L'iniziazione
Autres titres: Les exploits d'un jeune Don Juan / Exploits of a young Don Juan
Real: Gianfranco Mingozzi
Année: 1986
Origine: France / Italie
Genre: Erotique
Durée: 96mn
Acteurs: Fabrice Josso, Serena Grandi, Marina Vlady, Claudine Auger, François Perrot, Aurélien Recoing, Rosette, Laurent Spielvogel, Alexandra Vandernoot, Marion Peterson, Virginie Ledoyen, Rufus, Bérangère Bonvoisin, Yves Lambrecht, Daniel Langlet, Jean-Claude Frissung, Josy Rosier, Patrick Houpert, Eric Kailey, Caroline Finnaert...
Résumé: Roger, 16 ans, fils d'aristocrates, vient passer ses vacances d'été au domaine de ses parents. Dés son arrivée, il est ébloui par la beauté des domestiques mais également de sa tante, sa soeur ainée et la professeur d'anglais de sa soeur cadette. L'adolescent en proie aux tourments du sexe n'a qu'un souhait: perdre sa virginité le plus vite possible durant cet été d'autant plus qu'il découvre abasourdi les ébats interdits du personnel et des servantes lorsqu'il n'espionne ses parents par la serrure de leur chambre. Lorsque les hommes quittent le château pour partir à la guerre, l'adolescent est désormais le seul mâle sur qui la gent féminine pourra compter pour satisfaire ses envies sexuelles. C'est avec Ursule qu'il s'initie au plaisir du sexe. Suite à ce dépucelage en bonne et due forme, Roger devient expert en la matière, un véritable Don Juan qui va engrosser toutes les femmes du domaine y comprises sa soeur et sa tante.
Adaptation du roman d'Apollinaire, Les exploits d'un jeune Don Juan, L'iniziazione ne méritait certainement pas l'accueil glacé qu'il reçut tant en Italie que chez nous. Distribué en France dans la plus totale indifférence durant l'été 1987, le film de Giancarlo Mingozzi fait partie de ces grivoiseries champêtres dont l'Italie avait alors le secret qui prenaient comme base de départ, l'initiation sexuelle et amoureuse d'un jeune puceau en proie aux premiers tourments de la chair, source de bien de petits chef d'oeuvres égrillards souvent osés mais pleins de fraicheur dont Salvatore Samperi (Grazie zia, Malizia ) et Massimo Dallamano (Les tourments de l'innocence) entre autres en furent les spécialistes.
Roger, 16 ans, vient passer ses vacances d'été au domaine de ses parents situé en pleine campagne. Si l'ombre de la première guerre mondiale plane, Roger a bien d'autres soucis en tête que l'éminente invasion allemande. Entouré de très jolies femmes dont sa tante et sa soeur ainée et d'affriolantes domestiques Roger, affolé par toutes ces créatures affriolantes, n'a qu'un désir: perdre sa virginité. En espionnant ses parents mais également les servantes et le personnel du domaine, il découvre ce qu'il ne soupçonnait pas: la beauté et les plaisirs
du sexe. Garçon gauche et timide au départ, Roger va très vite prendre de l'aplomb, affronter sa mère très à cheval sur les convenances et connaitre ses premières expériences sexuelles. Les hommes partis à la guerre, l'adolescent reste seul au domaine avec toutes ces femmes qui ne demandent qu'à jouir de ses prouesses. Il va les engrosser les unes après les autres, sa soeur et sa tante comprises!
Spécialisé dans le documentaire, auteur pour le cinéma d'un percutant Flavia la défroquée,
Alfredo Mingozzi adapte ici un des récits coquins de Apollinaire en ayant bien pris soin de ne jamais tomber dans la vulgarité et la complaisance tout en évitant néanmoins de trop éluder le sel même de l'histoire, à savoir les nombreuses fornications de cet adolescent rapidement passé maitre dans l'art de trousser ces gentes demoiselles. En découle un film d'une étonnante fraicheur, une comédie pleine de charme arrosée d'un humour certes salace mais toujours bon enfant où l'oeil du spectateur se substitue très volontiers à celui de ce Don Juan en culottes plus si courtes que ça.
