Indio
Autres titres:
Real: Antonio Margheriti
Année: 1989
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 89mn
Acteurs: Francesco Quinn, Marvelous Marvin Hagler, Brian Dennehy, Tetchie Agbayani, David Light, Larry Atlas, Rene Abedaza...
Résumé: Le colonel Whytaker est à la tête d'une bande de promoteurs qui a pour objectif de construire une autoroute qui traverserait la jungle amazonienne. Pour se faire, ils doivent avant toute chose faire évacuer les villages indigènes. L'un d'entre eux, la tribu des Tuxawa, refuse de quitter les terres de leurs ancêtres. Whytaker les fait massacrer. Daniel Morell surnommé Indio, un ex-marine, est le fils du chef des Tuxawa. Lorsqu'il découvre le carnage, il redevient le redoutable guerrier qu'il était et fait sa propre justice. Il va tout mettre en oeuvre pour sauver la jungle des griffes de Whytaker...
Les années 80 et plus particulièrement la fin de la décennie fut très difficile pour le cinéma de genre transalpin alors en pleine agonie. Si la plupart des réalisateurs phare tentèrent vainement de prolonger son existence, la plupart se brulèrent les ailes en délivrant des oeuvres mineures souvent sans grand intérêt si ce n'est franchement ratées ou risibles. De temps à autres surgissait ça et là quelques petites séries B divertissantes mais malheureusement insuffisantes pour enrayer le désastre. Un cinéaste a pourtant su tirer son épingle du jeu. Connu pour son cinéma d'un certain niveau, Antonio Margheriti a tout au long
de la décennie continué à délivrer des films à l'américaine, souvent puissants, toujours honorables tout en suivant les modes et les grands succès du box office international. C'est ainsi qu'il nous offrit toute une gamme de films de guerre, d'aventures et d'action copiés sur Rambo, Platoon et Les aventuriers de l'arche perdue qui aujourd'hui n'ont rien perdu ni de leur saveur ni leur faste. Vu l'arrivée tardive de Indio, tourné dans le courant de l'année 1989, le doute pouvait cependant être permis. Pour son ultime réalisation, Margheriti allait il être encore à la hauteur? La réponse est oui.
Daniel Morell surnommé Indio est un jeune ex-marine d'origine indienne. Son village niché
au coeur de l'Amazonie et la forêt environnante vont être détruits par d'impitoyables promoteurs dirigés par le tout aussi impitoyable Colonel Whytaker qui veut y faire passer une autoroute. Après avoir détruit une partie du village et tué le père d'Indio, ils pensent enfin être tranquilles. C'est sans compter sur le retour d'Indio qui va tout mettre en oeuvre pour non seulement sauver son village mais venger la mort des siens. Il se transforme en un redoutable prédateur prêt à tout pour tuer Whytaker et ses hommes.
C'est de nouveau du coté de Rambo qu'Indio louche, un Rambo écologiste transposé en Amazonie qui par certains aspects fait également penser à La forêt d'émeraude de John Boorman. Il lui emprunte en effet non seulement le lieu de l'action mais quelques éléments
de son scénario comme l'arrivée de promoteurs sans scrupules qui veulent raser une partie de la jungle pour y construire non pas des complexes immobiliers mais une jolie autoroute après avoir massacré les indiens. Sans aller chercher ailleurs qu'en Italie, Indio fera songer à Thunder de Fabrizio De Angelis, la retranscription italienne du personnage de Sylvester Stallone trois fois incarnée par l'irremplaçable Mark Gregory. Le propos n'est pas nouveau mais une fois de plus sous la férule de Margheriti cette histoire vue et revue se laisse visionner sans trop sourciller. Il faut dire qu'à son crédit ce petit film d'action à quelques atouts non négligeables. Le premier d'entre eux est le cadre de l'action, l'Amazonie, que le
cinéaste prend soin de filmer avec soin recréant ce climat exotique qui rappellera à l'amateur le bon vieux temps des films de jungle et leurs tribus indigènes. Second atout de Indio est l'éternel savoir-faire du réalisateur quant aux scènes d'action qui parsèment le métrage. Il prouve une fois encore qu'il n'a rien perdu de son énergie et se fait toujours un malin plaisir à faire exploser des maquettes toujours aussi convaincantes même si moins nombreuses que d'accoutumée. Indio nous réserve donc quelques jolies séquences d'explosions et autres effets pyrotechniques, quelques poursuites et cascades notamment en hélicoptère dont le passage aussi drôle qu'inattendu où Indio se sert d'un arbre souple comme catapulte
afin d'éjecter l'hélicoptère qui l'a pris d'assaut, le tout joliment emmené par une agréable partition musicale signée Pino Donaggio. Il se permet même d'agrémenter le récit de quelques petites audaces toujours aussi réjouissantes dont l'exécution sans pitié d'un enfant, la mort du père d'Indio écrasé par une pelleteuse, le carnage des indigènes réfugiés dans une caverne brulés au lance flamme et ose même une petite scène de maltraitance animale avec ses porcs sauvages prêts à être rôtis. La mise en scène n'est peut être plus aussi efficace qu'au temps de Nom de code oies sauvages mais demeure tout de même honnête. La "Rambosploitation" n'a peut être plus rien à offrir, Margheriti se contente de
reprendre les éléments du genre pour les adapter au mieux à son scénario. Ainsi donc Indio en solide ex-marine, agile, rusé, qu'il est va faire appel à toutes ses connaissances guerrières auxquelles il mêle ses instincts indigènes pour combattre son ennemi. Et s'il est blessé en l'occurrence par balle, il se soigne lui même. Un couteau, quelques plantes et le tour est joué. Depuis Rambo on a l'habitude comme on a l'habitude de voir débarquer l'ancien chef du héros afin de le raisonner.
Le principal défaut de Indio vient en fait de son personnage principal trop peu développé. Dénué de psychologie, sans réelle profondeur, Indio n'est qu'une esquisse, un simple
stéréotype auquel il est difficile de s'attacher comme il est difficile de s'attacher à son combat. Ce qui intéresse avant tout Margheriti c'est de le faire se battre. Quelques détails supplémentaires sur sa vie, son passé, une description plus affinée, auraient sans doute aidé à donner plus de consistance à cette histoire au départ déjà peu vraisemblable. Et ce n'est pas son interprète, le regretté Francesco Quinn, un des nombreux fils d'Anthony Quinn, qui changera la donne. Francesco fait un très bon travail, on le sent investi, professionnel, mais il n'a pas malheureusement pas l'étoffe d'un guerrier. Malgré un très beau torse il n'a pas vraiment la corpulence d'un super héros, trop petit, trop gringalet. La présence du solide
Brian Dennehy en méchant très méchant et de l'ex-boxeur noir Marvelous Marvin Hagler, malheureusement sous utilisé dans la peau de Jake, l'ancien commandant d'Indio qui n'a quasiment aucun rôle défini, donnent un peu de corps à une distribution trop plate.
Malgré ses défauts et son coté ouvertement alimentaire, Indio est un honorable et divertissant petit film de série B sur fond de jungle amazonienne, suffisamment musclé pour remplir son objectif premier, satisfaire l'amateur d'action, suffisamment alerte pour maintenir son attention. Totalement inédit en France, Indio signe avec dignité la fin de la brillante carrière de son metteur en scène qui vu le succès remporté en Italie, lui donnera une séquelle l'année suivante, Indio 2 la rivolta, toujours avec Hagler mais sans Francesco Quinn.