Zombi: la creazione
Autres titres: Zombi: la création / La création / Zombies: the beginning / Zombies: el comenzios / Zombis zacatek
Réal: Bruno Mattei
Année: 2007
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 91mn
Acteurs: Yvette Yzon, Jim Gaines, Alvin Anson, Gerard Acao, Ronny Boos, Sereno Cunial, Paul Holmes, James Gregory Paolelli, B.B. Johnson, Dyane Craystan, Mike Vergel, Miguel Faustmann, Gene Zwahir, Sven Stefaniksen, Tony Wells, Bon Vibar, Lili Schneider, Gary King Roberts, Darwin Valdez...
Résumé: Sharon, une scientifique, est la seule rescapée de son équipe mystérieusement décimée sur une ile par des zombis. Ses supérieurs refusent de croire une telle histoire. En proie à d'horribles cauchemars elle se retire dans un monastère bouddhiste jusqu'au jour où on vient la chercher pour élucider le mystère d'une nouvelle disparition ayant eu lieu dans les mêmes circonstances. Il semblerait que maintenant on la croit. A la tête d'un commando de militaires Sharon retourne sur les lieux du drame et s'apprête à combattre d'abominables zombis mutants...
Mis sur la touche comme beaucoup de ses confrères à la fin des années 80, pire encore dans les années 90, à la mort du cinéma de genre l'infatigable Bruno Mattei qui n'avait plus rien tourné de réellement intéressant depuis 1995 et son Cruel jaws fait un retour inattendu et surtout spectaculaire en 2003 avec non pas un film mais deux signés de son pseudonyme habituel, Vincent Dawn, Nella terra dei cannibali et Cannibal world, se payant par la même occasion le luxe de faire revivre un sous genre du cinéma d'exploitation qui eut son heure de gloire en Italie à la fin des années 70, le film de cannibales. Les pieds remis à
l'étrier Mattei, fort du succès des deux films en vidéo, va alors tourner quasiment un film par an exclusivement destinés au marché vidéo jusqu'à sa mort en 2007. Après quelques pellicules érotiques dont un WIP et thrillers il revient à son genre de prédilection, l'horreur, avec La tombe, L'isola dei morti viventi et sa séquelle Zombi: la creazione qui sera son ultime réalisation. Il meurt en effet quelques mois plus tard en pleine post-production du film.
Sharon est une scientifique qui travaille pour la Tyler Co. Elle est la seule rescapée de son équipe. Le navire sur lequel ils travaillaient a en apparence été mystérieusement détruit lors
d'un accident. A l'hôpital où elle se remet lentement Sharon est en proie à d'horribles cauchemars dans lesquels elle se voit attaquée par des hordes de zombis sanguinaires. Une fois remise sur pied elle affirme à ses supérieurs que toute son équipe a été décimée par des morts-vivants alors qu'ils faisaient escale sur une ile. Les officiers ont bien du mal à croire à cette histoire abracadabrante d'autant plus que l'ile a été rayée de la carte depuis bien des années. Elle n'existerait plus. Ses incroyables explications sont mises sur le compte d'une santé mentale défaillante. Afin de retrouver la sérénité et oublier ce cauchemar Sharon trouve refuge dans un temple bouddhiste. Un jour un membre de la Tyler Inc., Paul
Barker, lui rend visite et lui apprend qu'une autre expédition a disparu sur une nouvelle ile. Il aurait désormais les preuves que son histoire est vraie. Il lui demande de l'accompagner dans une périlleuse mission en tant que biologiste. Retourner sur l'ile et détruire les zombis avec l'aide d'un commando armé. Elle accepte. Un affrontement sanglant entre le commando et les créatures commence alors jusqu'à la découverte de la "chose" à l'origine de ses horribles mutants dont l'objectif est de conquérir notre monde grâce à ses monstres.
