Bruna, formosa, cerca superdotato
Autres titres: La partouze / Bruna, formosa, cerca superdotato per un tango a Milano
Réal: Alberto Cardone
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Sexy comédie
Durée: 91mn
Acteurs: Tony Kendall, Femi Benussi, Pupo De Luca, Erika Blanc, Adler Gray, Celine Bessy, Dario Griachi, Giuliana Rivera, Giorgio Dolfin, Stefano Oppedisano, Gianni Arié, Lucio Como, Gabriella Lepori, Rama Paky...
Résumé: Giovanino est un petit notaire de Calabre qui a la réputation d'être un invétéré séducteur qui enchaine les conquêtes. En réalité il est bourré de complexes et n'arrive à coucher avec aucune femme. Il passe son temps à écrire des petites annonces pour des revues pour coeurs solitaires. Un jour une certaine Bruna lui écrit. Elle habite Milan et veut le rencontrer. Giovanino part donc pour Milan, pose ses valises chez Lisa la femme de son meilleur ami. Après bien des rendez-vous manqués, convaincue de sa virilité exceptionnelle, elle l'invite chez elle avec Lisa pour qu'ils participent à la partouze mondaine qu'elle s'apprête à donner...
Après avoir débuté comme assistant réalisateur notamment sur Plein soleil Alberto Cardone fait ses premiers pas seul derrière la caméra en 1965 en signant un petit spy movie coproduit par l'Allemagne Serenade Für zwei spione avant de tourner toute une série de westerns spaghettis, un genre dans lequel il va se spécialiser. Arrivé au crépuscule de sa carrière Cardone après en avoir signé pas moins de six termine son bref parcours en réalisant un trip hallucinogène féministe indéfinissable qui mélange sans vergogne les genres, Io... donna, puis une sexy comédie plutôt audacieuse à l'image de son titre Bruna, formosa, cerca superdotato rebaptisé chez nous La partouze, son ultime film avant qu'il ne décède quatre ans plus tard!
Giovanni Pizzola est un petit notaire qui exerce à Cosinza une petite province dans le sud de la Calabre. Il est surtout connu pour être un invétéré séducteur, un brise-coeur qui saute sur tout ce qui porte jupons. En réalité Giovanni est un grand timide aussi complexé qu'inhibé qui ne passe jamais à l'acte et se contente de fantasmer. Il passe son temps à écrire des petites annonces à des revues pour coeurs solitaires. Un jour Giovanni reçoit une réponse à une de ses annonces venant d'une certaine Bruna. La jeune femme habite Milan. Giovanni décide de s'y rendre et de la rencontrer. Il pose ses bagages chez la séduisante Lisa, la femme de son meilleur ami. Celle ci ne le laisse pas de glace comme toutes les femmes
qui l'entourent: la cuisinière, la femme de ménage, les voisines. Il ne cesse de les espionner, de rêver et sa réputation de Dom Juan ne cesse donc de croitre. Après bien des déceptions qui l'avait à penser que Bruna n'existait pas il finit par rencontrer la très désinhibée jeune femme qui pensant avoir à faire à une véritable machine à sexe l'invite en compagnie de Lisa à une orgie mondaine. Très excité Giovanni s'y rend mais malheureusement pour lui il n'y participera pas. Complètement bloqué il n'en sera seulement que le témoin dépité. Lorsque Lisa l'invite à lui faire l'amour il décline la proposition et préfère s'en aller. De retour dans sa campagne calabraise rien n'a changé
pour lui il se retrouve au point de départ mais cette fois heureux.
Bruna, formosa, cerca superdotato aborde quelques thèmes intéressants très présents dans le cinéma italien de l'époque, la différence de mentalité entre le sud du pays sous développé et très conservateur, prisonnier de ses tabous, et le nord bien plus émancipé et surtout sexuellement libéré, l'importance de la masculinité, de la virilité, la peur de l'impuissance, l'obsession pour le sexe et la mythomanie qui en est une cause directe. La comédie sexy a régulièrement traité ces sujets, il n'y a donc rien de bien neuf ici si ce n'est le ton audacieux assez surprenant avec lequel Cardone les aborde si aborder est le terme
qu'on peut employer. Car en effet ces thèmes ne sont que survolés pour n'en garder que le coté le plus trivial et coquin. Pour être sexy cette comédie l'est assurément vu le nombre de plans de nu très souvent gratuits que Cardone enchaine. Tout est prétexte à zoomer sur un décolleté d'où jaillit une opulente poitrine, à dévêtir les protagonistes, à filmer une multitude de nus dorsaux et multiplier les gros plans sur des fessiers charnus. Amis voyeurs, bonheur! Il ne faut cependant pas s'attendre à une débauche de sexe malgré ce titre français alléchant. Il n'y a que très peu de sexe y compris lors de la fameuse orgie qui couvre environ les quinze dernières minutes du métrage. Du nu, de la suggestion mais malheureusement
aucun enchevêtrement de corps en pleine galipettes. Mais il faut avoir à l'esprit que Dame censure est passée par là en son temps et y a laissé son indigne empreinte.
