La casa 4
Autres titres: Démoniaque présence / La casa 4 - Witchcraft / Witchcraft / Witchcraft - Evil encounters
Real: Fabrizio Laurenti
Année: 1989
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 92mn
Acteurs: David Hasselhoff, Linda Blair, Hildegard Knef, Catherine Hickland, Rick Harnsworth, Michael Manchester, Annie Ross, Bob Champagne, Frank Cammarata, Ely Coughlin, Victoria Biggers, Kara Lynch...
Résumé: Au siècle dernier, une jeune sorcière enceinte est pourchassée par des paysans. elle se réfugie dans une maison et se défenestre afin d'échapper à ses poursuivants. La demeure aujourd'hui transformée en auberge abandonnée intéresse Leslie, une étudiante en démonologie encore pucelle, et son fiancé. Ils s'y sont installés le temps de leurs recherches. Ils sont rejoint par des agents immobiliers et le couple qui souhaiter acheter la maison. Celle ci est hantée par la Dame Noire qui va les posséder et les tuer tour à tour. Après que Satan ait défloré la pauvre Leslie, la Dame Noire s'empare du corps de Jane, la fille enceinte du couple, afin de mener à terme sa vengeance...
Créée au début des années 90 la Filmirage, la petite société de production de Joe D'Amato, vécut essentiellement sur les succès inattendus de Bloody bird et surtout de La casa 3 / Ghosthouse de Umberto Lenzi, le film qui lança en Italie la longue et inégale série des Casa, les fausses séquelles de Evil dead retitré La casa de l'autre coté des Alpes. La mise en orbite de La casa 4 devenue en France Démoniaque présence pour sa sortie en vidéo était donc inévitable. Si le film devait au départ être tourné par Claudio Lattanzi pour finalement céder sa place à Luigi Cozzi lui même peu intéressé par le projet, c'est finalement un des
jeunes talents lancés par D'Amato, Fabrizio Laurenti, qui le réalisa.
Né de la plume de la scénariste Daniele Stroppa, La casa 4 préalablement intitulé Chi ha paura della strega cattiva est une banale histoire de sorcellerie qui prend sa source dans les années 1800. Le film s'ouvre en effet sur la mort d'une jeune sorcière enceinte poursuivie par une horde de paysans. Afin d'échapper au bûcher, elle se jette par la fenêtre de la maison où elle s'était réfugiée. Deux cent ans plus tard, une étudiante en démonologie encore vierge accompagnée de son fiancé fait des recherches sur l'histoire de la demeure transformée en auberge désormais en vente. Un couple, leur jeune fils, leur fille enceinte Jane et deux
agents immobiliers les rejoignent. Le couple veut en effet acheter la maison. Pris sous un orage violent, ils se retrouvent tous prisonniers de la satanique habitation hantée par la Dame Noire. Après avoir tué chacun leur tour les visiteurs, elle prend possession du corps de Jane afin de s'emparer de son bébé et l'offrir à son maitre Satan afin que sa vengeance s'accomplisse enfin.
L'histoire en elle même est intéressante, peu originale mais intéressante, surtout du fait qu'elle emprunte pas mal d'éléments à quelques classiques de l'horreur italienne ou internationale. Daniele Stroppa ne se cache pas s'être inspirée des Trois Mères de Dario Argento pour créer sa Dame Noire. On y retrouve également l'ombre de L'exorciste encore
plus appuyée par la présence de Linda Blair grimée en Regan. Malheureusement malgré de bonnes idées de départ, l'entreprise s'avère vite être un véritable désastre, les capacités de Laurenti en tant que réalisateur étant franchement limitées. La casa 4 rejoint en peu de temps la liste des plus mauvais films italiens jamais tournés durant cette décennie. Et sur cette liste le film de Laurenti pourrait aisément apparaitre dans le tiercé final.
