Enza Sbordone: une carrière dédiée à Boccace
Elle fait définitivement partie des étoiles filantes du cinéma de genre italien auquel elle s'est entièrement consacrée durant sa trop courte carrière d'actrice. Charnelle, pulpeuse, un visage mutin, un corps parfait, la peau laiteuse, elle avait cependant la chaleur des femmes du Sud. Si elle ne brilla qu'une seule et unique année au firmament des sexy starlettes transalpines, elle eut tout de même le temps de devenir une des figures incontournables de la décamérotique qui composa la majeure partie de sa carrière.
Le Maniaco vous invite à découvrir celle qui fit castrer son bel et innocent amant, la brune Enza Sbordone.
D'origine napolitaine, Enza Sbordone fit ses débuts de comédienne en 1973 dissimulée sous le pseudonyme de Francesca Romana Davila dans la décamérotique de Joe D'Amato, Sollazzevoli storie di mogli gaudenti e mariti penitenti. Elle apparait dans le second segment du film, Fra' Giovanni, dans lequel elle interprète Tonia, une épouse qui prend pour amant un jeune moine interprété par Ari Harrow qui se fera cruellement castrer par un mari fort jaloux lors d'une inoubliable scène finale. Elle est de nouveau à l'affiche de la seconde décamérotique du réalisateur, Novelle licenziose di vergini vogliose / Les contres pervers. Dans la quatrième histoire, elle joue cette fois la pulpeuse épouse d'un marchand qui lui préfère les amours masculines, une aubaine pour Enza qui mettra à profit cette inattendue découverte.
Abonnée à ce type de rôles, Enza tournera trois autres films de ce type, un sous genre du cinéma érotique à l'italienne dont elle devient rapidement un éminent symbole. On peut ainsi l'admirer dans Les autres contes de Canterbury de Mino Guerrini. Elle fait partie de la distribution du premier sketch, La storia di Sire Brindisi, pour les besoins duquel elle endosse la peau d'une épouse punie par son mari pour l'avoir trompé avec un noble sodomite. Elle devra porter une robe sans derrière, exposant ainsi son séant en public. Elle est ensuite au générique du Canterbury proibito de Italo Alfaro, dans l'épisode Santa del Grande, puis enfin dans le joyeux I giochi proibiti dell'Aretino Pietro de Piero Regnoli. Elle interprète dans le sketch "4 mogli" la servante d'un homme qui chaque nuit trompe sa femme avec diverses putains.
Après ces cinq décamérotiques tournés quasiment à la chaine en l'espace d'une année seulement Enza Sbordone va délaisser ce genre qui lui apporta une certaine réputation pour se tourner vers le cinéma d'horreur. Elle tourne en 1973 sous la direction de Luigi Batzella Les vierges maudites de Dracula / Les vierges de la pleine lune, une brillante réussite du cinéma d'épouvante gothique à l'italienne. Enza est Tanya, la jeune fille terrorisée de l'aubergiste chez qui Mark Damon passe la nuit. Ce sera là son ultime rôle. Elle abandonnera définitivement l'univers du 7ème art en 1973, après seulement six films et des débuts prometteurs. Enza Sbordone s'est en effet mariée à un policier. Une toute nouvelle vie s'est alors offerte à elle, celle d'épouse et de mère de famille, un métier auquel elle s'est entièrement dévouée.
Si Enza a disparu de la vie publique, tous les réalisateurs qui eurent la chance de travailler avec elle se souviennent d'une jeune femme volontaire dotée de véritables talents de comédienne. Parions que si Enza avait poursuivie dans cette voie elle serait très certainement devenue une valeur sûre du cinéma Bis italien.