Maniaco Deprebis

Suite au triomphe planétaire que furent Rambo et Platoon l'Italie, toujours prête à copier les gros succès du box office américain, délivra toute une série de petits films de guerre et d'aventures parfois fort réussis, parfois tristement miséreux. Warbus / Opération commando fait non seulement partie de cette liste mais également des productions les plus acceptables. Vieux routard du Bis transalpin spécialisé dés les années 60 dans le western et

le film d'aventures, Ferdinando Baldi met son savoir-faire au service d'un scénario certes classique, peu original mais cependant efficace. Il nous entraine au coeur de la jungle vietnamienne où un commando américain doit rejoindre une de ses bases militaires. C'est avec un bus emprunté à une mission que les soldats vont devoir traverser cet enfer vert où de nombreux dangers les attend, l'ennemi étant caché là où l'attend le moins. On l'aura vite compris, l'histoire n'est qu'un joli prétexte pour enchainer les scènes d'action agrémentées de nombreux effets pyrotechniques suffisamment réalistes pour retenir l'attention. L'idée de départ était à la base intéressante puisque Warbus / Opération commando devait

ressembler à une sorte de survival dans un vieux bus scolaire que les mercenaires ont réquisitionné pour rejoindre leur base. Le concept est assez vite oublié puisque c'est beaucoup plus à l'extérieur que l'action se déroule, le car étant plus un moyen de locomotion précaire qu'un lieu de résistance. Warbus se transforme donc très rapidement en un énième Namsploitation dont le principal défaut est un manque d'inspiration visible. On oubliera les improbabilités, on passera sur certaines invraisemblances, on ne retiendra que l'aspect spectaculaire de l'ensemble même si on a vu bien mieux dans le genre. On est en effet

assez loin des oeuvres d'Antonio Margheriti notamment de Héros d'apocalypse, Tornado et Tiger Joe mais Baldi a suffisamment de maitrise pour épater son public à travers tout l'éventail du film de guerre habituel: village pris d'assaut, tirs en rafales et explosions multiples, pièges de toutes sortes, animaux sauvages, cibles humaines... Baldi connait son sujet et fait de son mieux avec le peu de budget dont il dispose.
Le principal défaut de Warbus est en fait son rythme trop en dents de scie qui alterne de très bonnes séquences à des passages plus anémiques qui ternissent quelque peu le plaisir

pris au visionnage du film. Il est toujours assez dérangeant de démarrer sur les chapeaux de roue pour ensuite ralentir pour mieux repartir puis de nouveau mettre le pied sur la pédale de frein avant un final explosif. Ces à-coups sont le point faible de ce Namsploitation qui multiplie les répliques idiotes mais inhérentes à ce style de cinéma et étale les corps musclés de ses héros, l'américain Daniel Stephen en tête, bellâtre trop pataud pour ne pas faire sourire dans le rôle principal, les plus convaincants et solides Urs Althaus et Romano Kristoff, un habitué du film de guerre et de karaté. A eux trois ils redonnent un peu de vie à

une affiche un peu faiblarde, plus spécialement l'asiatique Zernie Zarate d'une mollesse contagieuse dans la peau du général vietnamien et la fade Gwendolyn Hung, l'élément féminin indispensable au genre, qui semble ne pas exister.
Malgré ses défauts et son manque d'inspiration, Warbus / Opération commando est une honnête et divertissant série B de guerre italienne, un Namsploitation qui se laisser regarder avec un certain plaisir. Dans sa catégorie, le film de Baldi se hisse sans mal au dessus de la moyenne. Voilà qui est déjà un honneur.
Pierluigi Ciriaci tournera en 1988 une pseudo séquelle au film, Afghanistan: the last warbus, avec cette fois l'incontournable Mark Gregory aux commandes du vieux bus qui devra traverser pour la circonstance l'Afghanistan.