Maniaco Deprebis

Si le novice pourrait penser que Savage island est un film à part entière qu'il se détrompe car il s'agit en fait d'un film de composition, d'un assemblage des deux WIP que tourna Edoardo Mulargia, Les évadées du camp d'amour et Les tortionnaires du camp d'amour 2, auquel le réalisateur américain Nicholas Beardsley ajouta de nouvelles séquences réalisées à Los Angeles avec la participation de Linda Blair.
Saura t'on jamais si Linda sut un jour pourquoi elle dut tourner ses scènes additives à savoir la séquence d'ouverture et le final. Les deux films de Mulargia réalisés simultanément en 1979 dans les mêmes décors et avec la même équipe de comédiens nous racontait la vie d'un groupe de détenues dans un camp de travail perdu au coeur de la jungle dont le principal travail était la recherche d'émeraudes. Il était alors simple de présenter Linda Blair comme étant une des amies de ces détenues qui trouva la mort durant leur fuite. Haineuse, elle est donc venue venger ces femmes en tuant le grand patron mafieux de ces prisons infâmes. Face à lui, mitraillette au point, elle nous fait revivre lors d'un long flash-back l'histoire de ces prisonnières. Commence alors un long collage des principales séquences des deux films de Mulargia qui aboutira au final où Linda tuera de sang froid le haut responsable.
Simple, facile, efficace ou comment faire du neuf avec de l'ancien. L'ensemble est plutôt convenablement assemblé, Beardsley a choisi les scènes les plus palpitantes des deux WIP de Mulargia. Il en gomme ainsi les défauts et la lenteur pour ne garder que le coté sadique. En cela, Savage island est un WIP de bonne facture contenant tous les ingrédients qu'en attend l'amateur. Le seul ennui qui passera inaperçu à l'oeil du novice mais qui fera sourire les autres, c'est la distribution elle même. Si elle était identique dans les deux films originaux, les acteurs n'y avaient pas forcément les mêmes rôles. Cela donne à Savage island un coté souvent incohérent. Ainsi Antonio De Teffè apparait au gré des scènes dans la peau du médecin du camp ( Les évadées du camp d'amour) ou en chef révolutionnaire ( Les tortionnaires du camp d'amour) tandis que le directeur du camp prend les traits tour à tour de Luciano Rossi et Luciano Pigozzi. Cela ne gêne globalement pas la vision du film mais ne passera pas inaperçu aux yeux des experts qui souriront régulièrement. Les fans de Linda Blair seront quant à eux ravis de revoir leur idole en femme fatale tout en jarretelles et guêpières sous sa fourrure dans la peau d'une pro de la mitraillette, l'espace de quelques minutes seulement.
Si on devait trouver un avantage à Savage island c'est qu'il permet ainsi de voir deux films en même temps. Quel gain de temps!