A deep compassion

Autres titres:
Real: Pat Rocco
Année: 1972
Origine: USA
Genre: X
Durée: 59mn
Acteurs: Rick Cassidy, David Allen, Duane Ferguson, Robert Weaver, Tom Ringo
Résumé: Un petit voyou est en fuite. Johnny le prend à bord de sa voiture et le ramène chez lui, Johnny vit avec Carl son jeune frère aveugle, un garçon solitaire. Pour passer le temps Rocky fait l'amour à Johnny. Ce dernier doit partir le lendemain matin. Il demande à son frère de s'occuper de lui durant son absence. A peine seuls, Rocky profite de l'innocence de Carl et le viole sauvagement...


Le film débute par le retentissement d'une alarme. Un jeune homme, Rocky, s'enfuit semble t-il d'un poste de police, court à perdre haleine dans la rue, enfourche une moto. Une voiture l'attend un peu plus loin. A son bord Johnny et son ami Bill. Johnny amène Rocky chez lui, une cabane isolée au fond de la forêt. Il le présente à son jeune frère aveugle, Carl, qui accueille du mieux possible cet invité inattendu. Carl est un garçon sensible, solitaire qui n'a pour seule compagnie que son frère et un étrange ami, le fantôme de la forêt, un magnifique éphèbe aux muscles puissants, au sexe dur, qui lorsqu'il l'invoque apparait au milieu des arbres pour le consoler et lui faire tendrement l'amour avant de disparaitre.
Rocky s'ennuie dans cette cabane, las de jouer aux cartes. Il préfère d'autres jeux plus virils. Johnny et Rocky font longuement l'amour. Alerté par leurs gémissements Carl, horrifié, découvre leur occupation nocturne. Il s'enfuit en pleurs dans la forêt souhaitant mourir. Il invoque son ami spectral qui le réconforte et lui promet que très prochainement ils seront enfin ensemble pour la vie.
Le lendemain Johnny a du quitter la cabane laissant Carl seul avec Rocky qui excité par ce frêle garçon va profiter de cette opportunité pour abuser de lui et satisfaire sa soif de sexe. Il le viole sauvagement et le laisse quasi inanimé. Carl, hagard, meurtri dans sa chair, trouve la force de se trainer jusqu'à sa canne. Mu par la haine, il frappe à mort Rocky puis, totalement nu, s'enfuit dans la forêt. Il trébuche, tombe et meurt. Au petit matin son âme sort du corps sans vie et rejoint le fantôme de la forêt. Carl se retourne, aperçoit son enveloppe charnelle ensanglantée qui git au sol. Il comprend qu'il est mort. Comme le lui avait promis le fantôme ils sont enfin réunis pour l'éternité.
A deep compassion fait partie de cette catégorie de films qui dans les années 70 surent marier la pure pornographie tant hétéro que gay à des genres bien spécifiques comme l'horreur, le fantastique, le thriller. C'est le fantastique qui est ici à l'honneur même si de par son viol brutal c'est à un rape and revenge auquel on peut penser par instant. La première partie du film pourra sembler particulièrement fade. Après la présentation sommaire des protagonistes, un voyou en cavale, Johnny et son ami Bill puis le frère de Johnny, lors d'une supposée évasion, l'action va intégralement se situer dans une cabane où pour tuer le temps Rocky fait l'amour à Johnny pendant près de 15 longues minutes où seules les positions vont changer durant de classiques fellations, anulingus et sodomies. On s'ennuierait presque si au bout de quelques 25 minutes Carl ne faisait sa réapparition, découvrant avec horreur que son frère fornique avec ce voyou qu'il trouve antipathique. A deep compassion commence alors vraiment et l'aspect fantastique pointe doucement le bout de son sexe avec
l'apparition surnaturelle du fantôme de la forêt, l'ami secret et invisible de Carl, sa seule et unique consolation dans un monde qu'il ne peut voir et dans lequel il se sent si seul tant et si bien qu'il voudrait mourir. A deep compassion n'est jamais qu'une nouvelle histoire dramatique où la mort est l'unique salut pour trouver la paix intérieure, pour échapper à ses peurs, ses frustrations, ses désirs. Et c'est justement une profonde compassion qu'on ressent pour ce jeune garçon efféminé, gracile, frappé de cécité tant le portrait qu'en dresse Rocco en quelques brèves minutes est attendrissant. Et l'écoeurement n'en sera donc que plus grand lorsque Carl subira le pire des viols qu'on puisse imaginer.
Ainsi débute la seconde partie sans préambule aucun. Rocky s'empare de Carl qu'on devine encore pur et innocent, le violente, le frappe, le déshabille et le viole de manière bestiale. Aucune pitié ni compassion pour ce jeune garçon aveugle qui hurle de douleur transformé en un véritable jouet de chair dont il déchire l'anus impassible face à ses cris. A grands renforts de zooms Rocco filme ce viol odieux de façon particulièrement explicite n'omettant aucun détail anatomique. La caméra tourne, virevolte frénétiquement, s'infiltre entre les corps, capte chacun des spasmes de son estomac au bord de la nausée, sa suffocation, chaque rictus de dégoût qui marque et défigure son visage tandis que le membre de Rocky, déchainé,
ramone l'intérieur du pauvre Carl, lui déchire les entrailles, explose son orifice qui lentement se tâche de gouttelettes de sang à moins qu'il ne s'agisse de matières fécales. Rocco instaure un climat particulièrement malsain, une atmosphère d'horreur quasi surréaliste, transforme l'homme en bête, jusqu'à la vengeance de Carl qui de sa canne frappera à mort Rocky au son de la musique de Psychose avant de s'enfuir, hébété, hagard, nu comme un ver, à travers bois et de trouver la mort, le corps en lambeaux.
