Mircha Carven: les mystères d'une joyeuse imposture
S'il fut une des stars éphémères du cinéma de genre transalpin, il fut également une des stars du roman-photo à l'italienne qui fit rêver bien des lectrices au fil de ses aventures aussi dramatiques que romantiques. Au delà de l'image du parfait séducteur, c'est surtout le mystère et son apparente filiation avec une des plus grandes stars hollywoodiennes qui fit sa renommée. Il n'en fallait pas plus que pour le Maniaco ouvre son grand livre à la lettre M afin d'y écrire le parcours de l'élégant Mircha Carven.
Né à Bucarest le 18 mai 1950, si Mircha va trés tôt faire parler de lui c'est surtout de manière plutôt étonnante. Il semblerait en effet que le jeune homme soit le fruit de la liaison que Clark Gable aurait eu avec une jeune femme d'origine roumaine. En 1977 lors d'une interview qu'il donna pour une revue, Mircha déclara que sa mère, Costanza, une écrivain, avait connu Clark sur la Côte d'azur. Tombée enceinte, elle ne l'avoua jamais à la star qui repartit pour Hollywood sans jamais savoir qu'il avait eu un fils de cette brève amourette. Le seul fils reconnu que Clark eut est John Gable et c'est étrangement sous ce nom que Mircha fit ses débuts en tant que comédien de romans-photos. Mircha aurait été mis au courant de ses véritables origines en 1960 lors de la mort de l'acteur alors qu'il n'avait que neuf ans.
Si ce lien de paternité ne sera jamais prouvé, la ressemblance est quant à elle frappante tant et si bien qu'aujourd'hui encore l'ombre du doute plane encore. Étonnant sosie ou véritable filiation cela va quoiqu'il en soit aider Mircha à faire rapidement son entrée dans le milieu artistique.
C'est en effet en 1962 à l'âge de 12 ans qu'il fait sa première apparition sur les écrans dans Une famille explosive de Fernando Palacios dans lequel il est un des fils de Alberto Closas. Il reprendra ce rôle dans la séquelle du film La familia... y uno mas trois ans plus tard. Malgré son insolente beauté et son charme de play-boy Mircha n'accédera cependant jamais à cette gloire tant recherchée puisqu'il devra se contenter de rôles de second plan dans une petite poignée de films. En 1969, on l'aperçoit dans le western de Richard Quine A talent for loving. Il reste un temps en Amérique où il participe le temps d'une brève apparition au Plaisir des dames aux cotés de Virna Lisi, David Niven et Robert Vaughn. C'est en Italie que par la suite Mircha tournera désormais le plus. Installé à Rome, on le repère toujours aussi subrepticement dans Bluff de Sergio Corbucci puis tout aussi brièvement dans la peau d'un jeune inspecteur de police dans La moglie Giovane de Giovanni D'Eramo aux cotés de Marisa Mell et La cage dorée de et avec Ugo Tognazzi.
C'est en 1976 qu'il ajoute une nouvelle corde à son arc, le roman photo. De 1976 à 1978, Mircha sous le nom de scène de John Gable va en effet être une des stars du genre en travaillant pour la plus grande maison d'édition italienne de romans-photos, la Lancio. Il sera le héros de pas moins 44 histoires dont trois comme principal protagoniste.
En 1976 également il tourne un des films qui le popularisera auprès d'un public plus ciblé puisqu'il fait son entrée dans le cinéma de genre transalpin avec le fameux Horreurs nazies de Sergio Garrone. Il y interprète un des rôles masculins principaux Helmut, le malheureux mais sexuellement fort performant soldat allemand amoureux de Paola Corazzi à qui on enlèvera à son insu les testicules afin de les greffer sur un officier SS.
Il enchaîne en 1978 avec le film de Liliana Cavani Au delà du bien et du mal avant une parenthèse française en apparaissant le temps d'un épisode dans la série française Sam et Sally. Toujours cette même année, il est pour la première fois le protagoniste principal d'un film, celui de Claudio De Molinis, Candido erotico, un mélodrame érotique trop sage et plutôt ennuyeux qui rate son objectif principal. Il y incarne Carlo un strip-teaseur perturbé qui vit de sex-shows, amoureux transi de la lumineuse Lilli Carati qu'il ne peut sexuellement satisfaire. Bien peu expressif, Mircha prouve qu'il est loin d'être un grand acteur et ne demeurent que quelques jolies scènes et les quelques visions de Mircha en string ficelle qui réjouiront un certain public.
En 1979 il obtient son deuxième grand rôle dans La febbre americana / American fever, plat démarquage de La fièvre du samedi soir dans lequel Mircha tente d'imiter John Travolta tandis qu'il virevolte et courtise sa partenaire Zora Kerowa. Zora se souvient de Mircha comme de quelqu'un au caractère assez étrange, pas forcément évident. Le jeune homme manquait en effet beaucoup d'assurance et de confiance en lui. Il devait sans cesse être rassuré.
Ce sera pour Mircha son ultime grand rôle au cinéma. Il apparait furtivement en 1982 à l'affiche de Uno di troppo puis il mettra un terme définitif à sa carrière de comédien. Mircha quittera l'Italie pour repartir vivre en Amérique. Il n'a plus jamais donné de nouvelles, l'énigmatique fils de Clark Gable semble s'être évaporé.
Outre sa carrière de comédien et de modèle pour roman-photo, Mircha s'est également adonné un temps à la chanson. S'il avait déjà interprété la chanson-thème de Candido erotico, Mircha a aussi sorti en Italie un disque de variété.