Bruna, formosa cerca superdotato pourrait se fondre dans la masse des sexy comédies de l'époque si elle ne bénéficiait pas de quelques notes d'originalité qui font toute la différence. En fait le film ne cesse d'osciller entre rêve et réalité ce qui lui apporte une touche de singularité bienvenue mais également d'onirisme inhabituel chez ce type de produit. Complexé, inhibé le pauvre Giovanino n'arrive jamais à rien avec ses conquêtes, chaque opportunité, chaque tentative étant vouée à l'échec. S'il ne s'évanouit pas au moment
fatidique il lui arrive obligatoirement une tuile qui lui fait perdre conscience. Giovanino pourrait être le Gaston Lagaffe du sexe. Le voilà donc entrain de rêver, de fantasmer et chaque rêve se termine en cauchemar. Et c'est rigolo. On sourit, on rit, d'autant plus que Cardone a eu la bonne idée d'accompagner tous ces gags, ces trouvailles et autres mauvais moments de bruitages très drôles, inattendus qui renforcent l'aspect comique. Quelques scènes sont hilarantes notamment celle de la pharmacie, de la poupée gonflable... d'autant plus drôles que les dialogues qui les accompagnent sont particulièrement croustillants.
L'interprétation est à la hauteur et les comédiens tous autant qu'ils sont semblent réellement s'amuser, Tony Kendall en tête qu'on aura jamais autant vu en caleçon. Plus habitué aux spy movies et surtout aux westerns spaghettis Kendall s'avère fort drôle dans le rôle de Giovanino et parvient même à lui donner un coté sympathique. Le comique n'étant pas un art facile on peut ici saluer sa prestation tout à fait réussie. A ses cotés on retrouve Femi Benussi, toujours égale à elle même mais chose rare Femi ne se déshabille quasiment pas cette fois. N'en déplaise à ses fans. Elle nous offre simplement quelques plans en sous vêtement et une rapide vue de son postérieur nu. Il en va de même pour Erika
Blanc, la fameuse Bruna du titre, qui n'apparait que dans la dernière partie du film, la partouze si patiemment promise par le titre français, mais elle ne quittera pas sa petite robe rouge transparente façon filet de pêche sous laquelle elle est nue. C'est en fait à Gabriela Lepori et Alder Gray à qui reviennent les scènes les plus dénudées, les deux actrices passant une bonne partie du film nues et nous offrent même une scène d'amour saphique. Les seconds rôles sont tout aussi excellents et c'est avec plaisir qu'on rit aux facéties de Lucio Como, Pupo De Luca ou encore Giorgio Dolfin.
Dernier atout de cette comédie polissonne sa bande originale atypique signée Nico
Fidenco. Atypique car rarement ce genre de film est accompagné d'une partition musicale rock aux tonalités psychédéliques et le thème principal très agréable est franchement envoutant, obsédant. Il vous rentre en tête et n'en sors plus. Et modulable s'il vous plait, décliné en plusieurs tons selon que la séquence qu'il accompagne soit comique, légère ou plus forte. Un régal auditif. Quant à la chanson-thème, Alla confine della notte, elle est tout bonnement sublime chantée par les Rosa dei venti, groupe de rock progressif italien qui durant sa carrière a signé quelques chansons pour d'autres longs métrages.
Pour tout amateur de comédie coquine à l'italienne, un brin voyeur, La partouze est une
petite nacre aujourd'hui oubliée qu'il prendra grand plaisir à découvrir. Drôle, piquante, salace, entrainante, originale pour son coté onirique, presque touchante lors de son final doux amer (les errances à l'aube de Giovanino dans les rues désertes de Milan), très audacieuse pour l'époque (nous ne sommes qu'en 1973) cette "Partouze" mérite amplement qu'on y participe. Pour son ultime film Cardone n'a pas fait dans la pudeur mais la morale est toutefois sauve et cette fois fort jolie: on peut être heureux sans être un super homme.
Jugé bien trop obscène lors de son passage en censure Bruna formosa cerca superdotato fut massacré, amputé de bon nombre de scènes de nudité dont un nu intégral masculin, de scènes et dialogues trop explicites, des coups de ciseaux bien visibles lorsqu'on visionne la copie aujourd'hui rendant par moment le film plutôt bizarre. Le titre original dut être lui aussi raccourci. Intitulé à l'origine Bruna, formosa, cerca superdotato per un tango a Milano il fut retitré plus décemment Bruna, formosa, cerca superdotato pour pouvoir être enfin distribué. Il aurait été intéressant de voir à quoi ressemblait cette Partouze avant qu'on ne la mutile. Aurons nous cette chance un jour?