La tomba
Autres titres: La tombe / Non aprite quella tomba / The tomb
Réal: Bruno Mattei
Année: 2006
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 99mn
Acteurs: Hugo Baret, David Brass, Juliette Junot, Federica Lenzi, Robert Madison, Mike Monty, Kasia Zurakowska, Roberto Pedicini, Kenny Krall, Francesco Granieri, Marco Ramberti, Gyorgy Szabados...
Résumé: Lors d'une cérémonie rituelle maya le Grand prêtre Tatamackly doit sacrifier sept vierges pour que ressuscite la déesse Coaltique. La cérémonie est interrompue par l'arrivée des gardes impériaux. Tatamackly est poignardé. Après un rituel magique son corps est enfermé dans un sarcophage bien à l'abri. Deux mille ans plus tard un groupe de jeunes archéologues guidé par une étrange jeune femme vont revenir au temple et réveiller malgré eux Tatamackly qui est bien décidé à reprendre la cérémonie là ou elle avait été autrefois interrompue...
Mis sur la touche comme beaucoup de ses confrères à la fin des années 80 à la mort du cinéma de genre Bruno Mattei qui n'avait plus rien tourné d'intéressant depuis 1995, année où sortit son plagiat des Dents de la mer, le fameux Cruel jaws, fait un retour aussi inespéré que spectaculaire en 2003 avec non pas un film mais deux films de cannibales, Nella terra dei cannibali et Cannibal world. Il se paie ainsi le luxe de faire revivre un sous genre du cinéma d'exploitation qui eut son heure de gloire en Italie à la fin des années 70. Fort du succès des deux films en vidéo, Mattei, de nouveau en scène et en pleine forme, va alors
tourner quasiment un film par an exclusivement destinés au marché vidéo jusqu'à sa mort en 2007. Après quelques pellicules érotiques dont un WIP il revient à son genre de prédilection, l'horreur, avec La tombe.
A Tuhantepee, au Mexique, le Grand prêtre maya de la résurrection Tatamackly prépare aux cotés de la sorcière Asilbaba une cérémonie rituelle au cours de laquelle sept vierges seront sacrifiées afin de redonner vie à la déesse Coaltique, mère de la Terre. En retour il recevra le don d'invincibilité. Alors que Tatamackly s'apprête à égorger la septième vierge les gardes impériaux font irruption dans le temple maudit, interrompent le rite et poignarde le
Grand prêtre. La sorcière et ses sbires le mettent à l'abri. Elle lui extirpe les globes oculaires afin de le plonger dans un sommeil millénaire ce qui lui permettra de revenir à la vie le moment venu et de poursuivre le rite interrompu. Deux mille ans plus tard un groupe de jeunes archéologues dirigé par le Professeur Langley débarque à Mexico pour étudier les restes de la civilisation Maya. A peine arrivés ils perdent le Professeur Santos, leur guide enterré vivant par une femme qui ressemble à la sorcière. Un nouveau guide leur est proposé par un vieil autochtone. Il s'agit de Bruha, une jeune exorciseuse, guérisseuse dotée en outre d'énigmatiques pouvoirs divinatoires. Elle leur fait traverser la jungle pour
rapidement les mener au temple où deux mille ans plus tôt eut lieu le rituel. Dés lors les étudiants vont un à un trouver la mort dans d'horribles conditions. Il faut dire que Bruha n'est autre que la réincarnation de la sorcière. L'arrivée des archéologues a réveillé les forces du Mal après qu'ils aient déchiffré les hiéroglyphes sacrés. Grâce au sacrifice d'un étudiant Tatamackly revient à la vie, avec lui une horde de zombis et de momies. Il va pouvoir reprendre le rite là où il fut interrompu jadis. La jeune Viola, une des étudiantes, a été choisie pour être la septième vierge. Les étudiants ayant tous trouvé la mort seul Langley peut désormais empêcher la cérémonie et sauver Viola. Il va devoir affronter la sorcière...
