Macabro
Autres titres: Baiser macabre / Frozen terror / Macabre
Real: Lamberto Bava
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 89mn
Acteurs: Bernice Stegers, Stanko Molnar, Veronica Zinny, Robert Posse, Ferdinando Orlandi, Fernando Pannullo, Elisa Kadigia Bove...
Résumé: Jane était éperdument folle amoureuse de son amant jusqu'au jour où il perdit la vie dans un accident de voiture, décapité. Aprés avoir séjourné un an dans un asile psychiatrique, Jane rentre chez elle. Si elle est en apparence normale, elle a pourtant un terrible secret qu'un jeune aveugle va tenter de découvrir. Et ce secret est au délà de toute imagination...
Soi disant tiré d'un fait divers réel qui se serait déroulé à la Nouvelle Orleans, ce premier film de Lamberto Bava réalisé en 1980 n'est pas à proprement parlé un film de terreur ni un film fantastique avec lequel il n'entretient que peu de rapport si ce n'est sa fin.
C'est en fait une oeuvre insolite, presque unique. Véritable ode au morbide, Macabro aborde avec une rare glauqueur un thème trés particulier, la nécrophilie, centre de ce carrousel de la folie.
Fétichiste onaniste, Jane voue un amour passionnel à son amant qui sera décapité dans un accident de voiture. Aprés un long séjour en asile psychiatrique, Jane s'installe dans une villa tenue par un aveugle qu'on pourrait qualifier de voyeur auditif, épiant chacun des gestes de la jeune femme.
Dès lors, Bava Jr va accumuler les excès et présenter un incroyable éventail de perversités, de folie et de vices. Il va beaucoup jouer sur le climat oppressant, sombre, renforcé par cette demeure obscure et inquiètante, et restreint au minimum les effets chocs, frisant souvent le subversif. Si on excepte quelques scènes assez violentes comme le meurtre du petit frère ou la découverte finale, on a juste droit à un morceau d'oreille trouvé sur le lit de Jane ou un autre morceau de chair tombé dans la soupe.
Lente et progressive montée de la tension, Macabro s'évertue à déployer un suspens psychologique qui va crescendo jusqu'à l'hallucinante fin. Macabro dégage un charme quasi maladif, étouffant. Chaque image sent la mort, omniprésente, qui se marie subrepticement à la folie.
Chaque personnage présente une pathologie d'une rare morbidité et même si parfois on atteint l'invraisemblable, ces portraits au vitriol vous glacent les sangs. De l'aveugle fouineur et voyeuriste à l'abominable fillette sournoise, vicieuse et meurtrière qui ne cesse de persécuter sa mère et noiera lors d'une séquence étonnamment son frère dans la baignoire, tous souffrent à leur manière d'une forme de folie.
L'apogée de la démence est marquée par l'étrange culte que voue Jane à un autel mortuaire dissimulé dans sa chambre. Summum d'érotisme nécrophile, Macabro s'enfonce alors dans une sexualité morbide atteignant son point de non retour dans la découverte de l'objet de culte de Jane, la tête décomposée de son amant qu'elle garde cadenassée dans le freezer du réfrigérateur et qu'elle sort chaque nuit pour lui faire l'amour.
Bava évite l'effet racoleur, reste sobre et laisse à l'imagination faire le reste, ce qui fait gagner en puissance le film.
Ce climat de malaise est entretenu par une musique mièvre à souhait mais obsessionnelle, sorte de rengaine que se passe Jane lors de ses immondes ébats.
Macabro fut co-écrit par un autre maître du macabre, Pupo Avati dont on reconnaît éminemment la griffe.
Particulièrement malsain, Macabro sorti sous le titre Baiser macabre est un film d'une incroyable perversion, vénimeux, superbe et d'une rare audace dans son sujet mais qui pourtant joue la sobriété. Lamberto Bava prouvait là son talent, digne héritier de son glorieux père. Dommage que la suite de sa carrière ne suivit pas la trace de ce premier film.