Razza violenta
Autres titres: La race des violents / The violent breed
Real: Fernando Di Leo
Année: 1984
Origine: Italie
Genre: Action / Aventures / Guerre
Durée: 87mn
Acteurs: Harrison Muller Jr, Woody Strode, Henry Silva, Claudia Rocchi, Carole André, Danika Laloggia, Ettore Lo Vecchio, Sergio Bazzocchi, Sergio Doria, Maurizio Mattioli, Franco Beltramme, Pietro Angelo Pozzato, Agostino Crisafulli, Ettore Geri, Bruno Di Luia, Franco Garofalo, Adrian Jeffries...
Résumé: Un petit groupe d'hommes appartenant à la CIA doit délivrer des enfants retenus prisonniers dan,s la jungle vietnamienne par un bastion communiste. La mission accomplie, les survivants, Cooper, Mike et Polo, s'apprêtent à regagner les USA lorsque Polo décide de rester sur place. En fait polo vend des armes au Cambodgiens pour qu'ils luttent contre les vietnamiens soutenus par la Chine. Avec l'argent que lui rapporte ces ventes il achète de la drogue qu'il revend à la mafia qui la fait passer en contrebande aux USA. Cooper demande à Mike de retourner sur place afin de rencontrer Polo...
Dans les années 80 le cinéma de genre italien est à l'agonie. Il n'en finit plus de mourir tentant désespérément de rebondir dans un ultime souffle afin de satisfaire avant tout les demandes du marché étranger. Les temps sont durs tant pour les producteurs que les réalisateurs qui pour survivre doivent se tourner vers des productions au rabais qui puisent essentiellement leur inspiration dans ces grosses machines internationales que sont Rambo et Mad Max. La Rambosploitation et le cinéma post-apocalyptique sont donc un temps à l'honneur et représentent l'ultime bastion d'un cinéma populaire moribond.
C'est la Rambosploitation que Fernando Di Leo, un des maitres du polar mafieux, choisit après deux ans d'inactivité pour dit-il tuer le temps. Diriger Razza violenta lui fut imposé ainsi que le médiocre producteur Ettore Spagnuolo et le scénariste Nino Marino qui tenta en vain de retoucher le scénario qu'il avait concocté, remanié par le producteur qui refusa tout changement. Impuissant il vit son histoire banalisée au maximum. Di Leo ne put apporter aucun changement lors du tournage et dut se plier aux exigences du producteur et des distributeurs étrangers qui ne souhaitaient qu'une chose: action, explosions et assauts en tout genre au détriment de toute logique et vraisemblance. A ce niveau le résultat est une véritable réussite.
L'ouverture du film nous entraine dans les forêts vietnamiennes où un groupe d'enfants a été kidnappé par un bastion communiste. Le gouvernement américain engage cinq agents de la CIA transformés pour la cause en mercenaires aussi rusés qu'efficaces puisqu'en quelques minutes sous la houlette de Cooper ils parviennent à délivrer les enfants et à décimer une impressionnante armée composée de cinq malheureux soldats. Leur mission terminée, un des mercenaires, Polo, décide de rester sur place en sommant ses compagnons de rentrer en Amérique. En fait Polo achète des armes au K.G.B et les revend ensuite au Cambodge. Avec l'argent qu'il en tire Polo achète de la drogue que la mafia lui achète pour la passer en contrebande aux USA. Afin de mettre un terme à ses activités la CIA demande à Cooper d'envoyer un de ses agents, Mike, quelque part en Asie, pour être plus précis sur un vaste territoire compris entre les frontières indéfinies du Laos, du Cambodge et de la Thaïlande. Il devra porter un message dont il ignore plus ou moins le contenu à Polo. Arrivé sur place, Mike fait la connaissance d'une perfide jeune américaine nommée Sharon Morris, une traitresse à la solde de Polo chargée d'éliminer Mike qui ne se doute bien sûr de rien. Il doit prendre contact avec une certaine Madame Fra, une vieille tenancière de bordel installée en pleine jungle dont la réputation n'est plus à faire notamment pour Polo et ses hommes. Elle indique à Mike la manière de se rendre au camp de Polo qui ne tarde pas à le capturer. Il tente de raisonner Polo, lui délivre le message de Cooper mais il ne veut rien entendre. Il découvre également le vrai visage de Sharon qui sera tuée par Madame Fra après que la traitresse ait assassiné une de ses filles, la belle Ayuta, accessoirement amoureuse de Mike. Après bien des aventures rocambolesques Mike et madame Fra assaillent Polo et ses hommes lors d'un combat sanglant. .