Dénué de toute mise en scène, Démoniaque présence accumule les invraisemblances et les incohérences de manière surprenante tout au long du métrage tant et si bien que le film perd très vite son peu de crédibilité. C'est donc le rire qui l'emporte sur la peur, un rire plus ou
moins de dépit tant on peut se demander comment une telle farce a pu autrefois fonctionner. Incapable de créer la moindre atmosphère Laurenti se contente de filmer son groupe de comédiens au beau milieu de cette demeure plantée au bord de la mer. On se croirait par instant en pleine répétition, d'assister aux essais tournés par des doublures en attendant que la caméra s'allume et entame le tournage avec les véritables comédiens. Que nenni. C'est bel et bien le film et ses acteurs tous plus mauvais, tous plus laids, les uns que les autres, récitant des dialogues d'une telle bêtise qu'on peine parfois à croire qu'un adulte ait pu les écrire. On atteint le comble du n'importe quoi à partir du moment où les protagonistes
se retrouvent coincés dans la maison, victimes tour à tour de la Dame Noire et ses démons, soit deux pauvres figurants habillés tels des clochards édentés. Laurenti aurait il déserté le plateau? Plus on avance plus le film part en vrille. La plupart des acteurs sont en roue libre, en pleine improvisation semble t-il jusqu'à la fin, précipitée, sans surprise, comme jetée à la figure du spectateur, faute à une scénariste en panne d'imagination.
Voilà la pénible impression que donne La casa 4 que quasiment rien ne parvient à sauver de la catastrophe si ce ne sont quelques effets gore dont les plus saisissants restent celui de la malheureuse femme à qui un démon coud la bouche avant qu'elle ne brûle vive dans la
cheminée et l'impressionnante défloration de la virginale Leslie par Satan lors d'un terrifiant cauchemar. Voila qui est bien miséreux et on ne comptera donc pas sur l'interprétation pour redonner un souffle d'intérêt à l'ensemble. On devra en effet supporter un David Hasselhoff période pré-Alerte à Malibu, pataud, maladroit, mono-expressif, comme égaré dans une histoire qu'il ne comprend pas. A ses cotés son épouse dans la vie, Catherine Hickland, hilarante lorsqu'elle se retrouve projetée dans une autre dimension en nuisette avec son nigaud d'amant en caleçon chaussettes, le benêt Rick Farnsworth. Indispensable à tout bon film infernal, un enfant, ici l'insupportable Michael Manchester, un galopin niais aux joues
bien roses qui durant tout le film se promène avec un magnétophone pour bébé à la main. L'ex-star du cinéma allemand Hildegarde Knef incarne une mystérieuse bien peu mystérieuse Dame Noire, sans saveur, quasi transparente, un rôle qui au départ avait été prévu pour Bette Davis qui avait accepté de jouer sans être payée mais qui finalement déclina l'offre. Reste l'attraction Linda Blair que ses admirateurs seront heureux de retrouver. Toujours aussi potelée, grande spécialiste de la coiffure hideuse, une coupe caniche crêpée cette fois, Linda, enceinte, traverse le film de façon insipide, inexpressive, comme elle aussi perdue. Rarement a t-elle été aussi mauvaise. On sourira simplement lorsqu'en fin de
métrage, elle reprend l'apparence de Regan, la petite fille qu'elle interprétait dans L'exorciste, un clin d'oeil certes sympathique mais totalement inutile vu le naufrage titanesque de La casa 4 que dans un accès peut être de folie douce, elle qualifia de film le plus terrifiant jamais réalisé... en souhaitant qu'elle parle bien évidemment de ceux dans lesquels elle tourna!
Ce qui est terrifiant c'est la bêtise d'un tel propos mais surtout l'amateurisme de l'entreprise qui remporta cependant un joli succès en Italie. La casa 4 réalisa en effet un des plus beau
score qu'ait connu la Filmirage, un triomphe inattendu toujours d'actualité aujourd'hui en Italie, qui entraina automatiquement la mise en route de La casa 5 que refusa Linda Blair et DNA formula letale.
S'il fallait trouver quelques maigres arguments pour convaincre le lecteur de visionner une fois dans sa vie Démoniaque présence outre ses deux ou trois scènes gore très réussies, on pourrait mettre l'accent sur sa distribution, plus précisément sur le poussif David Hasselhoff et Linda Blair, icône du genre malgré elle, car c'est bel et bien la seule véritable curiosité de cette bande d'un phénoménal amateurisme digne d'une fête d'Halloween pour comité local.