Cinzia Lodetti: les choix d'une mère
Même si elle ne compte à son actif que quelques rares apparitions parfois non créditées et un seul véritable film en tant que co-protagoniste principale, cette superbe créature blonde aux atouts mammaires incontestables a cependant laissé une trace indélébile dans l'univers du cinéma de genre italien. Sa beauté et sa générosité n'y sont peut être pas étrangers. C'est avec un plaisir non dissimulé qu'aujourd'hui Le Maniaco rend hommage à cette éphémère sexy starlette qui a choisi d'abandonner très tôt les feux de la rampe pour mieux profiter des joies de la maternité, Cinzia Lodetti.
Née en 1961 à Bergamo, Cinzia, de son véritable prénom Cintia, a depuis son adolescence toujours été immergée dans l'univers artistique. A 16 ans seulement elle appartient déjà à une agence de mannequinat. Etre modèle lui permet aussi de participer à quelques spectacles locaux mais c'est le destin qui sous l'apparence de l'acteur Ugo Pagliai, un des sex symbols de la télévision et du cinéma italien de cette époque, qui va la propulser totalement par hasard dans l'univers du 7ème art. Ugo était venu tourner à Bergamo pour les besoins d'un spectacle auquel assistait la jeune Cinzia. Elle fit connaissance avec le comédien et tous deux devinrent amis. Ugo lui présenta les autres membres de la troupe qui lui proposèrent de venir avec eux. Cinzia accepta malgré les réticences de sa mère qui souhaitait que sa fille continue le lycée. Obstinée, elle mit la pauvre femme au pied du mur et l'obligea à l'envoyer à Milan afin d'y suivre des cours de théâtre. C'est ainsi qu'à seulement 17 ans Cinzia quitta le domicile familial et commença à jouer avec la troupe de Ugo Pagliai dont une bonne partie du show reposait sur des strip-teases auxquels ne participait pas la jeune fille puisqu'elle était encore mineure. Ce fut là son tout premier travail en tant que comédienne. Cinzia garde aujourd'hui encore de merveilleux souvenirs de cette époque, des souvenirs d'amitié indéfectible mais également de superbes moments. Jouer avec cette troupe était un peu comme être à Broadway dit-elle.
Après avoir été Miss Ligurie, Cinzia quitte Milan pour Rome à la fin de l'année 1978 en compagnie de son grand ami Franco Diogene qui tournait alors pour la RAI sous la direction de Lucio Fulci Un uomo da ridere avec Franco Franchi. Cinzia devait y faire une très courte participation. Ce fut sa toute première apparition à l'écran. C'est également lors du tournage qu'elle fit la connaissance de l'homme qui allait devenir son époux, le producteur Angelo Iacono. Si elle fait une bien trop brève apparition dans le polizesco Napoli la camorra sfida, la citta risponde de Alfonso Brescia, elle est la jeune femme dans le lit de Antonio Sabato, le premier véritable film que tourne Cinzia pour le cinéma est le WIP de Edoardo Mulargia, Femmine infernali / Les évadées du camp d'amour. Ce film reste pour l'actrice un bien mauvais cauchemar puisqu'elle dut être emmenée d'urgence à l'hôpital pour paraplégiques d'Ostia suite à un malencontreux accident. Alors qu'elle riait et plaisantait lors d'une pause avec Ajita Wilson et Antonio De Teffé, deux de ses partenaires, elle tomba de sa chaise et se blessa gravement à la colonne vertébrale. Paralysée des deux jambes, Cinzia dut malheureusement abandonner le tournage. Ceci explique d'une part pourquoi elle disparait brusquement du film, d'autre part pourquoi elle n'apparait pas dans Orinoco prigioniere del sesso / La fin des tortionnaires du camp d'amour tourné simultanément avec les mêmes acteurs dans les mêmes décors, même si elle est créditée au générique. Son nom fut simplement gardé pour des raisons de contractuelles. Hormis ce triste accident qui lui valut de longues semaines d'immobilisation, Cinzia tient à signaler combien elle fut heureuse de faire la connaissance de Ajita qui devint une véritable amie. Ajita était une personne solitaire, qui ne se mêlait jamais aux autres comédiens une fois les caméras éteintes. Elle vivait seule, enfermée dans sa propre caravane où elle se maquillait et se préparait seule. Ajita était souvent sujet aux railleries, aux quolibets de ses partenaires car tous savaient qu'elle est transsexuelle. Si elle ne parlait jamais de son opération, cela ne voulait pas dire qu'elle ne souffrait pas tant psychologiquement que physiquement. Cinzia l'avait compris. Altruiste, de mentalité très ouverte, elle avait accepté Ajita telle qu'elle était. De cette ouverture d'esprit naquit une grande amitié. Ajita venait la voir chaque jour à l'hôpital. Cinzia avait l'impression de l'avoir toujours connue, leurs liens étaient très forts, sa mort en 1987 fut un véritable choc.
