La febbre americana
Autres titres: La fièvre américaine / American fever
Real: Claudio Giorgi
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 87mn
Acteurs: Mircha Carven, Zora Kerova, Vincenzo Crocitti, Gianni Medici, Jimmy il Fenomeno, Attilio Duse, Angelo Pellegrino, Antonio Maimone, Rick Martino...
Résumé: Tony est pompiste sdans une petite station service. Son plus grand rêve serait de devenir une star de cinéma à l'image de ses idoles Sylvester Stallone et John Travolta. Il doit pour l'instant se contenter d'être doublure dans des petites productions minables. Pour oublier ses déconvenues, Tony aime aller danser a la discothèque locale où il est une des stars de la piste. C'est alors que son patron lui propose de s'associer avec lui. Il refuse l'offre car on vient de lui donner son premier vrai rôle au cinéma dans un film... pornographique! Décu par le milieu, Tony oublie ses rêves et accepte l'offre de son patron...
Toujours à l'affut des succès planétaires du box office international, il n'est guère surprenant que l'Italie ne nous offrit à son tour ses propres versions de La fièvre du samedi soir. C'est ainsi qu'entre la fin des années 70 et le début des années 80 un petit nombre de films musicaux allaient déferler sur nos écrans tentant tous d'imiter les déhanchés fulgurants de John Travolta. Si La febbre americana fut le premier de cette petite liste il serait très certainement le dernier si on les classait par ordre d'intérêt.
Discrètement sorti en France sous le titre La fièvre américaine, La febbre americana réalisé par le metteur en scène-acteur-scénariste Claudio Giorgi à qui on devait déjà une romance simili-trash aussi fade qu'ennuyeuse, Candido erotico, est surement un des plagiats les plus éhontés du film de John Badahm que le 7ème art ait connu. Giorgi ne s'est pas en effet contenté de lui subtiliser son titre mais il en reprend le scénario de façon quasi intégrale qu'il aseptise malheureusement au maximum.
Tout comme chez Badahm, le héros de Giorgi se nomme Tony, un jeune italien qui ne rêve que de gloire et de cinéma mais doit se contenter de jouer les petites doublures dans des films minables que son ami Nino lui dégotte. Tony qui travaille de jour comme pompiste das une petite station service est également la star de la discothèque locale qu'il enflamme le soir. C'est là qu'il fait la connaissance de Lisa dont il tombe amoureux. Tony a pour idole Al Pacino, Sylvester Stallone et bien entendu Travolta dont le poster orne les murs de sa
chambre. Son plus grand rêve serait d'être un jour leur égal et de percer dans ce milieu. Tout ce qu'on lui propose c'est de devenir une star du film porno. Il accepte et refuse l'offre que lui avait fait son patron, devenir son associé et reprendre la station. Déçu dans ses rêves de gloire, il quitte le milieu du porno, abandonne ses ambitions cinématographiques, retrouve Lisa et les pistes de la discothèque.
Si La fièvre américaine fut tourné à Rome et non pas aux Etats-Unis, ce qui ne trompera
d'ailleurs personne, le film tente de reprendre le modèle typique des scénarii et personnages américains. Malheureusement même si l'histoire écrite par Luigi Montefiori (!) semble intéressante du moins sur le papier, Giorgi ne parvient à aucun moment à nous faire nous intéresser à ces jeunes, ces déracinés qui à travers leurs rêves de célébrité essaient d'échapper à non seulement à leurs conditions mais aussi à cette contamination des valeurs américaines sur ces communautés, ici, les italiens, qui souhaitent conserver leurs valeurs dans une société où ils n'ont pas forcément leur place. Badham avec beaucoup de tact et
d'émotion avait su grâce également à une mise en scène intelligente et une interprétation convaincante nous toucher, nous faire aimer ses jeunes protagonistes, nous faire vibrer avec eux au rythme de leurs rêves et surtout nous faire taper du pied au son d'une bande originale indémodable, le moindre qu'on puisse attendre d'un film musical.
Claudio Giorgi de son coté échoue complètement faute d'une absence totale de mise en scène aussi plate que le plat pays que chantait Brel. Si La fièvre du samedi soir captivait notre attention cette fièvre version italienne n'engendre qu'ennui et désolation. On aurait aimé
que l'interprétation relève un tant soit peu le niveau, elle l'enfonce malheureusement encore plus. Que penser de Mircha Carven, bellâtre venu du roman-photo qui restera à jamais associé à son rôle dans Horreur nazies, ce pauvre soldat allemand à qui on retire sournoisement les testicules lors d'une opération qui restera dans les annales de l'euro-trash. Il tente ici désespérément d'imiter Travolta à qui il emprunte bien sûr le costume blanc. Fade, dénué de tout charisme, il flirte le plus souvent avec le comique involontaire. La plupart de ses apparitions donnent envie de pouffer de rire si on est d'humeur bien entendu. C'est
dépité sinon qu'on suivra ses mésaventures et le regardera se muscler dans sa chambre en faisant du micro stretching en slip noir tout en absorbant des tasses d'oeufs et en faisant de l'oeil à Rocky. Si on devait donner un prénom à l'absurdité on l'appellerait Mircha. A ses cotés Vincenzo Crocitti, son pauvre ami impresario, ressemble à un sous Alvaro Vitali et ne parvient jamais à donner une once de crédibilité à son rôle. Le plus désespérant est peut être de voir Zora Kerova dont c'était le tout premier rôle à l'écran si mal mise en valeur. Affublée d'une garde-robe hideuse à l'image de la photographie et des décors, elle n'aura jamais paru si éteinte.
Quant à ce qui aurait du être le clou du film, la bande originale et les séquences de danse, tout est tellement mauvais qu'elles désintègrent le peu d'intérêt qu'aurait pu avoir le film. Le thème principal American fever et les différents morceaux chantés de façon stridente par une quelconque formation de quartier sont très vite stressants. Même les plus indulgents auront du mal à les apprécier et c'est avec une indéfectible certitude qu'on peut affirmer que la désormais célèbre séquence où Gloria Guida chante et se déhanche en boite dans
Infirmière de nuit est un imparable chef d'oeuvre musical comparé à cette soupe disco droite sortie d'un bal de village si on excepte le tube italo-disco "One for you one for me" de La bionda. Si on ne reviendra pas sur les talents de danseur de Mircha Carven qui a la lourdeur d'un éléphant les chorégraphies tout comme les danseurs qui l'entourent sur la piste sont tout bonnement navrants.
Devenu bien difficile à visionner aujourd'hui, La febbre americana reste à ce jour un des plus mauvais ersatz de La fièvre du samedi soir. S'il était pardonnable d'avoir gommer tout contexte social et arrière-plan psychologique, n'avoir pas su retranscrire toute la fièvre des pistes de danse, cette folie musicale qui enivre et anime tous les inconditionnels des night-clubs l'est beaucoup moins puisqu'elle est l'essence même de ce type de films.
Loin très loin de nous enflammer, cette fièvre a tout de celle provoquée par une mouche tsé-tsé!