Maniaco Deprebis

Si on doit à Ferdinando Baldi quelques uns des fleurons du western spaghetti tels que Texas addio, Les pistoleros de l'Ave Maria ou Blindman le justicier aveugle on lui doit également quelques très bons films d'aventures avant qu'il ne sombre en fin de carrière dans le plus pur cinéma d'exploitation avec notamment Terreur express.
A la fin de années 80 sous le pseudonyme de Ted Kaplan c'est à un autre type de cinéma de genre qu'il s'attela, le film de guerre et d'action, très en vogue en Italie à cette époque suite au succès au box office mondial de films tels que Rambo. Soldat maudit est le second de

trois films inédits en salles que Baldi dirigera, le premier fut Warbus / Opération commando en 1985, le troisième sera Missione finale / Ten Zan: the ultimate mission en 1988. Soldat maudit et Ten zan furent destinés aux marchés de la série B américaine suite au succès de Warbus / Opération commando sur le vieux continent. C'est avec ces trois pellicules que le metteur en scène bouclera sa longue carrière au grand écran.
Si Un soldato maledetto n'est certainement pas le plus mauvais des trois Rambosploitations que dirigea Baldi. Mais on est tout de même loin des oeuvres d'Antonio Margheriti que Baldi a bien du mal à égaler. S'il n'a pas le talent et surtout le savoir-faire de

son confrère, le film se laisse pourtant voir sans réel ennui et surpasse assez facilement certaines oeuvres du même acabit sorties à la même époque comme entre autre exemple le piètre Blood commando de Tonino Valerii.
Sur un scénario ultra classique Baldi signe une petite série routinière dont la platitude (et l'invraisemblance) du scénario est vite comblée par une mise en scène qui fait la part belle à l'action ici amplement privilégiée. Explosions, combats et attaques de bases militaires se succèdent dés le générique d'ouverture, l'ensemble agréablement agrémenté de quelques scènes de violence plutôt étonnantes comme cette femme torturée au couteau. Il est

dommage que la réalisation aussi professionnelle soit elle soit parfois un peu molle, souvent privée de cette vitalité, de cette énergie indispensable à ce type de production.
Malgré ses défauts de mise en scène et le budget miséreux dont Baldi a bénéficié Soldat maudit reste cependant un fort sympathique divertissement, un pur produit de série B à usage rapide qui contient tous les éléments inhérents au genre: de jolis décors exotiques philippins où évoluent au milieu des embuscades et des explosions une poignée de soldats asiatiques belliqueux, quelques virils mercenaires qui sentent bon la transpiration et la poudre de fusil, le tout arrosé d'un zeste de sagesse orientale et quelques éclats de violence.

On retrouvera aux cotés du musclé Peter Hooten aussi fade qu'il a les yeux bleus dans le rôle du chef de ce commando suicide l'imposante stature de Mark Gregory, en treillis et chapeau à la Indiana Jones vissé sur la tête, qui gagne de plus en plus en jeu ce qu'il perd enfin en rigidité. Mark devenu depuis 1987 le Rambo italien officiel s'en sort haut la main, prouvant à ses détracteurs qu'il n'est pas si mauvais comédien. Bien au contraire. Loin semble être le temps des Guerriers du Bronx. Mark sera l'année suivante le principal protagoniste de Ten zan: missione finale qui marquera le chant du cygne de sa carrière débutée en 1982. Au coeur de cette jungle on reconnaitra également l'ex-légionnaire

espagnol Romano Kristoff, Goffredo Unger et le vétéran Mike Monty. Un véritable commando de "gueules" brulées! La touche féminine quant à elle revient à l'éphémère américaine Christine Leigh qu'on reverra par la suite dans deux sous Indiana Jones transalpins Sulle tracce del Condor et Caccia allo scorpione d'oro avant qu'elle ne disparaisse.
Dans la vague de films italiens qui surfèrent sur l'impact Rambo on a vu bien pire comme on a vu bien meilleur également mais il faut reconnaitre que Soldat maudit se hisse au dessus de la moyenne de la production et remplit parfaitement son objectif principal: distraire tout en amusant le spectateur. Un peu plus de nerf, de tension et le résultat aurait été presque parfait.