Ce petit résumé n'est que le pâle reflet d'une intrigue abracadabrante qui fait fi de toute cohérence et enchaine péripéties sur péripéties toutes plus idiotes les unes que les autres. Médiocrité semble être ici le maitre mot. L'ineptie du scénario prend cette fois des dimensions presque cosmiques et c'est le plus souvent bouche bée que le spectateur découvrira les aventures de Mike. Inutile de chercher un semblant de véracité à l'histoire, de tenter de trouver quelques explications elles mêmes absentes du script. On nage en plein flou, dans l'indéfini le plus total à l'image de ce pays sis quelque part en Asie où est envoyé Mike particulièrement doué pour se rendre sur un territoire qu'on ne situe pas. Peu importe de toutes façons puisque l'absence de budget n'a pas permis à l'équipe de tourner en Asie mais tout bêtement dans les régions verdoyantes des Abruzzes qui parviennent à retranscrire une jungle vietnamienne crédible.
Les personnages sont tout autant imprécis puisqu'on ne saura jamais en fait qui ils sont vraiment. Ils se transforment au fil du scénario comme de véritables métamorphes, simples silhouettes dont l'unique raison d'être est de donner à Di Leo l'occasion de multiplier les scènes d'action et accessoirement tenter quelques rebondissements incompréhensibles dont une conclusion aberrante qu'il faut prendre comme un clin d'oeil.
Tout ceci n'est cependant rien face à l'absurdité des dialogues particulièrement présents, très certainement parmi ceux les plus incroyablement niais jamais écrits. Chaque réplique est un monument de bêtise qui après un temps de stupeur, d'adaptation pourrait-on dire, déclenchera une crise d'hilarité justifiée. On peut certes privilégier l'action au détriment d'une certaine vraisemblance voire d'un certain sérieux mais il y a tout de même quelques limites à respecter que la production n'a pas hésité à outrepasser allègrement dans le plus grand je-m'en-foutisme.
Parlons justement de l'action. Si on entrevoit le professionnalisme de Di Leo il faut malheureusement regretter une réalisation ronflante qui prêche par sa paresse. Filmées de manière mollassonne les fameuses scènes d'action semblent trop souvent tourner au ralenti, les explosions ne parviennent pas à être spectaculaires même si lors de l'assaut final le cinéaste se réveille enfin comme s'il s'était réservé le micro budget alloué pour donner au film cette ampleur qui lui avait jusque là fait défaut. Razza violenta fait alors illusion même si rien ne fonctionne réellement. Les scènes qui devraient justement relever la fadeur de l'ensemble notamment l'extraction de la balle du corps de Cooper, noyée dans une rivière de dialogues bêtifiants, sombre dans un comique involontaire effaçant en quelques secondes l'aspect gore, aussi léger soit il, de la séquence. Le désarroi du cinéaste semble tout simplement suinter de cette pellicule ronronnante trop flasque pour impressionner mais on reconnaitra cependant au détour de rares scènes quelques gestes de bravoure qui firent autrefois la réputation du réalisateur comme celle où, mitraillette en main, la traitresse abat de sang froid la jeune prostituée amoureuse de Mike avant que cette dernière ne soit tuée de façon tout aussi féroce par une Madame Fra furieuse. On doit alors au film une de ses belles répliques, une solide et fort juste réflexion sur laquelle il n'y a pas même lieu de méditer: "Il y a comme moi des femmes qui toute leur vie ont été des putes mais ont su rester des femmes, mes prostituées en font partie. Il y a des femmes qui ressemblent à des femmes mais qui toute leur vie ne seront que des putes." Une pensée qui se conclura par un sublime: "Salope!"
