Killer contro killers
Autres titres: Killer vs killers / Death command / Death commando / Comando de la muerte
Real: Fernando Di Leo
Année: 1985
Origine: Italie
Genre: Polar
Durée: 86mn
Acteurs: Henry Silva, Franco Diogene, Dalila Di Lazzaro, Edmund Purdom, Alberto Colajanni, Fernando Cerulli, Agostino Crisafulli, Cinzia De Ponti, Raul Lovecchio, Carlo Greco...
Résumé: Un boss mafieux recrute un groupe de professionnels pour s'emparer d'une formule secrète dans un laboratoire de l'armée. Une fois le hold-up commis il décide de se débarrasser de l'équipe...
La genèse de Killer contro killers, l'ultime film que tournera Fernando Di Leo avant de mettre un terme à sa carrière, est assez complexe. C'est en 1983 que le scénario germe dans l'esprit du producteur Ettore Spagnuolo pour qui venait de tourner Razza violenta. Le film initialement intitulé Killer & killer puis Killers & killers pour prendre le titre définitif Killer contro killers dont le tournage était prévu au début du mois de février 1984 devait être un remake de Quand la ville dort de John Huston. C'est Henry Silva qui fut choisi pour en être un des principaux protagonistes après les désistements de Omar Shariff et Charles Bronson. Harrison Muller Jr, alors sous contrat avec Spagnuolo, devait lui aussi être à
l'affiche mais c'est un jeune acteur alors inconnu, Alberto Colajanni, le fils du producteur Mario Colajanni, qui est choisi, empêchant ainsi le duo Silva-Muller, principaux héros de Razza violenta, de se reformer. Pourtant le projet semble être abandonné. Pendant plus d'un an personne n'en entend plus parler. Le tournage est annulé et ne commencera finalement qu'en 1985 pour être théoriquement distribué dans le courant de la même année. Malheureusement le producteur refusa d'avancer l'argent et seule une assurance fut payée aux acteurs pour les scènes finales tournées dans un safari-zoo avec de véritables bêtes sauvages. Killer contro killers n'obtint jamais la nationalité italienne et ne connut aucune
distribution en Italie. Il fut néanmoins vendu à l'étranger et connut aussi une édition vidéo avant de disparaitre, très vite oublié, ignoré du public et de Di Leo à qui le scénario de départ, prometteur, plaisait.
Un boss mafieux nommé Son Excellence réunit par le biais d'un intermédiaire, Hagen, un groupe de professionnels du crime afin de dérober une importante formule scientifique dans un laboratoire de l'armée. Se retrouvent ainsi au coeur de ce hold-up un tueur, un spécialiste des coffres-forts, un as du volant et une chanteuse de night-club experte dans le vol. Une fois le vol commis Son Excellence décide de se débarrasser du groupe en éliminant un à un.
C'est à une véritable guerre sans pitié contre les hommes de Son Excellence que Ferrari et Sterling, les deux rescapés, vont devoir se livrer.
Ainsi couchée l'histoire peut sembler intéressante. Le résultat à l'écran en est tout autrement. On comprend vite l'amertume et la déception de célèbre réalisateur, un des pères du polar à l'italienne, dont on retrouve nulle part la griffe. Killer contro killers ressemble à un quelconque téléfilm réalisé pour une chaine tout aussi quelconque. Pire, cette ultime pellicule de Di Leo, hommage au film de John Huston, ressemble à une farce tant l'hilarité et le ridicule l'emportent sur le sérieux. De Quand la ville dort on a gardé que le nom des protagonistes et quelques allusions.
Pour le reste c'est tout bonnement un désastre scénaristique exempt de toute crédibilité. L'absence de budget empêche aux scènes d'action de fonctionner et donne à l'ensemble un coté série Z assez mal venu ici, un aspect renforcé par l'utilisation de maquettes ultra cheap notamment lors de l'explosion du bateau de Hagen (un bateau radio commandé flottant sur l'eau) et la destruction du laboratoire auquel se substitue un complexe fait de jolies boites en carton enflammées et soufflées par des allumettes! Si la pauvreté des moyens peut être excusable, une série Z d'action peut en effet avoir son charme, il n'en va pas de même pour le ridicule dans lequel baigne Killer contro killers.
Rien ne vaut quelques exemples pour vérifier l'ampleur du gag. Que penser d'un laboratoire de l'armée dans lequel on entre comme dans un moulin, totalement désert et gardé par seulement quelques rares figurants éliminés aussi vite qu'on écrase une mouche. Comment ne pas sourire devant la manière dont on se débarrasse des corps emportés dans une brouette ou face à ses soldats barbus portant une longue de queue de cheval? Que penser de cet affrontement entre Ferrari et une bande de voyous très années 80, mocassins et chaussettes blanches sur jeans trop courts, chorégraphié comme un ballet durant lequel la belle Cherry, crinière crêpée au vent, gentiment assise sur un tonneau, frappe à coups de
à mains les malfrats qui s'approchent trop près d'elle! Difficile de ne pas rester bouche bée lorsque cette même Cherry afin de dérober en plein milieu d'un hall de gare la mallette que porte sa proie lui tranche la main avec un sécateur qu'elle dissimulait dans son sac à provisions! quant aux deux femmes nues qui suivent le spécialiste du coffre-fort même sur les lieux de ses forfaits, on a rarement vu aussi insensé surtout lorsque Di Leo les fait du trampoline devant le laboratoire pour détourner l'attention de deux malheureux vigiles. On passera sous silence les nombreuses invraisemblances, incohérences et autres trous scénaristiques dont le plus étonnant est la réapparition du petit ami de Cherry.
Laissé pour mort une balle dans le dos, il réapparait en pleine santé quelques scènes plus loin avant de disparaitre à nouveau de l'intrigue pour revenir sans jamais avoir de rôle bien défini.
L'interprétation est d'une extrême fadeur. Henry Silva remplit son contrat de façon alimentaire et donne le minimum syndical. Edmund Purdom ne quitte pas le siège de son bureau, téléphone en main. Franco Diogene promène ses rondeurs l'air toujours aussi jovial, peu crédible pour un dangereux mafioso. Dalila Di Lazzaro est belle, interprète la chanson thème "Cry baby cry" (dans un club moisi devant un public tout aussi consternant), nous gratifie de
quelques déhanchés en boite de nuit, joue avec son sac à main mais on l'imagine mal en voleuse professionnelle. Quant au gringalet Alberto Colajanni, jeune comédien qui souhaitait alors être sur les devants de la scène, il se révèle bien piètre acteur. Brushing et moustache amidonnés mais privé de tout charisme, fade, jamais crédible; souvent risible, il achève de tuer un film qui au départ n'avait déjà quasiment rien en sa faveur. Colajanni ne percera jamais au cinéma. Après une figuration dans Fratello dello spazio c'est quelques années plus tard seulement qu'il deviendra enfin une vedette non pas au grand écran mais à la télévision italienne comme sosie du journaliste et politicien Massimo D'Alema.
Rythmé par une musique disco synthétique franchement médiocre et ultra datée, Killer contro killers malgré quelques séquences sympathique (le final dans le zoo) est un des plus gros échec de la carrière de Di Leo, si toutefois on considère le film comme étant de Di Leo tant cette plaisanterie entièrement tournée à Monaco aurait pu être réalisée par n'importe quel metteur en scène débutant. Reste un petit polar involontairement drôle donc distrayant pour qui veut s'amuser un moment à défaut de mieux. Si Razza violenta pouvait se targuer d'être une petite série d'action/aventures purement Bis Killer contro killers est un consternant chant du cygne de celui qui fut le père du polar mafieux.