La sporca insegna del coraggio
Autres titres: Blood commando / Brothers in blood / Savage attack
Real: Tonino Valerii
Année: 1988
Origine: Italie
Genre: Aventures / Guerre
Durée: 90mn
Acteurs: Bo Svenson, Carlo Mucari, Peter Hooten, Werner Pochath, Nat Kelly Cole, Martin Balsam, Pietro Torrisi, Franklin Dominguez, Juan José Caballos, Rocco Lerro, Sergio Testori...
Résumé: Un vétéran du Vietnam, abandonné sur le champ de bataille et fait prisonnier par les Vietcongs, est sur le point d'être libéré après plusieurs années de captivité. Mais l'avion qui le ramène aux USA est détourné par des terroristes. Trois de ses anciens compagnons d'arme décident de former un commando pour aller le délivrer. Arrivés dans jungle philippine ils retrouvent leurs réflexes de guerriers face aux dangereux guérilleros...
Tonino Valerii dont on retiendra surtout quelques petits fleurons du cinéma de genre tels que La horde sauvage, Une fille nommée Julien et Folie meurtrière s'est en fin de carrière tourné vers la télévision et s'est parallèlement à cela attelé à réaliser de petits films souvent anodins en suivant les courants alors en vogue.
Avec La sporca insegna del coraggio c'est au film de guerre et d'aventures qu'il s'intéresse comme l'avaient déjà fait entre autres Ferdinando Baldi, Tonino Ricci et surtout Antonio Margheriti, un des spécialistes du genre en ce milieu d'années 80. Loin d'égaler Margheriti, La sporca insegna del coraggio sorti en vidéo chez nous sous le titre fringuant de Blood commando est une toute petite série B assez décevante malgré le bon vouloir du réalisateur quelque peu anémique cette fois.
Tourné comme bon nombre d'autres de ces films aux Philippines, Blood commando n'innove en rien une histoire vue et revue qui ne fait que reprendre les grosses ficelles du genre. Trois courageux vétérans du Vietnam décident d'aller délivrer un de leur ex-compagnon retenu prisonnier par des guérilleros farouches. De nouveau sur le terrain, ces trois frères d'armes vont retrouver leur instinct guerrier face à l'ennemi, sadique et brutal. Simple et efficace pourrait on penser. Simple oui même simpliste mais guère efficace par contre.
Scindé en deux parties, la première s'intéresse à la reconstitution de l'équipe où chacun des membres retrouve ses anciens partenaires. Valerii tente un zeste de psychologie en amorçant un départ d'analyse sociale de ces hommes traumatisés par leur passé. Tout est tellement basique et surtout convenu que cette amorce risque de faire beaucoup rire le spectateur embarqué au coeur de cette jungle bien peu inquiétante. On frisera même la farce lorsque Valerii nous présente son troisième vétéran, un soldat décoloré devenu travesti pour une boite sordide quelque part dans les quartiers mal famés des Philippines. Il pousse encore plus loin la plaisanterie en faisant de son soldat le favori du chef de la base militaire qui aime faire appel à ses services afin de satisfaire ses désirs sexuels interdits. Valerii a certainement voulu apporter une ombre quelque peu malsaine et glauque au film mais tout cela est si ridicule et surtout si peu convaincant qu'on ne peut s'empêcher de pouffer de rire, la version française aggravant encore plus le ridicule de l'ensemble.
La deuxième partie du film se concentre sur l'action. Le film débute réellement et notre équipe reconstituée, après bien des palabres sans grand intérêt, va pouvoir enfin s'amuser à mettre à feu et à sang les rangs de l'ennemi. Quelques belles explosions, quelques cascades, pas mal de morts et un brin de violence, on est plus proche des oeuvrettes de Ricci que du grand Margheriti. Peu convaincant et surtout bien peu crédible, souffrant d'une mise en scène mollassonne et d'une interprétation médiocre, La sporca insegna del coraggio ennuie plus qu'il n'amuse. Voilà qui est d'autant plus dommage que le film réunissait quelques vétérans du cinéma italien cette fois, ces "gueules" incontournables du cinéma de genre puisqu'on reconnaîtra la carrure de Bo Svenson, le toujours aussi body buildé Pietro Torrisi, Martin Balsam, le sourcil froncé, en treillis et mitraillette au poing, fort amusant, le puissant bellatre Peter Hooten qui se spécialisa un temps dans ce type de films et le filiforme Werner Pochath qui abandonne son maquillage pour ré-endosser l'uniforme. Voilà peut être une des rares raisons pour laquelle on se laissera aller à visionner Blood commando puisque le film fut un des derniers que tourna Werner. Il meurt trois ans avant sa mort emporté par le Sida. Voilà un rôle bien ironique puisque l'acteur avait décidé de faire son coming out au risque de mettre en péril sa carrière.
On retiendra aussi la partition musicale signée Riz Ortolani plutôt intéressante.
Voilà une série typique d'un certain cinéma Bis (très?) bon marché dont on aurait pu attendre mieux venant d'un réalisateur tel que Tonino Valerii. La déception est ici grande. Si le ridicule avait pu tuer il aurait cette fois anéanti les troupes ennemies sans aucun problème. A défaut d'y croire, on pourra toujours rire. Ce n'est pas si mal!