L'interprétation est à la hauteur du film, bien faible, malgré la présence de deux vétérans du cinéma d'action, Henri Silva, monolithique, quasi transparent et très peu crédible, jamais convaincant encore moins convaincu tout comme le solide Woody Strode qui à 70 ans semble si fatigué qu'il a du mal à porter sa mitraillette factice. Ce sera pour les deux comédiens leur bien peu glorieux chant du cygne. A leurs cotés on reconnaitra une Danika Laloggia vieillissante, une habituée des films de Di Leo, dans la peau de notre Madame Claude de la jungle fort philosophe, la française Carole André et l'ex-pasolinienneClaudia Rocchi, éphémère figure fortement typée du cinéma Bis qui le plus souvent joua les indigènes. On reconnaitra Franco Garofalo très vite tué en tout début de film et un Maurizio Mattioli encore inconnu dans la peau d'un soldat rapidement éliminé.
Sous contrat avec Spagnuolo le rôle principal revient à Harrison Muller Jr dont le seul titre de gloire aura été d'être le fils du chanteur-comédien américain Harrison Muller Sr et surtout le frère de la comédienne Nadia Cassini. Razza violenta fut le seul et unique film dont Harrison fut le protagoniste à part entière durant sa courte carrière ramenée à une poignée de sous Mad Max et de films d'aventures. Pas plus mauvais ou meilleur acteur que ses confrères qui officièrent dans ce type de films durant les années 80 Harrison court beaucoup, se bat, se démène et expose sa musculature tout en nous faisant beaucoup rire par ses incroyables répliques mais ce sont surtout ses débardeurs gris souvent trop grands qu'on gardera en mémoire non pas pour leur coté sexy mais pour les étonnantes suées d'Harrison qui les trempe aussi vite qu'il les sèche suivant les plans et les faux raccords. Un vrai miracle de Dame nature!
Critiquer ou jeter la pierre à Razza violenta, pointer du doigt Di Leo pour s'être compromis dans un tel film, n'est pas très fair-play. Uniquement sorti chez nous en vidéo sous le titre La race des violents, il faut admettre que le film n'est pas plus pire que bon nombre d'autres pellicules de ce type tournées à cette époque. On est certes loin des bandes de Margheriti, de certaines friandises napalmées telles que Tornado ou même des aventures de Mark Gregory, un des meilleurs acteurs à avoir incarné un Rambo à l'italienne, mais on égale, on surpasse même sans mal les navetons musclés de Mattei entre autres et autre Blood commando. La race des violents possède un charme certain, dégage même une certaine saveur ne serait ce que pour la présence de Strode et Silva d'une part, celle de tous ces acteurs qui appartinrent au déclin du cinéma Bis italien d'autre part, son comique involontaire, ses décors naturels qui font illusion et son final enflammé. La race des violents est une amusante et sympathique distraction pas forcément désagréable qui a tout bêtement le charme de ce cinéma de genre alors agonisant. Il faut donc le prendre ainsi et ne pas chercher plus loin... comme n'ont pas chercher plus loin ses concepteurs.
Di Leo bouclera sa longue carrière l'année suivante avec le tout aussi alimentaire Killer vs killers. un polar mafieux tourné à Monaco dans lequel on retrouve Henri Silva aux cotés cette fois de Edmund Purdom et Dalila Di Lazzaro.
La race des violents fut un échec annoncé en Italie à sa sortie mais il remporta suffisamment d'argent à l'étranger pour que les producteurs rentrent dans leurs frais. C'est tout ce qui compte comme le rapporta Di Leo lors d'une interview. On est bien d'accord!