Nelle pieghe della carne
Autres titres: Dans les replis de la chair / Libido / In the folds of the flesh / Las endemoniadas
Real: Sergio Bergonzelli
Année: 1970
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 92mn
Acteurs: Eleonora Drago-Rossi, Anna Maria Pierangeli, Fernando Sancho, Alfredo Mayo, Emilio Gutiérrez Caba, Giancarlo Sisti, Victor Alcazar, Gaetano Imbro, Maria Rosa Slauzero, Luciano Catenacci, Bruno Ciangola...
Résumé: Pascal, un criminel en fuite, est témoin d'un fait curieux. Juste avant son arrestation, il a surpris une femme entrain d'enterrer un corps dans le jardin d'une villa côtière. Treize ans plus tard, on retrouve la famille de cette étrange femme. Ils vivent ensemble et chacun semble non seulement cacher bien des secrets mais ils entretiennent entre eux des relations ambigües qui frisent l'inceste. Falesse, traumatisée par un effroyable passé, a quant à elle hérité de la maison suite à la mystérieuse disparition mystérieux de son père, André. Débarquent tour à tour à la villa le cousin d'André, un maitre-chanteur et Pascal qui vient d'être libéré. Tout trois sont assassinés par la diabolique famille lorsque le père revient d'entre les morts, méconnaissable suite à une opération chirurgicale. Ce retour inattendu va être le théâtre de bien des révélations aussi surprenantes que mortelles...
Artisan besogneux touche à tout Sergio Bergonzelli signa en 1970 cet étonnant giallo qui au fil du temps outre le fait qu'il est aujourd'hui fort rare est peu à peu devenu une oeuvre culte. Pur produit d'exploitation qui ouvrait généreusement l'ère de l'euro-trash, Dans les replis de la chair est un film qui est bien difficile à résumer tant le réalisateur va de rebondissements en rebondissements. Le scénario particulièrement tortueux se transforme rapidement en une véritable histoire à tiroirs qui certes tient en haleine mais fera également bien sourire puisque bien improbable à force d'accumuler révélations et retournements de situations énormes.
A force de vouloir jouer sur tous les tableaux, giallo, érotisme, horreur, exploitation pure et dure, Bergonzelli accouche d'un film bâtard bien compliqué et totalement farfelu mais qui pourtant retient l'attention tant on s'amuse devant ce spectacle à tenter d'imaginer ce que le réalisateur va bien pouvoir inventer.
Monté comme une pièce de théâtre en plusieurs actes, une sorte de vaudeville érotico-horrifique aux personnages particulièrement féroces, Dans les replis de la chair qui du giallo ne possède que quelques rares éléments dont les armes blanches et le traumatisme d'une des protagonistes principales s'ouvre sur une jolie citation de Freud qui donne au film son titre. On suit conte en gros les aventures de Pascal un criminel qui durant sa fuite est témoin d'un fait étrange: une femme enterre un cadavre dans le jardin d'une villa médiévale côtière. Treize années plus tard, nous voilà au coeur de la famille de cette femme composée de Lucille, Colin, le fils de Lucille, et Falesse qui a hérité de la propriété après que son père, André, ait mystérieusement disparu. Les relations entre les membres de
cette famille à la limite de l'inceste sont particulièrement floues et énigmatiques. Falesse, persécutée par un traumatisme lié à l'enfance, n'aurait elle justement pas tué André treize ans auparavant ? Débarque alors le cousin d'André venu enquêter sur sa disparition mais Falesse le tue et la famille dont chacun des membres a une passion bien morbide fait disparaitre le corps. Arrive alors Alex, un maître-chanteur, qui sera à son tour assassiner puis le retour de Pascal, d'un autre membre de la famille, une jeune fille malade mentale et enfin, coup de théâtre, de André, bien vivant mais transformé grâce à une opération chirurgicale miracle. Cet ultime rassemblement débouchera sur l'épilogue riche en révélations échevelées et totalement invraisemblable.
Ce petit aperçu est loin de refléter l'univers déjanté et délirant du film. En totale roue libre, Bergonzelli s'amuse à accumuler un maximum d'éléments qui plus le film avance lui font perdre toute crédibilité. Mais c'est bizarrement cette overdose entre autre qui donne au Replis de la chair son intérêt et font jubiler le spectateur qui finit par être fasciné par le fait de savoir comment Bergonzelli qui brouille consciencieusement les pistes pour encore plus nous perdre va bien pouvoir rebondir quand l'histoire semble devenir totalement inextricable. Et le miracle se produit à chaque fois. Il va encore plus loin, toujours plus loin jusqu'à perdre toute notion de réalité ou de logique. Finalement le principal défaut du film devient vite son atout majeur. Il ne faut simplement pas être distrait ne serait ce que quelques instants sous peine de se retrouver totalement égaré dans les méandres de ce scénario abracadabrant.
Encore plus fascinant et surtout audacieux surtout pour l'époque sont les thèmes et perversions qu'abordent Bergonzelli plus ou moins explicitement. Si le viol, l'inceste, la pédophilie sont ainsi intégrés à cette histoire au plus grand bonheur du spectateur, Bergonzelli ouvre avec délectation l'ère du nazisploitation qui six ans plus tard fera la joie des amateurs d'exploitation par le biais d'une longue séquence de flash-back filmée en noir et blanc. Sadique, elle nous plonge au coeur d'un camp de concentration où sont torturées des femmes entièrement nues avant que l'une d'elles qu'on devine être une des héroïnes du film ne soit témoin de l'atroce agonie d'un groupe de détenues emprisonnées dans une chambre à gaz. On ne peut songer face à cette séquence qu'au futur et très bon KZ9 camp d'extermination de Bruno Mattei, un des fleurons du genre.
Outre ces réjouissantes perversions, Dans les replis de la chair n'est pas avare de plans gore et se complait notamment dans les décapitations et les visions de squelettes droit issus d'un certain cinéma gothique anglais auquel le film emprunte quelques éléments également. Le bain d'acide ne pourra quant à lui que rappeler à l'amateur le futur Blue holocaust de Joe D'Amato auquel le film emprunte également le personnage de la sinistre et inquiétante gouvernante. On ajoutera à cet étal de déviances diverses, les différentes passions de cette famille diabolique puisque entre autre exemple Colin, le jeune fils de Lucille, élève des rapaces qu'il nourrit de viande fraîche... à moins qu'il ne s'agisse de restes de cadavres! L'ambiguïté et le non-dit font partie intégrante du film renforçant ainsi le malaise qu'il génère.
Bénéficiant d'une ambiance fortement estampillé années 60, d'une fort jolie photographie, d'une interprétation aussi énergique que théâtrale, Dans les replis de la chair et ses excès en tout genre demeure malgré ce scénario alambiqué et parfaitement ridicule un petit film absolument jouissif dont l'attrait est aujourd'hui toujours aussi fort. Si on passe outre l'aspect fourre-tout de l'ensemble, Dans les replis de la chair est un petit joyau pour tout amateur de cinéma Bis transalpin et de perversions diverses. Bergonzelli signait là un de ses films les plus intéressants et surtout surprenants d'une carrière en dents de scie.
On soulignera la présence des vétérans Alfredo Mayo, Giancarlo Sisti, Fernando Sancho et le jeune Emilio Guttierez Caba qui connaitra une belle carrière en Espagne. A leurs cotés on retrouve Eleonora Drago-Rossi dont ce sera l'ultime film et la regrettée Anna Maria Pierangeli qui se suicidera l'année suivante sur le tournage de Octaman.