Nella stretta morsa del ragno

Autres titres: Les fantômes de hurlevent / Le prisonnier de l'araignée / Edgar Poe chez les morts-vivants / In the grip of the spider / E venne l'alba... ma tinto di rosse / Dracula in the castle of blood / And comes the dawn... but colored red
Réal: Antonio Margheriti
Année: 1971
Origine: Italie
Genre: Epouvante
Durée: 102mn
Acteurs: Anthony Franciosa, Michele Mercier, Karin Field, Klaus Kinski, Silvano Tranquili, Peter Carsten, Raf Baldassarre, Irinina Maleeva, Carla Mancinbi, Enrico Osterman, Marco Bonetti, Vittorio Fanfoni...
Résumé: Un journaliste décide une veille de Toussaint d'interviewer Edgar Allan Poe qui lui conte un de ses récits. A la suite de leur entretien, le journaliste lance le pari qu'il pourra passer une nuit entière dans un château réputé hanté. La nuit va être très longue pour le pauvre homme, prisonnier des fantômes qui errent dans ce manoir...
Dans les années 60, Mario Bava, Riccardo Freda et Antonio Margheriti furent à la tête du mouvement gothique transalpin et offrirent aux spectateurs avides de jolies héroïnes en détresse dans de sombres châteaux des petits chefs d'oeuvres tels que Le masque du démon, La vierge de Nuremberg, Le corps et le fouet ou encore Danse macabre qui reste aujourd'hui un des plus beaux films de Antonio Margheriti. Petit bijou d'angoisse macabre à l'érotisme vénéneux dans lequel resplendissait le charme ensorceleur de Barbara Steele, ce film demeure un des piliers du cinéma gothique italien.
C'est donc dix ans plus tard que le réalisateur mit en chantier ce remake en couleur de son chef d'oeuvre. Mais était ce bien utile? Margheriti n'a jamais caché que ce n'était qu'un simple film de commande qu'il n'avait jamais réellement apprécié d'autant plus qu'il n'avait rien à apporter de plus à Danse macabre. Est ce donc la raison pour laquelle Les fantômes de hurlevent semble manquer de cette aura maléfique qui caractérisait son modèle? Le film reflète le manque d'enthousiasme et de conviction du réalisateur, principal défaut de ces Fantômes de hurlevent connu également en France sous les titres Edgar Poe chez les morts-vivants et Le prisonnier de l'araignée.
Pourtant, Les fantômes de hurlevent est loin d'être le ratage que certains veulent y voir. Certes, il souffre de sa comparaison avec Danza macabra mais en tant que tel, voilà un petit film d'épouvante gothique que l'amateur saura apprécier à sa juste valeur. Se déroulant en une seule nuit- moment propice aux rêves et aux fantasmes- Les fantômes de hurlevent débute une veille de Toussaint lorsque le héros, un journaliste, rencontre Edgar Allan Poe qui lui conte une de ses récits à la suite duquel le valeureux journaliste parie de pouvoir rester toute une nuit dans un château réputé maudit.
Rien ne change dans l'intrigue qui reste fidèle à l'originale. Margheriti déploie alors tout l'attirail propre au genre. Dans un très beau décor du début du 19ème siècle, il nous invite à passer cette veillée de Toussaint dans un vieux château hanté encombré d'objets qui appartiennent au passé, de ses portraits, ses chandeliers et ses toiles d'araignées au milieu desquels un groupe de fantômes jouent et rejouent un drame passionnel qui s'y est jadis déroulé.
Tourné comme d'accoutumée en un magnifique scope et accompagné d'une partition musicale tout en violon signée Riz Ortolani, l'amateur n'a plus qu'à se laisser séduire par cette ambiance délétère. Malheureusement cet esthétisme ne suffit ni à cacher ce manque de conviction ni cette absence d'âme encore moins la mollesse de la réalisation et la lenteur du récit. Il est fort dommage que Margheriti n'ait pas profiter de l'évolution de la censure pour pour approfondir le coté érotique du film déjà bien amorcé dans Danse macabre où il se faisait certes discret mais terriblement vénéneux. S'il reste ici toujours aussi discret, il perd ce coté vénéneux que lui insufflait tout spécialement la beauté ensorceleuse de Barbara Steele remplacée ici par la blonde Michele Mercier qui n'en est que le pâle et lointain reflet. Si belle et blonde soit elle, elle demeure fade, loin de dégager ce souffle diablement érotique qui émanait de l'étourdissante Barbara.
On reste sans cesse dans le conventionnel, on savoure les belles images et on suit passivement cette histoire classique de fantômes errants auquel le héros parviendra à échapper à l'aube naissante avant que la maison ne se charge bien ironiquement de son sort.
Si Michele Mercier n'est pas Barbara Steele, Anthony Franciosa n'est pas Georges Rivière même s'il reste un Alan Foster fort crédible aux cotés de Silvano Tranquilli et la brune Karin Field. Klaus Kinski qui incarne Edgar Allan Poe lors du prologue reste fidèle à lui même, incapable de jouer avec nuance. Il en fait des tonnes comme d'habitude, cabotine et surjoue.
Si cette version couleur de Danza macabra s'avère donc un remake plutôt inutile, il n'en demeure pas moins un honnête film d'épouvante gothique qu'on aura un certain plaisir à suivre si on oublie un tant soit peu son modèle pour mieux apprécier sa photographie et cette recherche esthétique, véritable atout de ces Fantômes de hurlevent.