The torturer
Autres titres: Il torturatore
Réal: Lamberto Bava
Année: 2005
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 94mn
Acteurs: Maria Blanco-Fafian, Elena Bouryka, Carla Cassola, Simone Corrente, Valeria Cramerotti, Emilio De Marchi, Martina Micozzi, Eleonora Sannibale...
Résumé: Des jeunes filles venues auditionner pour une pièce sont torturées de manière barbare puis exécutées par un psychopathe, l'homme qui justement les auditionne. Ginette, une étudiante venue passer le casting, mène l'enquête après que sa meilleure amie ait disparu après s'y être présentée. Ginette s'éprend d'Alex, le metteur en scène, qui de jour en jour devient de plus en plus étrange. Les auditions se déroulant dans sa villa serait-il le tueur?
Après s'être essentiellement consacré à l'horreur tout au long des années 80 Lamberto Bava a par la suite beaucoup travaillé pour la télévision avec notamment deux séries de qualité Brivido giallo et Alta tensione composées de téléfilms à mi chemin entre le giallo et l'horreur. C'est vers le merveilleux, les fables et légendes qu'il s'oriente ensuite, un changement radical de ton, puisqu'il signe notamment La caverne de la rose d'or, Desideria le prince rebelle, La princesse et le pauvre ou encore La légende d'Aliséa. Moins productif à l'aube des années 2000 il revient cependant en force en 2005 avec un film
d'horreur choc qui devait signer son grand retour au cinéma, un retour manqué vu l'indigence de ce produit qui le plus souvent frise la plus totale absurdité.
Une jeune actrice, Ginette Cazzoni, se présente à une audition pour décrocher un des rôles principaux dans la nouvelle pièce du jeune metteur en scène Alex Scerba. Comme la plupart de ses partenaires elle a vu l'annonce sur internet. A la fin de l'audition Ginette obtient un rendez-vous galant avec Alex et tout deux passent la nuit ensemble. Le lendemain elle fait connaissance avec sa mère Carla, qui souffre de troubles mentaux, et de son beau-père, Moscale, qui lui a transmis sa passion pour le théâtre. Quelque chose trouble cependant
Ginette. Sur la scène des auditions elle a trouvé une paire de boucle d'oreille semblable à celles que portait son amie qui depuis a disparu. Alors que le comportement d'Alex devient de plus en plus étrange Ginette décide d'enquêter discrètement. Pendant ce temps un maniaque tue toutes les filles qui se présentent à l'audition. Il les torture de la manière la plus sadique que possible afin de trouver l'actrice parfaite qui pourrait reproduire de façon la plus réaliste possible l'agonie et la souffrance. Les auditions se déroulant dans une pièce secrète de la villa d'Alex, le jeune metteur en scène est-il le psychopathe? Ginette découvrira la vérité lors d'une terrible nuit d'orage...
Le début des années 2000 fut marqué d'une part par le succès de Saw et de ses séquelles, d'autre part par l'arrivée les effets de synthèse. Lamberto Bava a semble t-il voulu concilier les deux pour le meilleur et surtout ici le pire. Il torturatore plus connu sous son titre international The torturer est surement un de ses plus mauvais films, un des plus risibles surtout malgré un début assez prometteur. La séquence d'ouverture donnait en effet envie. Dans une pièce glauque un maniaque torture une jeune fille attachée sur une table d'opération. Avant de lui bruler la cuisse au chalumeau il lui arrache les seins à l'aide de crochets de boucherie dans un déferlement de hurlements. La musique semblable à des
coups de marteau est assourdissante, l'image est nerveuse et saccadée. On retrouve tous les tics du cinéma de l'époque et ce, tout au long du film. On aime ou non. Là n'est pas le problème. Le vrai gros défaut du film c'est surtout et avant tout son scénario, une vraie tranche de gruyère qui prête plus à sourire qu'à trembler de peur. Très difficile voire impossible de croire à cette histoire abracadabrante qui à aucun moment ne tient debout. Nous avons d'un coté un tueur sadique dont l'identité n'est plus un mystère au bout de vingt minutes. Hormis les jeunes filles et Ginette il n'y a quasiment aucun autre personnage. Ne reste en lice que deux suspects. La silhouette massive du meurtrier nous donne vite la
