Les raisins de la mort
Autres titres: The grapes of death
Real: Jean Rollin
Année: 1978
Origine: France
Genre: Horreur
Durée: 90mn
Acteurs: Marie Georges Pascal, Felix Martens, Serge Marquand, Brigitte Lahaie, Mirella Rancelot, Patrice Valota, Patricia Cartier, Paul Bisciglia, Michel Herval, Evelyne Thomas, Jean-Pierre Bouyxou, Olivier Rollin...
Résumé: Lors d'un voyage en train, Elisabeth découvre qu'une de ses amies a été tuée par un passager devenu fou. Elle parvient à sauter du train et s'enfuit à travers la campagne sauvage. Elle trouve refuge chez un villageois mais elle découvre vite qu'il est tout aussi fou. Les habitants de la régions ont tous été contaminé par le vin qu'ils ont bu. Les vignobles ont été en effet aspergé par un pesticide trés dangereux. La population se transforme en zombis...
Aprés avoir consacré une partie de sa carrière dans les années 70 à sa saga des vampires, Jean Rollin, un des seuls réalisateurs à tenter tant bien que mal à faire vivre un certain cinéma fantastique français, délaisse ses jeunes filles au teint blafard et aux dents acérées errant la nuit dans des cimetières pour un cinéma d'horreur plus classique avec Les raisins de la mort qui se révèle vite être une agréable surprise.
Sur une idée de départ intéressante, Rollin signe un film d'écologie-fiction où l'horreur provient d'un des produits les plus représentatif de notre bon terroir, le vin. Si bien souvent on a reproché à Rollin le coté hasardeux de sa mise en scène et surtout la médiocrité de l'interprétation, Les raisins de la mort déroge quelque peu à la régle. Il a cette fois non seulement soigné la réalisation mais il s'éparpille beaucoup moins que d'accoûtumée grâce à un scénario plus travaillé et solide mais également un choix d'acteurs plus professionnels qui surtout récitent beaucoup moins leur texte.
Autre atout et non des moindres de cette dramatique histoire de contamination: le décor naturel merveilleusement bien mis en valeur par un Rollin inspiré. Les austères et sauvages paysages du Causse, ses villages de pierre abandonnés à travers desquels se perd l'héroine sont utilisés ici de manière grandiose et servent à merveille de décor à cette histoire de zombis vineux errant dans ces ruines balayées par le vent. Rollin parvient de manière surprenante à faire naître l'angoisse par le biais de séquences magnifiques tant sur le plan visuel qu'émotionnel. De la scène d'ouverture qui nous présente les ouvriers viticoles pulvérisant innocemment leur pesticide inconscients des conséquences mortelles à l'exploration de ce train vide qui s'arrête à une gare tout aussi déserte dans lequel voyagent deux amies, la scène où l'héroine s'enfuit sur un pont noyé dans le brouillard (on pense ici irrésistiblement à L'au delà de Fulci), les errances et les attaques de la population zombifiée sans oublier la scène finale dans les cuves à vin, il émane des Raisins de la mort une certaine poésie appuyée par une partition musicale synthétique lancinante et envoûtante.
Rollin ne lésine guère sur les effets sanglants plutôt réussis. Crucifixion, décapitation à la hache, décomposition charnelle, enfourchements... sont ici au menu pour le plus grand plaisir de l'amateur.
On pourra reprocher au Raisins de la mort son manque d'originalité puisqu'il n'est en fait qu'un simple démarquage de quelques grands classiques du genre dont La nuit des morts-vivants mais on passera outre trés vite vu le soin apporté à l'ensemble et la bonne volonté visible de Rollin captivé par l'atmosphère désespérée du film.
Même s'il s'attaque ici au mythe du zombi, Rollin reste fidèle à son amour du vampirisme par l'éternel tryptique Je t'aime, je te tue, tu me ressembleras mais il sublime aussi l'amour capable de passer outre la maladie et par conséquent l'horreur. Ainsi l'héroine reste auprés de son fiancé rongé par le mal. Malheureusement la normalité se doit d'être, la mort et la folie reprendront donc leur droit, triomphant de cette normalité bienfaisante représentée par les ouvriers sains. C'est sur une image bien pessimiste que se clôturera le film, les gouttes de sang en lieu et place du vin tombant lentement de la cuve sur le visage au regard vide de l'héroine.
Sans rien innover, Les raisins de la mort est sans nul doute l'une des oeuvres de Rollin les plus abouties. Il reste à ce jour une petite réussite du fantastique français même si plus de rigueur aurait été bienvenue.
Les admirateurs de Brigitte Lahaie auront le plaisir de la retrouver dans un petit rôle dans lequel elle dévoile une fois de plus ses charmes, la maladie ayant miraculeusement épargnée son corps parfait. Actrice qui tourna beaucoup pour le cinéma, la brune Marie Georges Pascal qui campe Elisabeth, l'héroine, s'est suicidée cinq ans aprés le tournage du film. Les raisins de la mort est une excellente occasion de revoir son visage.