Filmé dans les magnifiques décors boisés du château de Béhoust sous un magnifique soleil estival, superbement mis en valeur par la sublime photographie de Luigi Verga, Les exploits d'un jeune Don Juan est un véritable petit poème aussi champêtre que polisson tout à la fois comique, érotique et gentiment trivial qui met en avant l'éveil des sens mais également la tentation, de plus en plus forte, quasi irrésistible. On découvre le plaisir du sexe, on en joue, on en rit dans l'allégresse générale, avec un plaisir communicatif
saupoudré par instant d'une pointe d'audace bienvenue et de sans gêne joliment incongru (l'érection de l'adolescent sous le drap du lit ou projetée en ombre chinoise contre le mur, Mme Muller qui innocemment urine debout sous un arbre face au jeune homme abasourdi). Mise en scène avec une extraordinaire élégance, cette revisitation de Apollinaire pourra peut être décevoir ceux qui en attendaient une succession de séquences plus grivoises les unes que les autres, multipliant les plans de nudité. Mingozzi leur préfère en effet l'ellipse, le
suggéré. Il les évite astucieusement en ayant recours à de savants hors champs, en suggérant plus qu'en montrant. Loin d'être frustrant, voilà qui fait jouer l'imagination du spectateur, décuplant ainsi l'impact des situations quant à elles parfaitement audacieuses. L'adolescent mettra tout de même sa propre soeur et sa tante enceintes après les avoir monté avec leur bénédiction! Il faut d'ailleurs préciser que Mingozzi évita de traiter certains sujets du roman d'Apollinaire jugés trop amoraux ou morbides dont l'inceste qu'il ne fait ici qu'évoquer, un choix certes respectable mais qui en d'autres temps auraient fait la part belle du film.
Voilà une fresque bien agréable et raffinée sur le libertinage, légère, inoffensive, exempte de toute morbidité, chose rare dans ce type de cinéma italien, qui parallèlement traite de manière assez superficielle de l'inutilité de la guerre et fustige surtout les convenances bourgeoises, un thème là encore cher à Apollinaire qui n'hésite pas à faire non seulement cohabiter l'aristocratie et la plèbe mais la fait aussi copuler ensemble sans aucune retenue.
Les exploits d'un jeun Don Juan bénéficie en outre d'une excellente distribution, enjouée,
gracieuse, au jeu très souvent subtil et fort juste qui contribue beaucoup à la réussite de l'ensemble. De Marina Vlady à Claudine Auger en passant par François Perrot, Rufus (hilarant dans la soutane du prêtre), Alexandra Vandernoot à ses débuts et O surprise Virginie Ledoyen alors âgée de 10 ans (merveilleuse dans le rôle de la petite soeur) sans oublier la généreuse Serena Grandi qui trouve là une de ses plus délicieuses compositions, tous apportent au film leur talent et leur insouciance, celle d'un été aussi chaud qu'inoubliable contrairement à la prestation de Fabrice Josso dans les culottes de ce Don
Juan en herbe, véritable point faible de cette ode à la légèreté de l'être. Gauche, benêt, limité dans son jeu d'acteur, irritant à force de grimacer tel un niais, Fabrice Josso restera très certainement une erreur de casting mais surtout un des plus mauvais lolito de l'histoire du cinéma érotique italien. S'il fit pleurer la France quelques années plus tôt en incarnant Rémy dans le feuilleton Rémy dans famille c'est ici de dépit qu'il fera pleurer le spectateur qui cependant se réjouira d'une bien excitante scène: celle où il reçoit humiliante fessée déculottée au beau milieu du salon face à la famille et aux domestiques, un must pour tous
les amateurs de châtiments corporels à l'ancienne avec baisse de slip. Outre cette étourdissante séquence, on gardera en tête celle où, nu, il sort de la rivière pour mieux se glisser sous les jupons de la professeur d'anglais. Véritable point faible de cette douceur friponne et libertine, Fabrice continuera d'apparaitre par la suite dans quelques petites productions françaises juvéniles (Les nouveaux tricheurs) avant de s'orienter essentiellement vers la sitcom, les séries télévisées et surtout le doublage dont il est désormais un des chefs de file depuis bien des années.
S'il passa inaperçu en France, Les exploits d'un jeune Don Juan fut aussi un échec en Italie, un four que Serena Grandi explique aujourd'hui par le fait que le film n'était pas assez érotique encore moins osé. Le public n'a que faire d'Apollinaire, il veut du nu et voir Serena nue disait elle lors d'une interview donnée il y a quelques années. Voilà une injustice guère réparée par l'absence d'édition DVD si ce n'est celle italienne sortie il y a quelques années. Ce joli tableau campagnard libertin mérite aujourd'hui d'être redécouvert et réhabilité afin de retrouver sa juste place parmi les meilleures comédies égrillardes italiennes.