La gemella erotica
Autres titres: Due gocce d'acqua / The erotic twins
Réal: Alberto Cavallone
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Thriller / Erotique
Durée: 90mn
Acteurs: Danilo Micheli, Sabrina Mastrolorenzi, Patrizia Behn, Guia Lauri Fulzi, Pauline Teutscher, Fabienne Pareti, Rick McShoot, Eva Rey, Paolo Celli, David Seye...
Résumé: Lisa est mariée et tout irait pour le mieux si elle n'avait pas la désagréable impression que sa soeur jumelle Norma est pour elle une menace. Norma est aussi dépravée que Lisa est prude. Plus les jours passent et plus Lisa se sent menacée par cette soeur qui vit dans son ombre. Elle met même son mariage en danger. Mais Norma existe t-elle vraiment? N'était elle pas qu'une projection des fantasmes les plus pervers de Lisa?
Toujours difficiles d'accès, les oeuvres de Alberto Cavallone font partie de ce cinéma transgressif italien à contre courant souvent osé. La gemella erotica même s'il est signé Cavallone diffère pourtant des oeuvres précédentes du metteur en scène. S'il hésite souvent entre érotisme hard et pornographie avouée, La gemella erotica ne porte guère la griffe du réalisateur qui semble ici se désintéresser totalement de cette histoire dont il n'a que faire.
Sur une base de scénario assez alambiqué le film n'est malheureusement qu'un simple thriller érotique bas de gamme qui nous entraine dans l'univers perturbée de Lisa, une femme qui se sent de plus en plus menacée par sa soeur jumelle, Norma, aussi dépravée que Lisa est prude. Toute l'intrigue repose sur le fait de savoir si Norma existe vraiment ou si elle n'est qu'une projection de l'esprit de Lisa à travers laquelle elle vit ses fantasmes les plus pervers et se libère de ses inhibitions.
Lisa et Norma ne seraient finalement qu'une nouvelle incarnation du Dr Jekyll et Mr Hyde. Cavallone tente avec maladresse de nous entrainer dans le monde fantasmatique de son héroïne comme il l'avait fait pour ces petits bijoux que sont Blue movie et Dolce mattatoio mais il manque cette fois au film ce coté surréaliste et parfois hallucinant, ce symbolisme violent qui donnait à ses oeuvres précédentes cette force incroyable. La gemella erotica ennuie plus qu'il ne passionne ou ne dérange. Poussif et par instant pompeux, à aucun moment le spectateur n'a l'impression d'être devant un film de Cavallone tant rien ne lui ressemble à l'intérieur. Et ce n'est pas le final qui suscitera en lui un regain d'intérêt. Bâclé, abrupt, il n'apportera aucune véritable réponse et risque d'en laisser plus d'un sur sa faim. Si les questions et les doutes s'amoncellent lorsque apparait le mot Fin, le spectateur, abattu par tant d'ennui, n'aura guère envie de trouver des réponses puisque le film ne le mérite pas vraiment.
Si la seule version qui circule désormais sur le marché est définitivement exempte de toute scène de sexe explicite, le film fut pourtant tourné originellement en version hardcore. La présence de Danilo Micheli, déjà à l'affiche du précédent film de Cavallone, Blow job, et des porno divas italiennes d'alors telles que la hollandaise Pauline Teutscher, Patrizia Behn, Sabrina Mastrolorenzi dont c'était une des toutes premières prestations X alors qu'elle était encore mineure et la carnassière Guia Lauri Filzi en témoignent. Signalons que Guia double également Patrizia Biehn alias Patrizia Gasparini lors des séquences pornographiques. Lors d'une interview qu'il donna en 2007, Danilo Micheli avoue qu'il a autrefois vu en salles à Turin la version X du film.
Cavallone affirmait avoir quitté le film avant la fin du tournage mais il est tout même crédité en tant que monteur. Voilà peut être pourquoi La gemella erotica semble être à des lieues des oeuvres habituelles du réalisateur. La gemella erotica est tout juste honorable mais c'est loin d'être suffisant pour le qualifier d'honnête voire de bon thriller... très loin même.