Fuga dal paradiso
Autres titres: La fuite au paradis / Flight from paradise
Réal: Ettore Pasculli
Année: 1990
Origine: Italie / France/ Allemagne
Genre: Post nuke
Durée: 102mn
Acteurs: Fabrice Josso, Inès Sastre, Horst Buchholz, Aurore Clément, Jacques Perrin, Van Johnson, Paolo Bonacelli, Giovanni Visentin, Lukas Ammann, Lou Castel, Barbara Cupisti, Olivia Ancker, Umberto Conte, Daniela Giordano, Greta Vayan, Bobby Rhodes, Elisabetta De Palo, Vernon Dobtcheff, Anthea Kearley, Marit Nissen, Donald O'Brien, Petra Reinhardt, Sergio Tedesco, Hermann Weiskopf, Giovanni Di Benedetto, Niels Gullov...
Résumé: Après l'Holocauste nucléaire la terre n'est plus qu'un vaste désert enfumé. Les hommes vivent désormais sous terre dans un complexe nommé le Paradis. Ils ne communiquent que par écrans interposés. Un jour deux adolescents décident d'ouvrir un étrange médaillon qui appartient au père de l'un deux. Il contient un mini disque où ont été enregistrées les raisons qui ont amené à la destruction de notre planète. Ils s'enfuient du Paradis pour remonter à la surface de la Terre, ce qui est strictement interdit. Ils découvrent un monde en ruines dans lequel vivent des hordes de mutants mais ils découvrent aussi qu'on leur a menti: le monde extérieur n'est pas toxique et la vie pourrait reprendre...
Pour son troisième film le jeune réalisateur calabrais Ettore Pasculli a choisi un sous genre du cinéma Bis qui dans les années 80 connut un succès éphémère suite au triomphe international de Mad Max 2, le post nuke. Et Dieu seul sait que les italiens, avec seulement quelques lires en poche, s'en donnèrent à coeur joie pour copier le film de George Miller, pour le meilleur (2019 après la chute de New-York, Les nouveaux barbares...) comme pour le pire (2020 Texas gladiators, Rush, Le chevalier du monde perdu...). Bien des années après que cette branche se soit gentiment éteinte voilà donc que Pasculli le ressuscite et il
faut avouer que les craintes qu'on pouvait avoir en découvrant l'existence de cette coproduction franco-italo-germanique post-apocalyptique s'envolent très vite. Fuga dal paradiso est une agréable surprise.
Sur un navire échoué sur une plage un vieil homme raconte à un enfant la légende qui accompagne le médaillon qu'il vient juste de trouver. Grâce à ce médaillon la vie serait revenue sur Terre après l'Holocauste nucléaire. En voici l'histoire.
Dans un monde post-apocalyptique deux adolescents, Théo et Beatrice, vivent sous terre dans un complexe appelé Paradis, un monde artificiel géré de manière drastique par
l'implacable Thor, un conseil humain et des ordinateurs, l'ensemble est maintenu par tout un appareillage électronique. Chaque famille vit en autarcie et communique par le biais d'un écran. Nul n'a le droit de sortir du complexe pour rejoindre la surface de la terre. Personne ne sait d'ailleurs ce qu'il y a vraiment au dessus d'eux si ce n'est ce que Thor leur a révélé c'est à dire un monde toxique et radio-actif où il est impossible de survivre. Théo a toujours été intrigué par un médaillon qui appartient à son père. Un jour en son absence il le dérobe et l'ouvre. Il contient un mini disque sur lequel à été enregistré les évènements qui ont conduit à la destruction de notre planète. Le médaillon permet aussi de sortir du complexe.
Les deux adolescents partent à la découverte du monde extérieur, une décision qui leur permet aussi de vivre enfin une vraie relation amoureuse. Certains qu'ils vont mourir leurs parents avertissent Thor de leur fuite. Thor et ses hommes se mettent à leur recherche mais les deux adolescents sont déjà dehors. Ils découvrent un monde en ruines où vivent des hordes de mutants féroces devenus cannibales. Ces mutants sont eux-mêmes inlassablement chassés par une peuplade souterraine. Thor retrouvent les deux fuyards alors qu'ils venaient d'être faits prisonniers par les mutants qu'il détruit au lance-flamme. Théo et Beatrice comprennent qu'on leur a toujours menti afin de les retenir dans un monde
artificiel, loin de ces pauvres humains devenus de piteuses créatures. Le monde extérieur n'est pas toxique et la vie pourrait revenir. Théo gagne la confiance des mutants et devient leur chef. Ils sont bien décidés à reconstruire une nouvelle terre, faire revivre l'humanité. Ils parviennent à tuer Thor et embarquent sur un vieux navire pour un nouveau monde.
