Le porno killers
Autres titres: Gli adorabili porno killers / Las adorables porno killers
Réal: Roberto Mauri
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Polizesco / Erotique
Durée: 90mn
Acteurs: Cinzia Lodetti, Carmen Russo, Vassili Karis, Mario Cutini, Mark Shanon, Bruno Minniti, Rinaldo DeWitt, Angelo Arquilla, Maurizio Anastasi, Patrizio Trochei...
Résumé: Deux enquêtrices de charme sont chargées par leur patronne de retrouver deux voyous qui s'entretuent pour une valise remplie de billets. Elles vont vivre toute une série d'aventures érotiques durant leur mission...
Si à la fin des années 70 le giallo avait caressé les limites du X avec notamment La sorella di Ursula ou Play motel, c'est cette fois le polar qui est sur la sellette infamante de la polissonnerie osée avec Le porno killers mis en scène par le vétéran Roberto Mauri connu dans les années 60 pour ses western-spaghettis.
Polar est ici un bien grand mot puisqu'on est plus proche du film d'action mâtiné de polar que du vrai polizesco traditionnel. Et encore, dire qu'on avoisine le film d'action est un doux euphémisme puisque Le porno killers frise le vide absolu. On est face à un film dont le scénario tient sur un demi confetti si toutefois le terme scénario peut ici être employé. On sait juste que deux enquêtrices de charme sont envoyées à Rome par leur patronne, une sorte de maquerelle d'origine allemande, afin de retrouver deux voyous qui s'entretuent pour une valise remplie de billets. Qui sont ils, d'où vient ils, que veulent ils, on ne le saura pas et Mauri non plus semble t-il puisqu'il oublie cette base de récit durant plus d'une heure pour laisser nos deux apparentes policières folâtrer dans la nature, cheveux au vent.
Le porno killers est une suite de séquences toutes plus érotiques les unes que les autres dont le but est d'exposer le corps et la nudité des particulièrement mammaires Cinzia Lodetti et Carmen Russo qui passent leur temps à se doucher, nager dans des rivières baignées de soleil et s'ébattre sous des cascades d'eau cristalline, celle en l'occurrence du Mont Gelato, quand elles ne se font pas l'amour ou ne se donnent pas à de beaux mâles ramassés au hasard de leur route au son d'une musique disco insupportable.
On ne se fiera pas au titre mensonger au risque d'être fort déçu puisque le film n'a rien de pornographique même si certaines scènes très audacieuses et caressent les limites du hardcore notamment l'interminable relation triolique entre les deux policières et l'un des malfrats. Mais érotisme ne rime guère avec esthétisme ici tant ces séquences sont d'un ordinaire consternant.
C'est lors des cinq dernières minutes que le réalisateur se souvient qu'à la base il y avait des hors-la-loi dans son film. Il les fait donc réapparaitre pour mieux les tuer avant que nos deux justicières ne repartent vers d'autres aventures ensoleillées.
Le porno killers appartient certes au courant de l'euro-sleaze mais dans ce qu'il a connu de plus anodin. Le seul atout de ce film d'une crétinerie abyssale est ses deux héroïnes guère avares de leurs charmes les plus intimes. Les admirateurs de Carmen Russo seront donc ravis. Carmen emprunta d'ailleurs le pseudonyme de Carmen Bizet pour ce film, consciente qu'il lui échappait totalement. Elle ignorait d'ailleurs ce qu'il en résulterait au montage final puisque des scènes X qu'elle se défend bien entendu d'avoir tournées furent ensuite rajoutées. Outrée, elle intenta donc un procès mais au bout du compte le film lui fit cette publicité dont elle était alors si friande tant et si bien que le film devint fameux avant tout pour ses fameuses scènes.
A ses cotés on reconnaitra la blonde et sensuelle Cinzia Lodetti qu'on avait déjà pu admirer dans Femmine infernali et son rip-off Savage island. Elles ont ici pour partenaires Vassili Karis qui se laisse aller à une fulgurante scène de triolisme en fin de bande, l'éternel bad boy du cinéma de genre italien Mario Cutini, Mark Shanon alors débutant qu'on reconnaitra aisément à sa moustache et Bruno Minniti quelques années avant Thor en bellâtre qui se laisse aller aux fougues du sexe au bord d'une piscine.
Rythmé par une très médiocre partition musicale qui semble issue d'un tout aussi médiocre film hardcore, Le porno killers sera une belle déception pour ceux qui croyaient tenir là un polar pornographique. Ce n'est qu'un simple et banal petit plaisir charnel 'triple Z" à consommer sur l'instant, vite vu très vite oublié.
Le porno killers fut l'ultime film de Roberto Mauri. Voilà un bien triste chant du cygne.