laura a lu dans un livre écrit par des experts en sexualité américains. Elle lui prête l'ouvrage.
Vincenzo a soudain une idée. Pourquoi ne pas se faire passer pour un thérapeute. Il s'improvise donc sexologue et ouvre son cabinet qu'il partage avec son acolyte Gennarino. Quelques tracts publicitaires et Vincenzo sous le pseudonyme de Docteur Gaetano D'Angelo commence à recevoir des couples qui ont des soucis conjugaux ou sexuels. Il les conseille et les soigne à sa façon en alliant toujours travail et plaisir. Sa première patiente est une amie de Laura, Virginia, une femme qui depuis la mort de son mari a peur du sexe. Il rencontre également une femme qui reproche à son homme d'avoir un trop petit pénis, un couple qui ne peut faire l'amour que dans des situations extrêmes, une comtesse qui pour
être excitée doit se faire insulter et humilier, une femme qui a du mal à avoir des relations sexuelles avec son rustre de mari, un baron marié amoureux de Valentina, un transgenre... A force de solutionner les problèmes de ses patients et de donner de sa personne pour mettre en pratique ses conseils puisés dans son livre Vincenzo, fatigué, n'a plus vraiment la force de satisfaire les désirs de sa propre femme. Elle décide donc de consulter un spécialiste. Elle tombe sur une annonce vantant les mérites du Dr D'Angelo. Elle va le voir. Quelle n'est pas sa surprise en découvrant que le bon docteur n'est autre que son mari...
Dans les années 70 le cinéma italien adora traiter les bizarreries, déviances, inhibitions et
autres problèmes sexuels de couple qu'il prenait un sournois plaisir à étaler, soigner ou simplement expliquer à travers notamment ses sex mondos plus ou moins poussés mais également via ses comédies qu'elles soient érotiques, dramatiques, érotiques ou simplement populaires. Il trafficone appartient à cette dernière catégorie. Le sujet n'est donc en rien original, il fut traité maintes fois mais il faut avouer que Corbucci a l'art et la manière d'en parler de surcroit sans vulgarité ni obscénité. Il aurait été en effet facile de vite sombrer dans le mauvais gout mais le metteur en scène s'est étonnamment retenu cette fois à l'exception d'une scène de flatulences qui caractérise si bien ses comédies
graveleuses. Il ne faut pas s'attendre non plus à un étalage de scènes sexuelles étranges ou intenses. Corbucci suggère plus qu'il ne montre et préfère l'humour léger à la paillardise. S'ensuit donc une comédie hautement sympathique, drôle, parfois déjantée qui se présente sous la forme d'une suite de segments, de saynètes mettant en scène divers couples qui chacun a ses problèmes intimes que Vincenzo se propose de résoudre grâce à ce livre écrit par deux spécialistes en sexologie américains, Master et Johnson, des solutions qu'il met évidemment en pratique tout en mentant à sa femme qui le croit toujours vendeur de glaces.
Les sketches sont bien sûr inégaux, le moins intéressant (et le plus long également) étant
celui qui a pour principale protagoniste cette veuve qui depuis le décès de son époux a la phobie du sexe. C'est aussi le seul personnage qui revient régulièrement tout au long du film, la pauvre femme se sentant obligée de prendre sans cesse rendez-vous pour pouvoir complètement guérir. Parmi les plus drôles on citera celui interprété par Lino Banfi qui ne peut faire l'amour que dans des situations fort périlleuses (dans une voiture dont le frein est desserré par exemple). C'est devant un doberman enchainé qui ne supporte pas de voir ses maitres faire l'amour que le couple aura des rapports. Et si la chaine se brisait? Très drôle aussi est le moyen préconisé par le livre pour agrandir le sexe trop petit du malheureux
Vincenzo Crocitti (on a mal pour lui) tout comme le flot d'insultes qui clôt le segment de la comtesse, un final en public impensable aujourd'hui mais si jouissif! Quel réalisateur oserait encore faire déclamer à un homme une telle tirade: "Viens ici putain, cochonne. Baisse ta culotte que je te prenne là maintenant de suite"! Amusant est le sketch du mari rustre sans classe (il porte des caleçons d'un autre temps, pisse en levant la jambe comme un chien et ne prête aucune attention à sa femme lorsqu'elle se déshabille). Point étonnant que la jeune femme interprétée par l'allemande Dorit Henke qui quelques mois plus tard sera Doris, une des huit victimes féminines de Salo, n'ait aucune envie de faire l'amour. Le
final n'a rien de très surprenant lais il clôt avec intelligence cette petite bande grivoise très agréable
Il trafficone rythmé par une bande originale signée Ubaldo Continiello qui reprend le célèbre "Il ballo del qua qua" (La danse des canards version italienne) doit également beaucoup à l'interprétation du toujours excellent Carlo Giuffré, foufou mais toujours en retenue, qui n'en fait jamais trop. Outre Vincenzo Crocitti et Lino Banfi il est entouré de très bons acteurs dont Enzo Cannavale (Gennarino), Elio Zamuto et Gianni Agus et de superbes actrices, Marilu Tolo, Tina Aumont, Adriana Asti, la polsellinienne Rita Calderoni, Irina Maleeva sans oublier donc Dorit Henke.
Avec Il trafficone, inédit sous nos cieux, Bruno Corbucci signe une sexy comédie pétulante, divertissante, jamais grossière, que l'amateur prendra plaisir à découvrir.