Produit par la RAI Fuga dal paradiso aurait pu ressembler à un banal téléfilm de science-fiction. C'est d'ailleurs l'impression que peuvent donner les premières images. Il faut simplement être un tout petit peu patient pour que le film décolle, prenne une toute autre dimension, en fait à partir de la fuite des deux adolescents de ce monde artificiel dans
lesquels les hommes vivent confinés, pour se transformer en un surprenant petit post nuke. Fuga dal paradiso est tout simplement une fable futuriste, un joli conte pour enfants qui assez rapidement prend la forme d'un conte pour adultes de par la violence de certaines scènes et certains thèmes abordés.
Comme dans toute fable il y a un vieux conteur qui narre à un enfant la légende du fameux médaillon et nous suivons avec lui cette histoire qui s'inspire visiblement de quelques classiques. On songe notamment à Apocalypse 2024 (pour le chien, le monde souterrain et le cannibalisme), on pense à 2019 après la chute de New-York (pour la population brulée
au lance-flamme et la tenue des hommes de Thor), à des oeuvres plus récentes comme Hardware, Mad Max 3 (les combats suspendus au bout de sangles et harnais) et même Short-circuit (le robot de Théo) ainsi qu'à une revisitation de l'Arche de Noé pour la quête que s'est fixé Théo, reconstruire un nouveau monde en embarquant les survivants de l'Holocauste sur un immense bateau, le vieil homme ou narrateur pouvant être assimilé à Noé d'autant plus qu'il s'agit de Théo des décennies bien plus tard. Cette référence biblique se retrouve bien sûr dans le titre qui pointe du doigt ce monde artificiel considéré comme paradisiaque.
Reconnaissons à Pasculli le fait d'avoir su créer une histoire qui tient debout, intéressante du début à la fin et surtout assez réaliste dans son esthétique. Exit les habituels terrains vagues romains qui servaient habituellement de décor aux post nukes transalpins le cinéaste a planté ses caméras dans les montagnes grisâtres et désertiques des iles Canaries, à Lanzarote, plongées dans une brume qui jamais ne se dissipe. L'illusion est parfaite. Quant aux villes en ruines, les tunnels jonchés de fils et tuyaux entremêlés et autres labyrinthes souterrains plutôt impressionnants c'est à Madrid, dans des usines désaffectées, que Pasculli a filmé troupes, mercenaires et meutes de mutants farouches.
L'ensemble fonctionne d'autant mieux que l'action est omniprésente. Aucun temps mort, il n'y a pas de risque de s'ennuyer et c'est même par instant surpris qu'on découvre ce que Pasculli nous réserve. Ce qu'on pouvait prendre pour un gentil film familial n'hésite pas user de violence voire de cruauté notamment lors de l'extermination des mutants au lance flamme durant laquelle même le petit chien trouvera la mort. Pas de pitié pas même pour nos amis à quatre pattes cette fois.
Un des autres gros atouts du film, outre son intéressante partition musicale signée Michel Legrand, est son interprétation et sa distribution. Pasculli a fait appel à une jolie brochette
d'acteurs internationaux qu'on aura plaisir à retrouver. Aucun ne surjoue ou ne cabotine, aussi bref soit leur rôle, contrairement à de nombreux autres films italiens du genre. On savourera ainsi la présence du grand Paolo Bonacelli (l'inoubliable Duc de Salo qui ici joue le chef des mutants), Vernon Dobtcheff, Horst Bucholz (Thor), Jacques Perrin, Bobby Rhodes, Aurore Clément, Barbara Cupisiti, Lou Castel, Donald O'Brien, Greta Vayan ou encore Daniela Giordano. Mais c'est surtout sur la fraicheur et l'interprétation convaincante du jeune duo que forment Fabrice Josso et Inès Sastres que repose en grande partie le film. Tout deux sont parfaits dans les rôles de Théo et Beatrice et apportent beaucoup au
film. On se souvient surtout de Fabrice Josso enfant pour sa composition dans la série Rémi sans famille. Devenu adolescent il tourna quelques temps en Italie (il fut un jeune et insatiable Don Juan dans L'iniziazione / Les aventures sexuelles d'un jeune Don Juan dont on retiendra surtout la fessée cul nu qu'il se prend devant toute sa famille pour avoir voulu trousser une domestique) avant de devenir une des voix les plus connues dans l'univers du doublage français.
Sorti discrètement dans les salles françaises durant l'hiver 1991, juste avant Noël, sous le
titre La fuite au paradis (traduction ratée du titre original qui signifie la fuite DU paradis, bien plus logique au vu de l'intrigue) Fuga dal paradiso n'obtint pas le succès escompté et disparut très vite des écrans avant de sombrer dans l'oubli. Voilà qui est bien dommage car cette fable post-apocalyptique est une agréable découverte qui certes ne révolutionne en rien le genre mais atteint son but, divertir et donner satisfaction aux amateurs d'un cinéma qui depuis le milieu des années 80 n'avait plus vraiment fait parler de lui du moins en bien. Aujourd'hui oublié de tous Fuga dal paradiso mériterait amplement d'être sorti des tiroirs où il croupit, dépoussiéré et édité en galette numérique afin d'être découvert du grand public.