Gianluca Farnese, Settimo Segnatelli, Claude Maran: Visages d'un jour N°1
Afin d'inaugurer comme il se doit cette toute nouvelle rubrique que vous retrouverez désormais régulièrement, notre choix s'est porté sur trois jeunes acteurs dont le nom risque d'évoquer bien peu de chose au novice mais l'amateur assidu de cinéma de genre transalpin devrait de son coté pouvoir reconnaitre assez facilement ces trois visages qui disparurent quasiment aussi vite qu'ils étaient apparus, trois acteurs qui ont comme point commun d'avoir été l'incarnation de trois jeunes voyous, chacun à leur manière. C'est en effet avec Gianluca Farnese, Settimo Segnatelli et Claude Maran, trois fort charmants visages-mystères que nous ouvrons aujourd'hui le premier volet d'une longue série.
C'est en 1975 qu'on repère pour la première fois le brun Gianluca Farnese puisqu'il est un jeune voyou play-boy, un des acolytes de Joe Dallesandro dans le brutal polizesco de Marcello Andrei Il tempo degli assassini. C'est sous les balles de la police qu'il mourra lors d'un hold-up raté. Son sourire, son charme latin irradiait ce film souvent violent et c'est donc avec grand plaisir qu'on le revoit l'année suivante dans le tout aussi brutal I violenti di Roma bene de Sergio Grieco. Il incarne une fois encore un voyou, issu cette fois de la bourgeoisie romaine, à la solde du français Pierre Marfurt. Blessé, il tentera de se repentir en fin de film en quittant l'hôpital afin d'éviter une nouvelle tuerie. Ce sera pour Gianluca Farnese son ultime apparition au cinéma puisqu'il disparaîtra pour ne plus jamais faire parler de lui.
C'est en 1975 également que le jeune et blond Settimo Segnatelli fait ses débuts à l'écran dans le polizesco de Lucio Marcaccini Roma drogata: la polizia non puo intervenire. Il y incarne Rudy, un jeune fils de bourgeois surprotégé par sa mère qui ignore ses activités délinquantes. S'il nous offre une rapide scène de nu, c'est, outre sa petite frimousse, son étonnante mort dont on se souviendra puisque durant un mauvais trip sous acides, il s'imagine se transformer en plante avant de se défenestrer. Cette même année on peut revoir le jeune acteur dans Il tempo degli assassini aux cotés justement de Gianluca Farnese. Il interprète là encore un jeune voyou qui cette fois sert d'indic à un commissaire impitoyable ce qui lui coûtera la vie. Ce sera pour Settimo son dernière rôle puisque lui aussi s'évanouira dans le néant par la suite.
Le parcours de Claude Maran est quant à lui plus amusant. De son véritable nom Claudio Marani, Claude avant d'être immortalisé dans l'univers de l'euro-trash transalpin et faire définitivement partie de l'univers morbide de Alberto Cavallone était déjà dans l'industrie du cinéma puisqu'il travaillait dans le milieu du doublage. C'est la raison pour laquelle il croisait de très nombreux réalisateurs qui hantaient alors les studios. C'est là qu'il fit la connaissance de Cavallone en 1978 lorsque le metteur en scène préparait Blue movie. Comme le souligne Claudio, faire du cinéma était alors à la portée de tout le monde, les choses étaient très différentes d'aujourd'hui. C'est ainsi qu'il se retrouve à l'affiche du film dans lequel il incarne non seulement le personnage masculin principal mais c'est également le film pour lequel on se souviendra à jamais de Claudio. Tourné en pratiquement huit jours, Claudio garde un bon souvenir tant du film qu'il découvrit en salles à sa sortie que de ses partenaires dont l'américaine Danielle Dugas avec qui il eut brève romance. Pour les scènes à caractères pornographiques (celle notamment où Dirce Funari lui fait une fellation sur le divan à la lumière d'une lampe de bureau) Claudio eut recours à une doublure contrairement à Leda Simonetti, trés peu exigeante confesse t'il, qui tourna elle même ses scènes hardcore.
Cavallone offrira à Claudio un nouveau rôle quelques années plus tard, en 1984, dans un de ses plus mystérieux films, Il cliente misterioso. Aux cotés de Patricia Behn, Claudio y interprète un avocat mais contrairement à Blue movie, il n'a jamais pu voir le film. Ce fut la dernière collaboration de Claudio pour le cinéma en tant qu'acteur, une période dont il semble garder un agréable souvenir. Il retourna par la suite travailler dans l'ombre des studios.