Sei donne per l'assassino
Autres titres: Six femmes pour l'assassin / L'atelier de la peur / L'atelier de la mort / Blood and black lace / Fashion house of death / Six women for the murderer
Réal: Mario Bava
Année: 1964
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 88mn
Acteurs: Cameron Mitchell, Eva Bartok, Franco Ressel, Lea Lander, Thomas Reiner, Ariana Gorini, Dante Di Paolo, Mary Arden, Luciano Pigozzi, Francesca Ungaro, Harriet Medin, Nadia Anty, Claude Dantes, Massimo Righi, Giuliano Rafaelli, Heidi Stroh, Enzo Cerusico...
Résumé: Une jeune modèle, Isabella, est tuée par un mystérieux assassin tout de noir vêtu. Son carnet intime indiquerait qu'elle est liée à son meurtrier. Son fiancé est suspecté et le carnet disparait étrangement. Dés lors, le tueur va tuer tous les mannequins de l'agence de mode où Isabella travaillait...
Réalisé par Mario Bava en 1964 juste après Le corps et le fouet, Six femmes pour l’assassin à pour cadre le monde de la mode et de la Haute Couture. C’est dans cet univers raffiné et très fermé qu’un mystérieux assassin s’acharne sur de jeunes et jolies femmes toutes plus ou moins liée a la même maison de couture. Ce film est généralement considéré comme l’une des œuvres majeures de son metteur en scène. Et pour cause, Mario Bava définit ici les codes d’un genre qu’il a lui-même crée l’année précédente: le giallo.
Si avec La Fille qui en savait trop, Mario Bava posait les bases du genre, avec Six femmes pour l’assassin, il les définit clairement : Tueur fantomatique, meurtres violents exécutés à l’arme blanche, main gantée de noir, enquête policière, voyeurisme, Six femmes pour l’assassin est un cas d’école qui regroupe tous les ingrédients de ce genre alors naissant tout en étant confronté a un problème qu'il rencontrera souvent par la suite: un budget restreint. Comment, dans ce cas, réussir à instaurer une atmosphère oppressante, angoissante? Bava use alors de malice et de technique par une ingénieuse utilisation des lumières. Il cherche a créer une ambiance pesante et menaçante, ou la mort est palpable à chaque plan. A cet effet il emploie un jeu de lumière tape-à-l’œil, utilisant des couleurs vives très prononcées (rouge, vert , bleu, jaune et violet sont comme très souvent ses couleurs de prédilection). Cette utilisation de la couleur va devenir une marque de fabrique du réalisateur. La photo du film a pour but d’agresser visuellement le spectateur dès les premiers plans. De même, la première séquence est volontairement très violente pour d’entrée cueillir le public à froid et le plongée dans l’horreur. Cet éclairage si particulier confère au film une atmosphère unique. Peu habitué à cette esthétique, le spectateur perd ses repères et entre dans un autre monde: un univers baroque dans lequel un énigmatique assassin au large chapeau feutré et au visage masqué semble dicter les règles du jeu. Ces contrastes lumineux qui accentuent des perspectives trompe-l’œil donnent à l’architecture souvent baroques des bâtiments, un aspect fantastique et effrayant qui renforcent l'aspect inquiétant du film..
Le tueur est à la fois un personnage réel et fantomatique. La réalité du meurtrier est introduite par sa présence physique: l’assassin est un être de chair et de sang. Son aspect fantomatique est introduit par ses entrées dans le champ de la caméra : Il surgit de nulle part. Il disparaît aussi vite qu’il est arrivé, repartant dans les ténèbres une fois son méfait accompli. Qui est-il ? Voilà l’une des questions que l’on se pose tout au long du film. Ce qui intéresse le spectateur, c’est moins de connaître l’identité du tueur que de savoir qui sera la prochaine victime et surtout comment elle va mourir. Ce qui l'excite, aiguise son attention, c’est de voir de quelle manière elle mourra si possible d’une façon plus horrible que la précédente.
Bava met donc minutieusement en scène chaque meurtre, chaque fois plus élaboré: d'un premier meurtre par strangulation, le meurtrier brûle le visage de sa dernière victime. Le sadisme atteint son paroxysme avec ce dernier homicide. Le réalisateur ne nous épargne absolument rien. Les victimes hurlent, se débattent pour finalement mourir dans d’atroces souffrances. Le maître transalpin nous a réservé une place de choix pour assister à ce funeste spectacle : le premier rang. Mario Bava élève le meurtre au rang d’Oeuvre d’Art dont l’assassin masqué en est l’artiste. Le tueur laisse sur ces femmes une trace physique de son passage, sorte de signature de son œuvre (trace de strangulation, blessures au couteau, brûlures au visage).
Six Femmes pour L’assassin met en scène une érotisation du meurtre, un phénomène que l’on retrouvera par la suite dans la plupart des Gialli. La victime a le visage convulsé de douleurs, ses traits se crispent. Son dernier gémissement est synonyme d’apaisement, la mort soulageant des coups de couteau du tueur… Il ne tue pas que pour ôter la vie : elles doivent souffrir avant tout.
Les meurtres sont filmés en gros plan impliquant ainsi directement le spectateur à l’action. Dès lors, il se retrouve voyeur et assiste impuissant au martyre qui se déroule devant ses yeux.
La mise en scène du film est une véritable description graphique de la violence. Les chairs sont mutilées, torturées, brûlées. Chaque plan de cette violence Bava la capte grâce à une caméra qui se délecte à l’avance de l’instant où l’assassin va frapper, l'ensemble magnifié par une interprétation magistrale d'une jolie brochette de comédiens en tête Eva Bartok, Cameron Mitchell, Lea Lander, Luciano Pigozzi, Franco ressel et Thomas Reiner.
Aujourd’hui Six femmes pour l’assassin n'a rien perdu de sa force. Il est et restera un classique, une référence du genre, un classique intemporel qui arrive encore à surprendre encore à chaque vision.