Perche si uccidono - Le merde
Autres titres: La merde
Real: Mauro Macario
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Drame / Polizesco
Durée: 86mn
Acteurs: Maurice Ronet, Eleonara Fani, Beba Loncar, Luciano Rossi, Lia Dezman, Marco Reims, Antonio Pierfederici, Micaela Pignatelli, Margherita Fumero...
Résumé: Fils de la haute bourgeoisie, Andrea refuse la vie dorée que lui offre sa famille. Il se perd dans la drogue en y entraînant sa petite amie, Anna. De mauvais trips en vilaines associations notamment avec un dealer sans scrupules, Andrea finit en cure de désintoxication. Seul Lucas, le meilleur ami de la famille lui apporte son soutien. A sa sortie de l'hôpital, toujours aussi paumé et abandonné, Andrea s'enfuit mais les haines jusqu'à alors refoulées vont exploser menant au drame inélucatble...
Seule et unique incursion de Mauro Macario au grand écran, Perche si uccidono -Le merde- passé totalement inaperçu chez nous sous le titre La merde, reste aujourd'hui encore une sorte d'OVNI dans l'univers du cinéma de genre italien, un film devenu pratiquement invisible au fil du temps mais qui mérite cependant toute l'attention de l'amateur de cinéma d'exploitation.
Perche si uccidono s'inscrit dans la lignée des dramatiques anti-bourgeoises alors fort à la mode en ce milieu d'années 70. Le film prend pour base principale la descente aux Enfers d'Andrea, un fils contestataire de bourgeois qui refuse cet univers doré d'où il est issu. Il se perd alors dans la drogue en y entraînant sa petite amie Anna.
Si la trame n'est guère originale le traitement l'est quant à lui beaucoup plus puisque très vite Perche si uccidono se transforme en une sorte de trip hallucinatoire fait d'un bric à brac hétéroclite plus ou moins symbolique absolument fascinant. Ce sont justement ces visions aussi oniriques que délirantes dans tous les sens du terme tentant à imager toute la décadence et le vice du milieu haut bourgeois qui font la principale force de ce film à part.
Des messes noires durant lesquelles une jeune fille se fait marquer le vagin au fer rouge à la projection au 19ème des parents d'Andrea et de leurs amis, revêtus d'apparats royaux lors d'un concerto où un jeune noir nu joue du violon alors que tous vont très vite s'adonner à une orgie, Perche si uccidono glisse progressivement vers le cauchemar lors des séquences de trips et de désintoxication dont on retiendra notamment quatre moments forts.
Le premier est celui où émerge d'une montagne de détritus dans un cimetière de voitures alors que sa petite amie surgie de la nuit court vers lui lors d'un oppressant ralenti. Etonnant et délirant est l'instant où sous l'effet de la fièvre Andrea imagine voir une troupe de chirurgiens extraire d'une machine à laver un poupon. Les deux autres grands moments, mis en parallèle, tendent à démontrer la violence dont font preuve les milieux hospitaliers tout au plus égale à celle des dealers eux mêmes. A la séance de torture qu'un dealer fait subir à un pauvre pharmacien en lui injectant de force une dose mortelle d'héroïne répond celle, presque hystérique, où les infirmiers, le visage déformé, maltraitent Andrea en le rouant violemment de coups lors d'une crise de manque.
En dénonçant non seulement cette bourgeoisie pour qui seuls l'argent et la réussite sociale compte mais aussi tout un système, Macario cherche ainsi à excuser les actes de son héros et en faire une victime que rien ne pourra sauver.
Totalement pessimiste, le final mouvementé lors duquel les haines refoulées exploseront pourra étonner puisque après une course à pied effrénée à travers champs, l'image se figera sur Andrea entrain de sauter dans ce qu'on pourra imaginer être le vide.
On reprochera surtout à Macario d'avoir camouflé derrière ce délire visuel un scénario peu approfondi, cachant ainsi bien des lacunes puisque l'histoire reste en elle même trop superficielle et les personnages trop peu définis ou caricaturaux pour qu'on puisse réellement s'y attacher.
Voilà peut être le gros point faible de cet essai hors norme particulièrement négatif qui restera dans les annales du cinéma de genre italien pour son délire et ses débordements visuels.
Accompagné d'une très belle partition musicale signée Willy Brezza, fort inspirée par les Goblins, Perche si uccidono bénéficie en outre d'une interprétation plutôt convaincante avec en tête de distribution Maurice Ronet , seul personnage positif de cette tragédie, meilleur ami de la famille et seule personne à vraiment vouloir aider Andrea, Beba Loncar, belle-mère désintéressée, et Leonora Fani, toujours aussi fragile et candide entraînée ici en plein cauchemar. On soulignera la présence de Luciano Rossi, étonnant et particulièrement sadique dans la peau d'un dealer sans scrupules.