réponse même si Bava tente désespérément de brouiller les pistes. A défaut de suspens on pourra compter les incohérences, les invraisemblances et les trous d'un scénario qui prend l'eau de partout. De quoi souffre Carla, quel est le traumatisme d'enfance exact d'Alex et comment expliquer ses visions (la voiturette qu'il revoit sans cesse)? Autant de questions qui restent sans réponse et ne servent en rien à l'intrigue si ce n'est à donner un semblant d'épaisseur au récit en le rendant faussement complexe. On devine une esquisse d'explication mais tout est si mal amené qu'elle est en devient franchement absurde. Doit-on parler des pseudos actrices venues auditionner, toutes plus idiotes les unes que les
autres? Impossible là encore de croire une seule seconde que des personnes un tant soit peu sensées acceptent de faire ce que le mystérieux metteur en scène leur demande sans se poser de question ni même sourciller encore moins être effrayées ou tenter de s'échapper de la villa! On est tellement au delà de la bêtise que l'effet peur s'estompe quasi instantanément pour faire place au rire. Quant au final il tombe totalement à plat. La révélation de l'assassin n'est donc en rien une surprise. Quant à ses motivations il n'en a pas vraiment. Un tel sadisme pour le simple plaisir de tuer semble être l'explication retenue par Bava. Tout ça pour ça voilà qui vous rend encore plus amer et qui doit rendre également
très amère notre Ginette qui pendant plus de 30 minutes aura déambulé dans la villa pour rien si ce n'est pour que le film atteignent tant bien que mal les 90 minutes réglementaires. Ses errances dans la maison sentent en effet le remplissage puisque à part aller d'une pièce à une autre elle ne fait rien d'autre, le bel Alex ayant lui soudainement disparu de l'histoire pour réapparaitre lors du final. Coucou me revoilou!
Que reste t-il donc au crédit de The torturer? Comme très souvent chez Bava une superbe photographie qui sait mettre en valeur un décor inquiétant ainsi que la villa des Scerba qui se dresse dans la nuit sous une pluie incessante pluie battante. Les amateurs de gore
apprécieront ce déluge d'effets sanguinolents d'une barbarie rarement vue dans le cinéma italien même si 90% d'entre eux sont des images de synthèse pas toujours très convaincantes. L'érotisme plutôt pointu se veut assez brutal mais on a vu bien plus osé par le passé. Cela pourra sans doute émoustiller les sens de quelques nostalgiques. Voilà qui est malheureusement trop peu pour sauver The torturer du naufrage.
C'est bien dommage car reconnaissons que Bava tenait entre ses mains un scénario intéressant. Le thème des snuff movies, des porn snuff, est toujours passionnant et donna en son temps quelques petites perles mais le sujet est ici traité avec une telle indigence
qu'il en perd toute son horrifiante aura peu aidé par une mise en scène mollassonne très télévisée et des dialogues qui frisent l'absurdité. En voulant combler le vide du scénario (pourtant écrit par Luciano Martino et Dardano Sacchetti) par une avalanche d'effets gore (quasiment 75% du métrage) il ne fait que renforcer cette impression de vide flagrant. Mélanger sexe et violence brute ne suffit pas à faire un bon film même s'il s'inscrit dans l'ère du temps. L'interprétation est à l'image de la pellicule, fade et sans relief. La russe Elena Buryka dont c'était le tout premier rôle est belle mais totalement transparente dans le rôle de la brave Ginette (il fallait oser un tel prénom). Le divin Simone Corrente a tout du
ténébreux latin lover mais son jeu est inversement proportionnelle à sa beauté. On admirera fort heureusement son superbe corps uniquement vêtu d'une serviette qui très brièvement laisse entrevoir (pour ceux qui comme nous ont l'oeil à exactement 16mn13sec) une testicule (ou son pénis?) qui pendouille lorsqu'il fait l'amour à Ginette. Carla Cassola n'a d'effrayant que le visage et son personnage sombre vite dans le ridicule fini mais ce n'est rien comparé à Emilio De Marchi dont le rôle est purement désastreux. Pour le reste on a une jolie brochette de sexy starlettes particulièrement nunuches qui se dévêtissent facilement pour être auditionnées et vite passer de vie à trépas. De quoi flatter l'oeil des petits vicieux.
Pour son grand retour au cinéma Lamberto Bava rate carrément le coche et échoue lamentablement là où il pouvait donner naissance à un petit bijou porn stuff version années 2000. Reste une pellicule érotico-gore qui parvient à retenir l'attention uniquement grâce à ses tortures raffinées et quelques corps dénudés. La même année Ettore pasculli sortait Occhi di cristallo qui jouait lui aussi avec les nouvelles technologies et les effets sanglants. Entre les deux il n'y a pas photo même si le giallo de Pasculli était loin d'être parfait.