Après le film de cannibales, le WIP et le thriller Mattei redonne donc cette fois vie à un autre genre cinématographique fort en vogue dans les années 80, le film d'aventures à la Indiana Jones. Mais si La tombe lorgne bel et bien du coté d'Indy, surtout d'Indiana Jones et le temple maudit, c'est encore bien plus du coté de La Momie de Stephen Sommers qu'il se rapproche le plus avec quelques références à Predator, L'armée des ténèbres et Une nuit en enfer. Et une fois de plus ce bon vieux Mattei nous étonne en signant une petite bande explosive qui fleure bon le Bis à l'ancienne. La tombe s'ouvre une longue et belle séquence commentée en voix off sépulcrale par Roberto Pedinicini, celle d'une cérémonie rituelle
maya dont le but est redonner vie à une terrible déesse après avoir égorgé et jeté dans les flammes sept jeunes vierges. Ce prologue fait illusion et donne surtout le ton. Mattei plagie, copie, s'amuse tout en faisant avec les moyens dont il dispose, un peu plus que d'accoutumée selon ses dires. Visuellement c'est très réussi. On se laisse séduire par la photographie, les maquillages, le décor carton pâte / polystyrène aux tons or du temple mais on rit aussi beaucoup comme toujours avec Mattei. Certes l'ambiance est là, les sacrifices sont assez réussis mais difficile de ne pas pouffer à l'arrivée inopinée des gardes impériaux, un groupe d'autochtones philippins en pagne censés représenter des soldats mexicains!
Ce sera ainsi tout au long du métrage qui alterne très bons moments, jolis passages et comique (in)volontaire mis en scène de manière alerte il faut le reconnaitre. Même si on enregistre une petite baisse de rythme en milieu de pellicule (l'arrivée au temple) l'action est omniprésente. On a guère le temps de s'ennuyer dans cette course à la momie qui n'a pas fini d'étonner tant elle mixe les éléments de manière si ludiquement farfelue. Ainsi nos archéologues en herbe vont devoir faire face à des armées de zombis, de squelettes, de momies, de serpents, de rats, de mygales... conduit par un professeur qui déchiffre les hiéroglyphes comme un enfant de cinq ans lirait un roman de Zola (et dans un parfait italien
en plus). Un grand moment! Le ton est bon enfant, les effets spéciaux plutôt réussis même s'il ne faut pas s'attendre à des déluges de sang cette fois, Mattei reste sage et s'en tient au visuel et à l'esthétique. Les maquillages sont convaincants, un petit plus pour la sorcière dont le masque fait songer à Démons de Lamberto Bava. Un gros moins par contre pour la moustache du Pr Santos, un postiche hideux collé au dessus de sa lèvre qu'on a peur de voir s'envoler au moindre mouvement. Le clou du film reste évidemment son final haut en couleur qui n'a rien à envier aux meilleurs sous Indy italiens des années 80. Les forces du Mal sous l'égide du Grand prêtre et de la sorcière sont déchainées, cette même sorcière qui
va affronter le Professeur en lui faisant des prises de Kung-fu. Même Bruce Lee est ici présent à l'appel.
L'interprétation n'est certes pas le point fort du film comme très souvent dans les films de Mattei, tout bonnement à l'instar des dialogues qui font régulièrement sourire, mais on a connu bien pire. La plupart des acteurs faisait ici leurs débuts à l'écran à l'exception de l'atypique Anna Marcello (la sorcière) et Robert Madison (un peu crédible Pr Langley tant il fait jeune et pataud) qui avaient déjà derrière eux un parcours déjà bien assis. L'ex modèle
français Hugo Baret ressemble à s'y méprendre à Arnold Voosloo, la momie de Sommers, et l'imite plutôt bien. Quelques mois après la fin du tournage Hugo sera victime d'un grave accident de la route et devra subir une chirurgie réparatrice. Cela mettra fin à sa carrière. Il garde en tout cas du film et de Mattei un excellent souvenir. Quant au reste de la distribution certains apparaitront furtivement dans d'autres Mattei mais aucun n'eut par la suite une grande carrière. On s'en doutait.
Tourné entièrement aux Philippines, précisément à Manille et à Tanay, pour des raisons de coûts de production, La tombe est un très honnête film d'aventures horrifique dans la grande tradition des films de son auteur qui prouve une fois de plus quel bel artisan du cinéma Bis (Bis comme bricolé) il était. On se distrait autant qu'on rit, c'est le principal. La tombe comme les ultimes oeuvres que Bruno Mattei tourna avant son décès sont très souvent bien meilleures que bien des films de genre tournés à la fin des années 80 et dans les années 90. Il enchainera ensuite avec deux autres petits fleurons du film d'horreur L'isola dei morti viventi et sa séquelle Zombi: la création, son ultime film.