Napoli... la camorra sfida la citta risponde
Autres titres:
Real: Alfonso Brescia
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Polar
Durée: 85mn
Acteurs: Mario Merola, Antonio Sabato, Jeff Blynn, Liana Trouche, Benito Artesi, Alessandro Partexano, Rik Battaglia, Sabrina Siani, Alfonso Brescia, Ciro Ippolito, Walter Ricciardi, Enzo Nandi, Marina Viviani, Enrico Ciarcia, Enrico Cesaretti, Franco Agrisano, Cinzia Lodetti...
Résumé: Tranquille et honnête travailleur Don Francesco voit sa vie bouleversée le jour où arrivent à Naples Don Vito et ses hommes. Ils exigent de lui et de quelques commerçants qu'ils leur versent une importante somme d'argent en échange de leur protection. Ils refusent et tendent un piège aux mafieux qui se font arrêter. Libérés grâce à un avocat véreux, leur vengeance sera brutale. Ils s'en prennent ensuite au fils de Don Francesco. Sa vie brisée, Don Francesco va organiser sa propre vendetta...
Ouverte en 1978 avec Napoli serenata calibro 9 la série des fameux polizeschi napolitains de Alfonso Brescia dans laquelle il intégra une poignée de lacrima movies également située à Naples se poursuivit l'année suivante avec L'ultimo guappo, Il mammasantissima et Les contrebandiers de Santa Lucia. Cinquième film de cette saga Napoli... la camorra sfida la citta risponde en reprend le personnage principal toujours interprété par l'acteur-chanteur fétiche du cinéaste, le girond Mario Merola, véritable emblème de ces polizeschi dont le thème récurrent est l'auto-justice, celle que le citoyen rend face à la délinquance, la violence
mafieuse et le mal de vivre qui envahit Naples.
Merola incarne cette fois Don Francesco Gargiulo, un honnête citoyen napolitain qui pour gagner sa vie et faire vivre sa famille s'occupe d'un chantier naval. Don Francesco a fait de nombreux sacrifices et travailler dur pour offrir à sa femme et son fils Marco un niveau de vie correcte. C'est alors que déboulent Don Vito et ses hommes qui prétendent être à la tête d'une compagnie d'assurances fantôme. Vito demande non seulement à Don Francesco mais aussi à quelques commerçants de la ville 500 000 lires en échange de sa protection. Tous refusent de payer. N'ayant aucunement l'intention de se laisser faire Don Francesco
aidé de quelques uns des commerçants tend un piège aux hommes de Vito. La vengeance du chef mafieux ne se fait pas attendre. Il fait agresser les amis de Don Francesco afin de les intimider, passe Marco à tabac et viole sa fiancée. La police les arrête. L'inspecteur demande alors aux victimes, Don Francesco compris, de reconnaitre leurs agresseurs. Aucun n'a le courage de les dénoncer. Seul Marco trouve la force de désigner ses bourreaux. Emus par l'attitude du jeune garçon tous décident alors de le suivre. Les représailles seront terribles. Vito et sa bande qui ont recouvré la liberté grâce à un avocat corrompu, Rampone, kidnappent Marco et lui injectent une puissante drogue. Le garçon ne s'en remettra pas et
sombrera dans la folie. Don Francesco a tout perdu. Tout ce qu'il avait mis tant d'années à construire a été réduit à néant par Vito. N'ayant plus rien à perdre Don Francesco épaulé de quelques amis part en vendetta contre Vito bien décidé à faire justice, une razzia où le mot pitié n'existe pas.
La trame narrative est assez simple, pas très originale, plutôt répétitive. On retrouve le schéma classique des films qui traitent d'auto justice, un homme ou un groupe d'honnêtes citoyens qui las de la violence, prend les choses en main et s'apprête à faire lui même justice de manière jamais très orthodoxe. Napoli... la camorra sfida la citta risponde ne
déroge pas à la règle et ressemble à bon nombre d'autres polizeschi de ce type. A une différence près. Et c'est cette différence qui donne au film de Brescia tout son intérêt. Napoli... la camorra sfida la citta risponde comme l'annonce son titre a cette fois une signification sociale absente de la plupart des polizeschi napolitains. Les citoyens de Naples trouvent enfin la force, le courage de dénoncer ces bandes mafieuses, de se dresser contre elles et rompre ainsi un mur de silence que personne n'avait jusque là osé briser. Brescia ne se contente donc plus de décrire cette vague de violence, d'intimidation, de terrorisme psychologique, de racket, de manière toujours aussi vraisemblable mais il met surtout en
exergue le ras le bol d'une ville blessée, meurtrie, endeuillée qui aujourd'hui n'a plus qu'un seul et unique désir, être délivrée et sereine.
