La donna della calda terra
Autres titres: La mujer de la tierra caliente / Le tropique du désir
Année: 1978
Origine: Espagne / Italie
Genre: Drame / Erotique
Durée: 90mn
Acteurs: Laura Gemser, Stuart Whitman, Pilar Velazquez, Paola Senatore, Francisco Algora, Antonio Gamero, Enrique Alzugaray, Javier Loyola, Carlos Munoz, Patricia Nieto, Adolfo Blum, Sara Mora...
Résumé: Un homme et une femme se retrouvent par hasard à voyager dans une bétaillère. Seuls, désillusionnés, ils vont se raconter l'histoire de leur vie ratée. Lui, un ingénieur, a passé son temps à délaisser une épouse psychotique qu'il adorait mais qui ne l'a jamais aimé, elle, a constamment été trompée par les séduisants jeunes hommes qu'elle a connu qui n'ont vu en elle que sa beauté. Grâce à un vieil homme unijambiste, elle finira par trouver un emploi minable de serveuse dans un bidon-ville. Afin de remercier son bienfaiteur mutilé et en lui trouver une forme d'amour illusoire, elle lui fait l'amour....
Sous la direction de l'espagnol José Maria Forqué Laura Gemser tourna en 1977 cette nouvelle aventure exotique qui retrace les errances de deux personnages esseulés qui se retrouvent par hasard à voyager dans une bétaillère. Chacun va alors raconter l'histoire de sa vie que Forqué met en scène sous forme de longs flashes-back.
Inédit en salles sous nos cieux, La donna della calda terra connu chez nous sous le titre Le tropique du désir est une sorte de mélodrame érotique anodin qui malheureusement ne décolle jamais vraiment. Malgré son coté anecdotique, Il n'est pourtant pas dénué de charme. Est ce la beauté des paysages du Kenya et de l'Amérique du sud, est ce le charme toujours envoûtant de Laura Gemser car malgré le manque d'action et la platitude du sujet, on ne s'ennuie jamais vraiment.
La donna della calda terra retrace les itinéraires de deux personnages, un ancien ingénieur qui a passé sa vie a délaissé une épouse psychotique dont il était fou amoureux mais qui ne l'aimait pas et une jeune fille qui n'a jamais trouvé le véritable amour, déçue par les hommes qu'elle a aimé. Le destin les a réuni dans cette bétaillère, seul moyen de locomotion qu'ils ont trouvé pour traverser le pays. Le temps du voyage ils vont être unis dans leur malheur, vont se rapprocher et s'aimer follement. L'un à travers l'autre ils semblent avoir trouvé ce qu'ils ont toujours cherché.
Si le sujet est intéressant, tout reste malheureusement à l'état d'ébauche. Jamais Forqué ne tente d'approfondir ses personnages, de leur donner une certaine consistance. Ils restent aussi fantômatiques qu'anonymes. Cependant, étrangement même, malgré cette superficialité, c'est avec un certain plaisir qu'on suit le parcours de ces deux âmes à la dérive même si ce ne sont pas tant les déboires amoureux de cet homme et les phobies de son antipathique épouse qui intéressera le plus ici mais plutôt la vie erratique de Laura. Aprés bien des déceptions elle trouvera finalement un emploi de serveuse dans un bidonville tentant d'aimer l'homme, un vieil autochtone unijambiste, qui lui a offert non seulement ce travail mais aussi le gîte, amour illusoire qui lui offre un peu de réconfort dans cette vie jonchée de malheurs. Pathétique certes, cruel et ironique certainement comme peut l'être une vie mais la jeune femme aprés avoir connu tant de séduisants jeunes hommes qui ont profité de sa beauté semble enfin heureuse auprés de ce vieillard mutilé.
Plus étonnant est le final, larmoyant. Les deux inconnus feront l'amour, heureux, ayant enfin trouvé un sens à leur vie, avant que celle ci ne les sépare, chacun devant suivre le chemin qu'il s'était donné au départ avant de réaliser l'erreur qu'ils commettent.
Curieusement, Forqué va clôturer son film par un retournement de situation inattendu qui donne soudainement au film une dimension fantastique qui laissera l'imagination du spectateur aller bon train.
Doté d'une mise en scène mollassonne à l'image de ses protagonistes usés par la vie, La donna della calda terra, bercée par une extraordinaire partition musicale signée Carlo Savina, est une gentille bluette qui s'inscrit parfaitement dans le riche filon des films exotico-érotiques trés en vogue dans les années 70. Si l'émotion n'est pas forcément au rendez-vous, le film n'en est pas moins attachant même s'il n'est jamais à la hauteur d'un scénario fort prometteur. En fait, Forqué nous livre un simple film d'exploitation, sans ambition autre que d'étaler avec insistance la misère que prolonge d'une certaine façon les médias, notamment la télévision en diffusant sans répit les images de la pauvreté à travers notre societé de consommation.
Si Forqué n'a pas le talent de D'Amato pour mettre réellement Laura en valeur, elle n'en demeure pas moins splendide dans chacune des scènes où elle apparait même si cette fois l'érotisme reste plutôt soft si on excepte la séquence où elle fait l'amour avec Gabriele Tinti et celle où une prostituée masturbe deux camionneurs. Plus morbides sont les scènes où Laura se donne à son bienfaiteur handicapé qui renforce le coté miséreux de l'ensemble.
A ses cotés on retrouvera le vétéran Stuart Whitman qui incarne l'homme, Pilar Velasquez se glisse dans la peau de son irascible épouse. L'amateur remarquera la courte mais savoureuse apparition de Paola Senatore en prostituée au grand coeur.
Laura garde un souvenir amusé de ce film puisque durant tout le tournage Stuart Whitman qu'elle retrouvera en 82 pour Horror safari ne cessa de la séduire au grand dam de Gabriele Tinti qui dut mettre les points sur les i à l'invétéré charmeur.