Une fois rétablie Cinzia retrouva les plateaux. Son second film sera le désormais culte Le porno killers de Roberto Mauri avec la plantureuse et très fortement poitrinaire Carmen Russo qui était dans le privé une de ses amies. C'est son mari qui obligea Cinzia à accepter ce rôle pour les besoins duquel elle étale sans pudeur ses charmes dans une multitude de scènes très osées. Au départ, la jeune actrice n'était guère enthousiaste à l'idée de le tourner car trop idiot et commercial. C'est pourquoi elle ne l'a jamais vu. Le porno killers lui valut pourtant bien des déboires lorsqu'elle se présenta comme candidate au conseil communal de la ville où elle résidait. Tous les journaux locaux parlèrent du film et de son bien peu glorieux titre. Elle fit ainsi bien malgré elle la Une de la presse qui écrivait "Une porno killer aux élections!". Cela provoqua une vague de scandale et Cinzia, appuyée par son époux très engagé politiquement, dut attaquer le journaliste responsable de la divulgation de cette information dont Cinzia n'avait pas honte. Elle n'avait jamais caché ses activités artistiques.
Après une furtive apparition non créditée dans Thrauma de Gianni Martucci qu'elle accepta par amitié pour Franco Diogene, Cinzia se retrouve au générique de Luca il contrabbandiere de Lucio Fulci dans lequel elle a une fin très explosive. A cette époque, la comédienne alors âgée de 20 ans, est enceinte de quatre mois de son fils, Patrick. Inconsciente, elle avait accepté ce rôle et n'avait prévenu personne de son état. Seul Fabio Testi était au courant et sous la prendre sous son aile durant le tournage. Elle tourne ensuite aux cotés de Gianni Macchia sous la direction de son époux Profumi e ballochi pour lequel elle se fait appeler Carol Connery puis elle apparait dans Favoriti e vincenti produit par son mari mais réalisé par Salvatore Maira.
En 1985, Cinzia met au monde son deuxième enfant. Elle prend le temps de pouponner avant de faire son ultime apparition au cinéma en 1987 dans Ucelli 2 de Rene Cardona Jr avec Gabriele Tinti dont elle joue l'épouse. Tourné à Madrid, le film se voulait un remake des célèbres Oiseaux de Hitchcock.
Par la suite Cinzia s'adonnera uniquement au théâtre, une activité qu'elle avoue avoir toujours préféré au cinéma. Mais la principale raison pour laquelle elle a définitivement mis un terme à sa carrière d'actrice est l'impossibilité de pouvoir mener de front sa vie d'artiste et sa vie de famille. Mère désormais de deux enfants, elle ne pouvait plus se permettre de les abandonner pour partir en tournage. Lorsqu'elle n'avait encore que Patrick cela était envisageable mais l'arrivée du deuxième bébé bouleversa sa vie. Le choix s'imposa naturellement à elle d'autant plus que son époux était perpétuellement en voyage autour du monde. Aujourd'hui Cinzia ne regrette absolument rien. Elle est parfaitement heureuse avec ses deux enfants et son époux, garde de merveilleux souvenirs de sa très brève carrière d'actrice ainsi que du temps passé sur les scènes de théâtre.