Maniaco Deprebis

Déjà responsable la même année d'une autre décamérotique, Canterbury proibito, Italo Alfaro, metteur en scène toscan qui avait déjà derrière lui une longue carrière télévisée, réunit nous dit-il dans cette nouvelle adaptation des contes érotiques de Boccace les plus belles femmes de ses célèbres récits. Voilà qui est beaucoup plus justifié que le titre L'ultimo Decameron sous lequel le film est également connu (il y eut bien d'autres Décaméron par la suite) puisque se retrouvent notamment au générique Femi Benussi, délicieuse, Beba Loncar, superbe, Marina Malfatti qui délaisse ici le théâtre à des fins alimentaires et la blonde Antonella Murgia.

Decameron N.3: le piu belle donne del Boccaccio si on excepte le prologue intitulé Madonna Filippa se compose de six segments dont le point commun est qu'il nous présente tous des maris souvent très jaloux cocufiés par leur épouse fort maligne jamais en mal de stratagèmes. Chacun des sketches est relié cette fois par les chants de deux ménestrels qui nous présentent les protagonistes des diverses histoires. Le film s'ouvre dans une auberge où les deux troubadours débarquent alors qu'un procès y est curieusement donné, celui de Donna Filippa, une femme accusée d'adultère. Repu, le juge s'endort sur le tonneau qui lui sert de bureau et commence alors les historiettes toutes basées sur ce délit.

La première, Ricciardo minutolo, nous conte les aventures de Donna Catella à qui Ricciardo fait croire grâce à un habile mensonge que son mari la trompe afin de pouvoir tranquillement coucher avec elle.
Suit Nicostrato ou comment la belle Lidia afin que son domestique puisse la courtiser prétend être sous l'emprise d'une poudre magique. celle ci aurait la faculté de donner à son vieux mari des hallucinations durant lesquelles il verrait sa femme avec son bel amant.
Le troisième segment, Il coltello, s'attache à la brulante Donna Isabella qui n'a pas un amant mais deux, un jeune freluquet imberbe et un ogre aussi velu que barbu, à qui elle se donne chacun à leur tour. Bien entendu son mari la surveille mais bien difficile est de la prendre en flagrant délit.

Il geloso narre les amourettes d'une épouse infidèle et de Filippo, un jeune homme joué par le fringant Gino Milli qu'elle accueille dans sa chambre grâce à une ouverture pratiquée dans le mur. Si son mari particulièrement jaloux l'y enferme chaque jour, c'est avec malice qu'elle peut ainsi le tromper.
Madonna Francesca s'intéresse quant à lui au difficile choix que doit faire la plantureuse Francesca. Le cadavre de son mari momifié seulement mis en bière, elle doit choisir avec lequel de ses deux amants elle veut aller. Déguisés en momie afin de mieux tromper l'ennemi et effrayer d'éventuels témoins, ils vont s'affronter pour leur belle mais c'est finalement un troisième amant qui possédera Francesca.

Le sixième et dernier épisode, Il monaco, concerne deux prêtres franciscains en quête de chicorée qui se battent pour les grâces d'une jeune et belle paysanne qui doit leur en fournir. Ils l'accueillent dans leur monastère.
Mené par une très agréable partition musicale signée Zambrini et l'amusante chanson phare paillarde Zirin-Ziron Decameron N.3 dont le scénario fut écrit par l'infatigable Luigi Russo n'est certainement pas le plus coquin ni le plus érotique des décamérotiques. Afin de satisfaire notre insatiable soif d'absolue nudité on devra en effet se contenter de quelques furtifs plans de poils pubiens qui sont en fait de judicieux inserts, quelques poitrines dénudées et de très rares plans lointains de nu intégral. C'est Femi Benussi qui se dévêt le

plus facilement (mais est ce étonnant), laissant transparaitre ses atouts les plus intimes à travers une nuisette transparente dans la plus grande tradition de la sexy comédie, un genre dont elle deviendra une des principales reines quelques mois plus tard. Ce manque d'érotisme est d'autant plus regrettable que le titre nous promettait tout de même un assortiment des plus belles femmes "boccaciennes". Si elles sont bel et bien elles restent par contre un peu trop vêtues. Les amateurs de petits fessiers masculins que nous sommes seront quant à eux un brin plus chanceux puisque Alfaro leur en offre quelques uns aussi brèves que soient ces généreuses visions.

Assez éloigné des contes originaux de Boccace, Decameron N.3 n'est peut être pas le meilleur des décamérotiques mais il se laisse cependant regarder avec un certain plaisir, fier d'une mise en scène plutôt alerte et d'une interprétation convaincante de la part d'acteurs et d'actrices qui visiblement s'amusent. Jamais trop égrillard ni trop stupide, il demeure un honnête et fort sympathique petit film, divertissant, léger dont la grande originalité outre le fait d'avoir été tourné dans les beaux décors naturels du château de Gubbio notamment le palais des consuls et ses ruines, est ce clin d'oeil que font toutes les actrices au spectateur à la fin de chaque segment comme pour mieux en faire leur complice. Signalons aux novices qu'ils ne doivent pas confondre Decameron N.3: le piu donne del Boccaccio avec la troisième décamérotique que tourna Joe D'Amato, Novelle galeotte d'amore connu également chez nous sous le titre Décaméron 3.