Storia di una monaca di clausura
Autres titres: Une histoire du 17ème siècle / Der nonnen spiegel / Story of a cloistered nun
Réal: Domenico Paollela
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Nunsploitation
Durée: 92mn
Acteurs: Eleonora Giorgi, Catherine Spaak, Suzy Kendall, Martine Brochard, Isabelle Marschall, Umberto Orsini, Caterina Boratto...
Résumé: La jeune Carmelia a été promise dès sa naissance à un mariage forcé. Eperdument amoureuse d'un jeune gueux, elle est envoyée par son père au couvent. Carmelia va découvrir la vie conventuelle, ses punitions, ses humiliations mais aussi le vrai visage de ces soeurs, intrigantes et frustrées. Ecoeurée par cette hypocrisie, elle renoncera au voile et refusera les avances de Soeur Elisabetta. Cette dernière se vengera en faisant assassiner le jeune fiancé de Carmelia...
Réalisé la même année que Les religieuses du St Archange, Storia di una monaca di clausura toujours sous la férule de Paollela et Tonino Cervi au scénario, nous plonge une fois de plus dans la vie conventuelle d'une abbaye du 16ème, celle de San Giacomo.
Si Les religieuses du St Archange tentait de dénoncer l'hypocrisie d'une Eglise érigée en entité politique corrompue et pervertie par la noblesse rongée par l'avidité, le pouvoir et l'argent à travers un groupe de religieuses reflétant cette Eglise, Storia di una monaca di clausura, tiré dit on d'un fait divers réel, traite de ces jeunes filles cloitrées de force par leur famille.
Si le sujet était déjà souligné dans Les religieuses du St Archange il en est ici le thème principal. C'est ainsi que la jeune Carmelia est envoyée au couvent après qu'elle ait refusée un mariage arrangé depuis sa naissance pour Giuliano, un gueux dont elle est follement éprise.
Elle va y découvrir dans un premier temps l'humiliation et les souffrances charnelles inhérentes à la vie conventuelle. Ce sont les flagellations à la corde de chanvre et les punitions où les soeurs doivent ramper tels des animaux jusqu'aux pieds de la Mère supérieure tout en léchant le sol. Dans un second temps elle découvrira les relations particulières qu'entretiennent les religieuses avant de découvrir le vrai visage de ces représentantes de Dieu qui derrière le voile cachent non seulement leurs frustrations et leurs de désirs de femme mais également une âme d'intrigante.
Moins dénonciateur que son prédécesseur, plus épuré, peut être un peu plus ennuyeux du moins dans sa première partie, Storia di una monaca di clausura n'en est pas moins fort intéressant. Il met en exergue la frustration de ces religieuses qui le soir dans des chambres secrètes se retrouvent entre elles vêtues des plus beaux atours. Elles se muent en véritables nobles qui à la lueur des chandelles semblent revivre et être enfin ces femmes qu'elles auraient toujours du être. Ce sont les relations qu'elles entretiennent avec leurs amants lors de rendez-vous arrangés et ces relations particulières qu'elles vivent entre elles afin de combler leurs désirs.
Mais il y a des règles à suivre, des jalousies et des rancoeurs qui trainent et tout arrangement à sa contre-partie bien souvent sexuelle d'où toute pitié est exclue.
Pour avoir refusé les avances de Soeur Elisabetta, la jeune Carmelia tombera dans un terrible piège. Ecoeurée par cette hypocrisie, elle renoncera à ses voeux. Elisabetta s'arrangera alors pour que son jeune amant se fassent assassiner. Enceinte, les soeurs s'occuperont de son accouchement et cacheront l'enfant afin d'éviter la redoutable Inquisition. Carmelia renoncera au voile et s'enfuira du couvent avec son enfant pour se dévouer corps et âmes aux plus démunis.
Moins perfide que Les religieuses du St Archange, la grande force de Storia di una monaca di clausura, apparemment tiré d'une histoire vraie, est le soin apporté à la réalisation, la beauté de ses décors et de sa photographie à l'instar de son héroïne principale, Eleonora Giorgi. Angélique, elle incarne à la perfection la pureté et l'innocence. A l'instar d'une Eva Ionesco, elle est une véritable petite poupée blonde au teint clair, aux yeux bleus azur garni de longs cils. Paollela sublimine son regard candide, baigne chacune de ses apparences dans un halo de lumière solaire quasi céleste. Elle est un ange, à la fois icône et martyr dont l'immense chevelure d'or s'éparpille sur son lit de souffrance.
Tout le film est empreint de cet or, omniprésent tant dans les décors, les costumes que dans la lumière solaire qui lèche les corps même dans les séquences de souffrance, leur donnant un coté christique. L'or, symbole de richesse et de puissance, se mêle souvent aux tons rouges et chauds, couleurs du sang, de l'autorité et de la violence, celle des nobles corrompus et avides et des religieuses cruelles refoulées, tranchant avec des tons plus pastels des costumes lilas, verts ou roses des jeunes innocentes et de leurs mères éplorées apportant une touche de sérénité dans la tourmente des âmes.
Fort discrètes une fois de plus, les séquences saphiques comme l'érotisme sont d'une extrême pudeur, tout juste suggérées. On s'effleure, on se frôle, loin des excès de l'exploitation habituelle.
L'interprétation, tout en justesse, est dominée par l'angélisme d'Eleonora Giorgi entourée par l'ex-lolita des années 60, Catherine Spaak incarne Soeur Elisabetta et Suzy Kendall, récurrente de l'exploitation italienne, se glisse dans la défroque de la Mère supérieure.
A leurs cotés, Isabelle Marschall et Martine Brochard. On notera la présence de Caterina Boratto, future dame maquerelle de Salo, l'une des plus cruelles narratrices, la Castelli, ouvrant le cercle du sang.
On notera la très belle partition musicale signée Ennio Morricone et Bruno Nicolai.