Come cani arrabbiati
Autres titres: Comme des chiens enragés / Like rabid dogs / Opla pou skorpion ton thanato
Real: Mario Imperoli
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Poliziesco
Durée: 94mn
Acteurs: Jean-Pierre Sabagh, Cesare Barro, Paola Senatore, Annarita Grapputo, Luis La Torre, Gloria Piedimonte, Anna Curti, Paolo Carlini, Mario Novelli, Silvia Spinosi, Marie Farese, Pietro Plinio Quinzi...
Résumé: Trois voyous issus de la haute bourgeoisie italienne dont une redoutable jeune femme sèment la terreur dans Rome. Ils violent et tuent pour leur propre plaisir, cruels, impitoyables. Un commissaire zélé et sa charmante coéquipière tentent alors de les arrêter. Les trois voyous tout en continuant leurs tristes exactions s'amusent à les narguer...
Première incursion dans l'univers du poliziesco de Mario Imperoli qui restera celui qui découvrit et lança la carrière de Gloria Guida avant de se spécialiser dans la comédie aigre-douce, Come cani arrabbiati, à ne pas confondre avec Cani arrabbiati / Chiens enragés de Mario Bava, est un polar brutal qui risque de déconcerter ceux qui ne connaissaient le réalisateur qu'à travers ses comédies.
Si l'ombre d'Orange mécanique plane tout au long du métrage, c'est cependant vers I violenti di Roma bene / La nuit des excitées de Sergio Grieco sorti la même année que se rapproche le plus Come cani arrabbiati dont il reprend maints aspects.
Imperoli plonge une fois de plus le spectateur au coeur d'une Rome corrompue où des bandes de voyous issus de la belle bourgeoisie font régner la terreur par pur plaisir, par sadisme, pour l'argent et par ennui. A l'instar du film de Grieco, Come cani arrabbiati retrace les méfaits de trois délinquants dont une redoutable jeune femme aussi sexy que
dangereuse dont le seul passe-temps est de violer et tuer en tentant d'éliminer ce qui représente pouvoir et réussite, soit l'image du père du chef de gang.
Comme le leader de Grieco, le chef est également le fils d'un haut notable qui profite de sa situation privilégiée pour narguer un jeune commissaire zélé aux méthodes peu orthodoxes qui le soupçonne. Sur cette trame peu originale Imperoli enchaîne donc les scènes de viols et d'exécutions sommaires particulièrement violentes, le plus souvent complaisantes et totalement gratuites, justifiant ainsi le titre du film. Ces chiens enragés à qui il manque
malheureusement une dimension psychologique sont de véritables bêtes déchaînées qui n'éprouvent aucune pitié. Les mises à mort sont souvent révoltantes (l'exécution glaciale et sans sommation de la malheureuse Gloria Piedimonte), les viols quant à eux donnent l'occasion au réalisateur de multiplier des scènes de nu et de sexe tout aussi gratuites. Un portrait mieux dessiné de ces trois chiens aurait sans nul doute apporté un plus au film mais Imperoli n'est pas là pour faire dans la psychologie. Seule la violence intéresse son public, il le sait. Il lui donne donc ce qu'il attend, ce que nous attendons d'une telle pellicule.
Come cani arrabbiati se conclura dans une apothéose de sauvagerie qui si elle n'atteint pas celle du film de Grieco restera tout de même un des grands moments du film, offrant en prime au spectateur la douloureuse pénétration d'une malheureuse victime par le canon d'un fusil avant la mise à mort publique, le lynchage du leader des voyous par la foule déchaînée quasiment filmée en caméra vérité.
Plus étonnant car rare dans le cinéma de genre d'alors est la présence d'une séquence homosexuelle entre deux hommes, malheureusement trop vite interrompue par l'arrivée
fracassante des voyous qui massacreront les deux amants.
Réalisé avec un certain talent, sans temps mort aucun, bénéficiant d'une interprétation des plus correctes, cette production gréco-italienne, exemple parfait de pur cinéma d'exploitation, se rattache sans l'ombre d'un doute au courant de l'euro-sleaze dont il porte toutes les stigmates. Comme bon nombre de ses confrères Imperoli se sert ainsi de son sujet, somme toute assez sommaire, pour mêler efficacement sexe et violence.
Dans cette Rome transformée une fois de plus en nouveau Chicago, encore sous le choc du
carnage de Circeo, on retrouvera Paola Senatore qui après l'échec de Nenè tentait de poursuivre sa reconversion. Elle est ici une fliquette / prostituée fort sexy qu'Imperoli déshabille aussi souvent qu'il peut pour le plus grand plaisir de ses admirateurs. A ses cotés, l'éphémère sexy starlette milanaise Annarita Grapputo trouve ici le rôle de sa courte carrière. Tout juste sortie de Storie di vita e malavita elle incarne une redoutable hyène, une Dark lady aussi impitoyable que ses acolytes joués par le play-boy espagnol Luis la Torre et le futur artiste-peintre Cesare Barro, découvert dans Inhibition, également à l'affiche de I violenti di Roma bene dans lequel il tenait un rôle similaire.
Outre son étonnante complaisance il faut reconnaitre que le principal intérêt du film provient du jeu de ces deux acteurs, Pour Cesare Barro, déchainé, la gratuité de ses actes, son charisme et la relation qu'il entretient avec le second, un inspecteur indolent mais efficace au jeu tout à fait juste interprété par le mono expressif Piero Santi Pulci, un générique rapidement aperçu dans quelques polissonneries le plus souvent dissimulé sous son pseudonyme français Jean-Pierre Sabagh. De ce fait Come cani arrabbiati devient vite aussi malsain que ludique, un amusant jeu de massacre à forte connotation sexuelle fait pour exciter le sadisme d'un public voyeur avide de sensations fortes.
Méconnu, Come cani arrabbiati, rythmé par une efficace partition musicale signée Mario Molino agrémentée de deux chansons de Fabrizio De André dont La canzione di Marinella sur laquelle sera notamment trucidé le pauvre Mario Novelli, est un petit polizesco certes limité mais qui mérite pourtant toute l'attention non seulement de l'amateur mais également des invétérés d'un certain cinéma trash transalpin qui mariait avec une évidente délectation sexe et violence.
Si jusqu'à ce jour la seule copie du film existante était une très mauvaise copie vidéo grecque amputée de bien dix minutes ramenant ainsi le métrage à quelques 85 minutes, Come cani arrabbiati vient enfin de connaitre grâce à nos amis germaniques les joies d'une sortie DVD dans une splendide version remasterisée et surtout intégrale.
Imperoli récidivera dans le genre l'année suivante avec l'atmosphérique et rarissime Canne mozze avec toujours en tête de distribution Pier Santi Pulci.