Véritable coup de massue ces vingt dernières minutes de métrage auront forgé la réputation nauséeuse de ce film qui rappellera peut être à certains L'ange de la vengeance et dont il ne faut attendre aucun romantisme si ce n'est au travers des deux scènes entre Carl et le fantôme, joliment oniriques, presque magiques, seuls instants où le sexe est beau, tendre. Au milieu des arbres Carl est comme un fragile ange blond, androgyne, qui croit en l'amour pur. Le fantôme est quant à lui le symbole d'une virilité puissante, protectrice presque paternelle, un être aux courbes parfaites, à la musculature saillante, au sexe sans cesse rigide, magnifique, généreusement dimensionné. Et c'est tels Adam et Yves qu'ils partiront main dans la main au son de chants évangéliques. Le contraste est d'autant plus net que le sexe est en majorité crasse. Les ongles sont noirs, les pieds sont sales, phallus, testicules
et raies sont poilus, les pénis sont fripés. Voilà l'antithèse de tout ce qu'on fait aujourd'hui mais c'est là le parfait reflet d'un cinéma X estampillé années 70 qui fera le délice des amateurs de sexe viril hardcore sans artifice aucun, brut de naturel, un régal pour les invétérés de masculinité crasse vintage.
L'interprétation est convaincante. Duane Ferguson vu par la suite dans A dream of body toujours de Rocco est l'incarnation même du bad boy sans âme. Robert Weaver (The light from the second story window, A dream of body) se contente de jouer le frère de Carl et satisfaire les désirs libidineux de Rocky. Le puissant Jim Cassidy, pornocrate professionnel protagoniste d'une kyrielle de pornos hétéros personnifie à merveille l'ami fantôme, le Love God. C'est sans aucun doute à David Allen que revient la palme de la meilleure prestation. Ce jeune et gracile acteur androgyne également metteur en scène de The light from the second story window est surprenant de crédibilité dans le difficile rôle de Carl. Sa performance est à couper le souffle notamment lors de son viol qu'il rend encore plus odieux par la justesse et la véracité de son jeu et ses hurlements de damné. Il donne au film toute sa dimension tragique
Restent à éclaircir deux énigmes. la première concerne la cohérence du récit dans sa première partie bourrée d'ellipses suspectes. On peut accepter de ne rien savoir des personnages, ce que fuit Rocky, quels sont les liens qui l'unissent à Johnny et Bill notamment mais plus dérangeant est de perdre en cours de route Bill joué par un mystérieux Tom Ringo volatilisé de l'intrigue sans aucune raison en l'espace de deux plans. L'explication pourrait en être la durée de la version difficilement restaurée sortie en DVD ramenée à 59 minutes alors que selon les documents d'époque la copie sortie jadis en salles aux USA était de 90 minutes. De nombreuses scènes auraient peut être été perdues ce qui expliquerait la présence d'un sac à provision sorti de nulle part lorsque Rocky et Johnny arrive à la cabane.
Le deuxième énigme concerne le viol de Carl. Les comédiens auraient ils été doublés lors des plans les plus violents et les scènes de pénétrations quasi anatomiques? La présence d'une tâche brunâtre sur l'abdomen de Rocky le laisserait sous entendre puisque le ventre de Duane Ferguson en est visiblement dépourvu comme les fesses imberbes et très blanches des deux acteurs qui régulièrement lors de ces scènes se recouvrent d'une belle toison de poils. Les plus observateurs remarqueront également que le pénis de Ferguson, plutôt de taille moyenne, semble prendre des dimensions anormalement grandes pour sa taille de base en regard des scènes tournées avec Robert Weaver dans la première partie.
Quoiqu'il en soit A deep compassion est un pur joyau, une pièce maitresse du cinéma porno gay vintage, un monument de pure bestialité qui offre au spectateur un des viols les plus féroces et spectaculaires que le cinéma ait connu. Odieux, dérangeant, joliment complaisant voilà un exemple de cinéma autre qu'on oserait même plus imaginer aujourd'hui. A deep compassion est une véritable tragédie hardcore réalisée par une des figures emblématiques américaines de l'activisme homosexuel, une petite pépite qui comme tant d'autres pellicules de ce type a su parfaitement marier pornographie et fantastique.
Le Maniaco ne peut que vivement conseiller cette bande onirico-pestilentielle propre à assouvir les pulsions les plus sadiques d'un spectateur voyeur amoureux transi de cette époque bénie baignée de liberté que furent les années 70 quand l'homme portait les cheveux longs mais pas de slip et que le sexe se pratiquait fort heureusement sans plastique.