Autre force de ce polar à la napolitaine ses excès de violence qui vont crescendo jusqu'au final qui devrait séduire tous les amateurs de gore. Brescia ne fait pas dans la dentelle et ne ménage aucun de ses protagonistes. Des agressions dont sont victimes les commerçants au passage à tabac du pauvre Marco en passant par le viol de sa copine certes hors champ mais dont on devine la brutalité au vu du sang qui coule le long de ses cuisses ce déferlement de violence se terminera dans un véritable bain d'hémoglobine lors de l'ultime
bobine du film, surprenante, l'assaut du restaurant où festoient les mafiosi. La cruauté de la vengeance de Don Francesco et ses amis n'a d'égale que la haine et le désespoir qui le rongent. C'est une succession de meurtres sanglants (la balle dans bouche en est un des plus beaux exemples) qu'offre alors le cinéaste, des morts pour beaucoup filmées au ralenti à la manière de Enzo Castellari, se succèdent ainsi dans un climat de violence exacerbée jusqu'à l'affrontement quasi christique entre Vito et Don Francesco dans le sinistre cimetière des Fontanelle, lieu historique situé au coeur de Naples, jonché de crânes humains entassés les uns sur les autres. Cette conclusion donna au film ses lettres de noblesse, un
carnage qui depuis est rentré dans les annales du genre.
Impossible également de rester indifférent au sort réservé à Marco à qui on injecte une drogue qui lui fera perdre son équilibre mental. La scène où son père lui rend visite à l'asile psychiatrique, une des plus réussies, est particulièrement dure, déchirante, tragique. C'est la vision d'un père qui voit son fils en camisole de force hurlant à la mort enfermé dans une chambre sombre, un enfant qui a perdu à jamais sa santé mentale. La vendetta de Don Francesco prend alors un visage encore plus humain, un visage peut être un peu trop souvent absent des mafiosi movies italiens.
Mis en scène avec métier par un Brescia visiblement en forme qui parvient à créer une lente montée de tension étayée de quelques touches d'humour notamment à travers le personnage de pizzaiolo de Lucio Montanaro (la bombe dans les WC), Napoli... la camorra sfida la citta risponde vaut également pour son interprétation. Autour de Mario Merola, égal à lui même, qui cette fois se limite à ne chanter qu'une seule chanson, ses détracteurs lui en seront gré, gravitent un Antonio Sabato odieux et sans pitié, le générique Alessandro Partexano encore et toujours dans la peau d'un malfrat, Rik Battaglia et Walter Ricciardi, jeune acteur éphémère napolitain venu de la télévision qu'on reverra par la suite dans une
poignée de polars du même acabit. C'est Jeff Blynn qui se glisse dans la peau de l'inspecteur, un rôle réduit à son strict minimum puis que son temps de présence à l'écran ne doit excéder 10 minutes. Alfonso Brescia et son scénariste l'acteur Ciro Ipolito s'octroient respectivement les rôles d'un des invités à la fête des fiançailles de Walter et du journaliste Perez. La touche féminine est ici apportée par Sabrina Siani dont on se rappellera du viol et les présences éclair de Cinzia Lodetti et Liana Truché.
Film populaire qui aurait très bien pu s'intituler La vengeance d'un père Napoli... la camorra sfida la citta risponde est un des meilleurs volets de la longue liste de films qu'a tourné Mario Merola, un très bon Brescia, un de ses meilleurs polars napolitains, qui prouve une fois de plus sa capacité de metteur en scène, un mafioso movie dont on se souviendra surtout pour sa violence exacerbée et sa dose d'humanité.