Karl Zinny: Un si androgyne petit ange!
Si on se souvient surtout de ce jeune acteur pour son rôle dans Démons
qui le fit découvrir du grand public en France, sa carrière étalée sur
prés de vingt ans ne s'est pas cependant pas arrêtée au film de Lamberto Bava
pour qui il tourna régulièrement durant ses jeunes années. Outre
l'horreur Karl a également officié dans bien d'autres genres cinématographiques et surtout excellé dans des rôles très différents bien plus
sérieux et surtout dramatiques. Aussi mineurs furent les personnages qu'il interpréta impossible donc pour l'amateur de cinéma de genre italien ne pas avoir remarqué sa petite frimousse dans toute une palette de films fort divers dont certains restés malheureusement inédits en France. Attardons donc aujourd'hui sur le parcours de ce jeune diablotin que fut le séduisant Karl Zinny.
Né le 12 mars 1964, Karl Zinny est issu d'une famille fort connue dans le monde du 7ème art puisque sa mère n'est autre que l'actrice Victoria Zinny qui avait déjà eu un fils d'une précédente union avec le peintre français Jacques Harvey, Urbano Barberini lui aussi acteur. Remarié au comédien Remore Girone, elle met au monde le petit Karl et lui donne une soeur trois ans plus tard, en 1967, Veronica qui décrochera en 1980 le rôle de l'horrible petite peste de Macabro de Lamberto Bava, sa seule et unique participation au grand écran bien malheureusement.
Vu ses antécédents familiaux, Karl ne pouvait qu'à son tour devenir acteur. Il fait sa toute première apparition au petit écran en 1979 à tout juste 15 ans dans un épisode de la série Racconti di fantascienza avant d'obtenir son tout premier rôle au cinéma l'année suivante grâce à Massimo Pirri qui lui offre la chance d'être au générique du sombre et tragique Eroina / Tunnel. Il incarne Angelo, l'adolescent avec qui Helmut Berger se lie d'amitié avant de mourir dans ses bras d'une overdose. C'est là un rôle difficile pour un film tout autant difficile mais force est de constater que le jeune acteur en herbe s'en tire haut la main.
Sa frimousse d'adolescent fragile, son air androgyne, ne pouvaient passer inaperçus. Karl va alors enchaîner les petits rôles. En 1981, crédité sous le pseudonyme de Karl Diemunch, il est le jeune héros révolté de La désobeissance de Aldo Lado. Karl y confirme ses talents de comédien dans un rôle une fois encore peu évident pour lequel il s'offre aux mains expertes de Theresa Ann-Savoy et Stefania Sandrelli qui feront son éducation érotico-sentimentale dans l'Italie de l'après-guerre. Theresa se souvient de lui comme d'un garçon timide avec qui elle n'eut guère de contact malheureusement lors du tournage.
Il enchaîne avec Pianoforte de Francesca Comencini avec Marie-Christine Barraut avant de se retrouver à l'affiche d'une série Z L'ultimo guerriero, le post nuke de Romolo Guerrieri où il est le jeune frère violeur de la redoutable Marina Costa. Ce film marque alors son entrée dans le monde du cinéma de genre transalpin. En 1985 il décroche un des rôles principaux du désormais célèbre Démons de Lamberto Bava dans lequel il joue d'ailleurs aux cotés de son demi-frère Urbano Barberini.
Lamberto Bava fait de nouveau appel à lui en 1987 pour être un des jeunes héros de son téléfilm d'horreur Una notte al cimitero / L'antichambre de l'enfer / Outretombe avant d'en faire le jeune voyeur handicapé qui fantasme sur Serena Grandi dans son gialloLe foto di Goia / Delirium en 1988. Non crédité au générique ill apparait furtivement dans Opéra de Dario Argento.
Karl va alors quitter le monde de l'horreur à l'italienne et du cinéma de genre de manière générale pour se tourner vers des films plus consistants. C'est dans la dramatique qu'il va alors plus ou moins se spécialiser. Il est dés 1989 à l'affiche du drame historique de Leandro Castellani Don Bosco avec pour partenaires Ben Gazzara et Patsy Kensit. Après un intermède dansant dans l'anecdotique film musical Voglia di rock Karl est au générique du douloureux et magnifique Atto di dolore / Un acte d'amour un film de Pasquale Squitieri inspiré d'un fait divers tragique où il joue aux cotés non seulement de sa mère Victoria mais
surtout de la toujours excellente Claudia Cardinale dont il est le fils héroïnomane et de
Bruno Cremer. Acte d'amour restera un des films les plus marquant de sa carrière un film dont il est fier. Il enchaîne en 1992 avec Il ventre di Maria de Memè Perlini. En 1994 il joue cette fois aux cotés de son père Remore Girone dans Dietro La pianura, un thriller atmosphérique signé Gerardo Fontana. L'année suivante il est un des acteurs du film polonais Vorros colibri / Il colibri rossi.
C'est en 1996, la trentaine passée, après déjà seize années passées devant les caméras que Karl tournera son ultime film Una donna di fuga de Roberto Rocco où il retrouve Ben Gazzara mais côtoie également Gina Lolobridgida et Dalila Di Lazzaro.
Si sa mère tourne toujours, Karl a de son coté préféré se retirer des feux de la rampe et vivre loin des projecteurs. Il ouvrira à la fin des années 90 un piano bar à Rome. Puis il devient DJ avant de fonder la Giacobini, la première agence de Hip hop italienne qui organisera les tournées de bon nombre d'artistes internationaux dont Coolio, De la soul ou encore Warren G. Après avoir ouvert une gigantesque salle de concert en 1998 où se produiront des groupes aussi fameux que les Cranberries il fonde en 2004 la Beat production, une société de spectacles, de concerts et de production de disques dont le succès ne se démentit toujours pas. Karl est un des producteurs et organisateurs d'événements musicaux les plus en vue d'Italie aujourd'hui.
A 60 ans le temps semble ne pas avoir eu d'emprise sur Karl, toujours aussi séduisant et élégant, la beauté de la maturité en plus comme ses fans ont pu le constater récemment puisqu'en 2013 Karl est brièvement réapparu sur les écrans le temps d'endosser la soutane du Père Fabio dans La festa, un thriller signé de Simone Scafidi.