La bravata
Autres titres:
Real: Roberto Montero Bianchi
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Polar / Noir
Durée: 88mn
Acteurs: Mimmo Bua, Franca Gonella, Franco Garofalo, Ajita Wilson, Silvano Tranquilli, Luciano Crovato, Attilio Dottesio, Vittorio Duse, Tom Felleghy, Tommaso Palladino, Venantino Venantini, Umberto Liberati, Armando Marra, Enrico Maisto, Anna Maisto, Elisabetta Macrina, Luciano Crovato, Mimmo Maggio, Vanessa Vitale...
Résumé: Quatre jeunes voyous issu de familles bourgeoises ont mis au point un plan afin de dérober une Fiat 128 rouge toute neuve que transporte un camion. Aidés par deux belles complices, Patrizia et Jeanette une fille de couleur, ils parviennent à la voler. C'est avec stupeur qu'ils découvrent que la voiture contient quatre milliard de lires. Ils décident de les garder. Malheureusement leur chauffeur se fait blesser lors d'un contrôle routier. Il tue un des agents. Non seulement ils vont être recherchés par la police mais les malfaiteurs à qui appartient l'argent sont déterminés à récupérer leur butin. C'est alors que Jeanette apprend que son petit ami, le chef des quatre voyous, n'a jamais eu l'intention de l'épouser mais qu'il tient également des propos racistes à son égard. Elle va prendre les choses en main...
Venu du mondo le vétéran Roberto Montero Bianchi s'est par la suite orienté vers le western puis le petit film d'action avant de se tourner définitivement vers la comédie érotique grivoise et surtout indigeste. Si un film de Montero Bianchi est rarement synonyme de qualité demeure cependant un coté exploitatif des plus agréable qui donne à ses oeuvres leur principal intérêt. La bravata, longtemps resté difficilement visible, ne fait pas exception à la règle.
Quatre garçons de bonne famille ont décidé avec l'aide de deux amies de voler une Fiat 128 rouge toute neuve que transporte un camion. Ils ignorent qu'à l'intérieur de la voiture ont été cachés quatre milliard de lires. Très heureux de cette découverte, ils entendent bien garder ce miraculeux pactole. Malheureusement l'un d'entre eux est blessé par la police lors d'un contrôle routier. Les malfaiteurs à qui appartient le butin sont quant à eux déterminés à le récupérer. Si à la lecture du scénario, on imagine vite un polar à l'italienne dans la plus pure tradition, la vision du film déroutera pourtant assez vite le spectateur. Tout commence en effet comme une banale comédie populaire, une de ses comédies routières sans grand intérêt
où se croisent camionneurs, automobilistes et auto-stoppeuses. Autant dire que les vingt premières minutes ne sont guère passionnantes d'autant plus que Montero n'a jamais été très fin dans son sens de l'humour et de la grivoiserie. C'est alors que La bravata prend soudainement une nouvelle direction et se transforme en un classique petit polar noir, un film de gangsters routinier qui a cependant du mal à trouver sa véritable identité. Si on y retrouve les éléments principaux du film de gangsters ici plus ou moins bien utilisés, Montero mélange beaucoup trop les genres pour d'une part captiver d'autre part pour être pris au sérieux. L'aspect comique l'emporte trop souvent sur l'élément noir, désamorçant ainsi un peu trop l'impact initial du film.
Pourtant, tout aussi invraisemblable que puisse être l'histoire à laquelle on aura bien du mal à croire, La Bravata n'en est pas moins une petite série attachante. La mise en scène est certes approximative, on devine Montero assez mal à l'aise dans ce type de film qu'il maitrise plutôt mal, on sent la pauvreté du budget mais l'ensemble se laisse cependant regarder avec un certain plaisir. Le principal intérêt de La bravata provient en fait de son honorable tentative de s'incruster dans le filon alors en vogue des polars mettant en scène cette délinquance juvénile bourgeoise, cette riche maladolescence qui nous avait donné quelques petites gemmes qui brillaient essentiellement par leur cruauté et leur complaisance, I violenti di Roma bene et I ragazzi della Roma violenta en tête. A des années lumière de cette déferlante de violence gratuite et d'idéologie douteuse mais toujours O combien plaisante
aux yeux de l'amateur, La bravata n'est jamais qu'un nouvel essai du pauvre de la peinture de cette jeunesse dorée délinquante que seul le personnage de Luca, le chef, interprété par un toujours aussi névrotique Franco Garofalo, illustre avec un certain charisme. Le deuxième principal atout du film est son coté exploitatif essentiellement mis en avant à travers cette succession de scènes de sexe dont une longue et sidérante séquence de lesbianisme totalement gratuite et inutile en plein milieu du métrage. Les héroïnes, la blonde Franca Gonella, ex-pseudo lolita du cinéma de genre, et Ajita Wilson se déshabillent aussi souvent que possible, couchent à droite et à gauche même si Ajita, n'en déplaisent à ses nombreux
admirateurs, reste cette fois plutôt sage. Son personnage servira surtout ici à saupoudrer l'ensemble d'un nuage de racisme qui renforce un peu plus l'aspect exploitation. On ne couche avec une noire que pour satisfaire ses instincts mais jamais par amour nous dit Montero, une philosophie qui se retournera contre nos quatre voyous puisque c'est elle qui, vindicative et rusée, s'avérera la plus intelligente. En ce sens, le final est un joli pied de nez. D'un magnifique complexe hôtelier surplombant la mer quelque part en Haïti, Ajita profitera des milliards en douce compagnie! La morale est sauve. Une femme noire peut être très maligne et se jouer des Blancs. Tous les passionnés de genre apprécieront.
Tout à fait plaisante est également la distribution qui outre Franca Gonella, Ajita Wilson et Franco Garofalo nous permet de retrouver toute une pléiade de comédiens indissociables à ce type de cinéma, Venantino Venantini en chef mafieux impitoyable qui maltraite Franca pour notre plus grand plaisir, Attilio Dottesio, Vittorio Duse, Tom Felleghy ou encore Silvano Tranquili dans le rôle du docteur. Signalons que si certains créditent Dirce Funari dans la peau de l'une des deux lesbiennes, il ne s'agit ici que d'une simple ressemblance. Les deux actrices parfaitement inconnues sont en fait Elisabetta Macrina et Anna Maisto.
Tout petit polar noir multi directionnel truffé de clichés et noyé dans une bonne dose de comique aussi volontaire qu'involontaire (l'assaut final), La bravata rythmé par une musique signée Nico Fidenco ne fera très certainement pas date dans l'histoire du cinéma tendance délinquance juvénile dorée mais le film de Montero se laisse cependant gentiment visionner. Il reste un anodin petit plaisir coupable à consommer sur l'instant pour tout amoureux de cinéma d'exploitation, un inoffensif apéritif avant une plus sérieuse mise en bouche.
Longtemps demeuré difficilement visible, La bravata est récemment sorti en Italie en édition DVD certes bon marché, recadré, non remasterisé mais pour quelques centimes d'euros. Un moyen pour beaucoup de découvrir cette micro rareté.