Il tempo degli assassini
Autres titres: La saison des assassins / La bagarre du samedi soir / Season of the assassins
Real: Marcello Andrei
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: polizesco
Durée: 84mn
Acteurs: Joe Dallesandro, Martin Balsam, Rossano Brazzi, Magali Noel, Cinzia Mambretti, Gianluca Farnese, Settimio Segnatelli, Guido Leontini, Ottavio Dell'Acqua...
Résumé: Désillusionné et ne souhaitant pas suivre les traces de son père, Piero est à la tête d'un petit groupe de voyous dont le seul plaisir est de voler, passer à tabac et faire trembler la périphérie romaine. S'il s'amourache de la jeune et innocente Sandra, il n'en continue pas moins ses exactions. Lorsqu'il apprend qu'elle est enceinte, il la fait rosser de coups et violer par ses amis. Un commissaire intransigeant va tenter de les arrêter tandis qu'un prêtre croit encore en la bonté de cette jeunesse perdue...
C'est de nouveau dans les périphéries romaines que Marcello Andrei nous propulse avec Il tempo degli assassini qui s'inscrit une fois de plus dans la lignée d'oeuvres brutales telles que I violenti di Roma bene / La nuit des excitées de Sergio Grieco. Tiré d'un fait divers réel nous apprend t-on, Il tempo degli assassini nous entraîne au coeur d'une jeunesse désillusionnée qui voit dans la violence la réponse à leur mal être.
Ayant perdu toute confiance envers ses semblables et afin de ne pas suivre les traces de son père, le jeune Piero prend un malin plaisir à mener d'une main de fer un petit groupe de voyous dont le seul et unique plaisir est de se battre, voler et massacrer de façon aussi anarchique que gratuite. Un commissaire intransigeant va tenter de les arrêter tandis qu'un prêtre pacifiste voit encore le pardon dans cette jeunesse à la dérive.
Sans rien révolutionner ni rien apporter de nouveau au discours politique, Il tempo degli assassini est une fois encore une vision impitoyable d'une Italie au bord du gouffre ravagée par la violence et le nihilisme d'une jeunesse sans avenir. Si Andrei tente sommairement d'analyser le phénomène et les idées fascistes qui poussent son jeune héros à une telle
attitude, il donne également une certaine épaisseur non négligeable à ses personnages principaux contrairement à Grieco apportant ainsi une certaine ampleur dramatique à l'histoire à travers notamment Piero, la prostituée au grand coeur incarnation des laisser pour compte de la société et la petite amie du héros dont le sort tragique en choquera certains.
Autre originalité ici, le personnage du commissaire. La police ne vaut guère mieux que les voyous qu'elle traque, tout aussi haïssable que tous ces petits malfrats. Le commissaire n'hésitera à consciemment envoyer à la mort un jeune homme en l'utilisant comme indic afin de débusquer ses complices.
Au milieu de cette négativité se dresse la figure du prêtre, seule ombre positive à ce noir tableau, qui croit encore en la bonté de l'âme et à l'avenir de cette jeunesse à qui il ouvre ses bras à ses risques et périls. C'est le combat entre la justice rigide qu'incarne le vieux commissaire et l'Eglise qui de son coté tente de mettre fin à cette violence avec sagesse.
Mais une fois balayé ce soupçon d'analyse, Il tempo degli assassini demeure du pur cinéma d'exploitation, prétexte à accumuler un maximum de sexe et de violence. A ce niveau, le film réjouira les amateurs d'un certain euro-trash. Andrei enchaîne les scènes de bagarre, passages à tabac, vols, poursuites jusqu'au viol insoutenable de la petite amie de Piero qui reste un des grands moments du film. Aprés avoir appris qu'elle était enceinte, il la fera violenter puis violer par ses acolytes afin qu'elle perde l'enfant. Passée à tabac avant de subir les assauts sexuels de ces bêtes déchaînées, elle finira par se jeter du haut d'un balcon. Aussi dure et surtout brutale soit elle, si cette scène en révoltera plus d'un, elle est surtout le reflet de Piero. S'il ne croit plus en l'homme ni en l'avenir donc à la paternité, prisonnier de ses idées et de cet engrenage de violence, il se dégoûte lui même, pris de nausée alors que ses amis violent sa fiancée.
Réalisé de façon efficace, mené tambour battant sur un rythme effréné, Il tempo degli assassini est un intéressant poliziesco particulièrement graphique souvent révoltant interprété par des comédiens investis.
En tête d'affiche, l'ex-icône gay Joe Dallessandro, alors installé à Rome, tentait sa reconversion dans un cinéma plus classique après ses années underground périodeWarhol-Morrissey. La mâchoire carrée, le regard à la fois angélique et cruel, le cheveux lisse, impassible, après avoir été un mafioso barbare et déchainé pour L'ambizioso et un des trois impitoyables voyous de Fango bollente il incarne ici un Piero décidé et sans pitié. A ses cotés, le vétéran Martin Balsam est un commissaire sans états d'âme tandis que Rossano Brazzi se glisse dans la défroque du prêtre. La toujours splendide Magali Noël, ex-égérie de Fellini, prête ses opulentes formes et ses yeux de diamant à la prostituée.
Autour d'eux gravitent tout un éventail de jeunes comédiens que certains reconnaîtront puisque le spécialiste reconnaitra Gianluca Farnese déjà au générique de I violenti di Roma bene dans la peau de Claudio, un des voyous, Settimio Segnatelli, Angelo, issu de Roma drogata: la polizia non piu intervenire dans lequel il était un des jeunes drogués et la jeune Cinzia Mambretti, tout juste sortie de Storie di vità e malavità, dont la beauté candide et la douceur irradient l'écran. Il est étonnant que Cinzia n'ait pas été plus sollicitée par le cinéma. Elle disparut par la suite.
Oeuvre froide et dure, Il tempo degli assassini, bercée par une très belle partition musicale signée Alberto Verrecchia, mérite toute l'attention de l'amateur qui la rangera précieusement aux cotés de I violenti di Roma bene, Ragazzi di Roma violenta et autre Come cani arrabbiati.