Malgré leurs défauts et leur totale invraisemblance, une interprétation à la limite de la caricature Nella terra dei cannibali et Mondo cannibale avaient leur charme et s'avéraient
être une agréable découverte, deux petits plaisirs coupables avec lesquels Mattei s'amusait visiblement à grands coups de références et clins d'oeil. La machine de guerre "Mattei" était relancée. Après le cannibal movie puis le thriller le facétieux metteur en scène refait revivre un autre mythe du cinéma d'horreur, le film de zombi qui n'a jamais réellement disparu d'ailleurs contrairement au film d'anthropophages. Malgré la maladie il renoue avec le film d'horreur exotique et met en scène en 2007 L'isola dei morti viventi à l'ambiance lugubre. Il signe dans la foulée sa suite directe Zombi: la creazione, bien plus gore cette fois mais tout aussi truffé de clins d'oeil. En fait si le premier volet faisait songer à Zombi 2 de Fulci, La nuit fantastique des morts-vivants et la quadrilogie des templiers maudits de De Ossorio c'était
surtout un pot-pourri de divers genres: morts-vivants, fantômes, vampires... . Ce second chapitre est lui aussi un joli melting-pot mais qui cette fois lorgne plutôt du coté d'Alien dont il pourrait être un plagiat insulaire zombiesque et de Strike commando, un mélange qui multiplie les clins d'oeil là encore. Le résultat est plutôt convaincant. Il ne faut bien sûr pas s'attendre à un chef d'oeuvre. Zombi: la creazione est bourré d'incohérences, d'improbabilités et de stock-shots subaquatiques, souffre d'un montage parfois aléatoire, d'une surdose de ralentis qu"on pourra trouver fatigants au bout d'un moment et d'une interprétation pas toujours très professionnelle encore moins rationnelle. Mais le film fait
son effet et se laisse visionner avec plaisir et surtout sans ennui.
Tout va va vite, très vite. Mattei est remonté à bloc. L'action est omniprésente dés les premières minutes et ne laisse que peu de répit au spectateur. A peine secourue notre héroïne est en proie à d'horribles cauchemars dans lesquels elle se voit dévorée par des zombis impressionnants puis témoin d'un abominable accouchement. Le temps d'une petite pause dans un monastère et là voilà de nouveau sur le terrain à la tête d'un commando militaire prêt à combattre les créatures. Mattei s'en donne à coeur joie dans les affrontements et explosions qui s'enchainent à un rythme d'enfer. On mitraille, on dégomme,
on massacre les aliens à tour de bras, peut-être un peu trop au détriment même du suspens. Les mauvaises langues pourraient dire que Mattei dissimile ainsi un scénario bien maigre et son manque d'imagination. On se croirait en tout cas dans un film de guerre où l'ennemi serait non pas Vietcong mais des extra-terrestres sanguinaires qui finissent par vous dévorer. Si l'action prédomine et évite toute lassitude il faut aussi saluer la réussite des effets spéciaux et la beauté d'une photographie toute bleutée. Les zombis sont particulièrement réussis et parviennent même à être effrayants, les effets spéciaux tout comme les effets pyrotechniques sont tout aussi convaincants. Quant aux effets gore
l'amateur aura sa dose de viscères et d'effusions de sang notamment lors d'une scène d'accouchement mémorable déconseillée aux plus sensibles et femmes enceintes. On pense bien sûr à Alien lorsque le bébé mutant s'extirpe du ventre en le faisant éclater, un bébé qui a la peau dure et en fera voir à nos militaires mais qui finira bruler au lance-flamme. La découverte de la nurserie en fin de pellicule est un des plus grands moments si ce n'est le clou de ce Zombi: la creazione. La malheureuse héroïne y découvre des enfants à tête conique nus exophtalmiques balbutiant de manière répugnante face aux porteuses, des femmes enceintes engluées dans des murs de chairs prêtes à mettre bas leur infâme
progéniture zombiesque en les éjectant via d'horribles tubes ombilicaux visqueux que le Maitre attend patiemment. Et cet être odieux n'est jamais qu'une sorte de céphalopode télépathe, une sorte d'immonde tentacule surmontée d'une tête testiculaire géante enfermée dans un tube en verre. Un clin d'oeil à L'invasion vient de Mars? Le final rythmé par une musique apocalyptique se promet dantesque, visuellement impressionnant et d'une beauté qu'on pourrait qualifier d'infernale. Les ultimes images peuvent être un brin décevantes puisqu'il s'agit d'une fin ouverte qui devait ouvrir le dernier volet de cette trilogie inachevée puisque Mattei mourra quelques mois plus tard.
Coté distribution il ne faut bien entendu pas s'attendre à des prouesses. Mais on a connu pire chez Mattei. C'est la philippine Yvette Yzon de son vrai nom Maria Aurora Yvette Chio Dima, l'épouse du producteur Giovanni Paolocci, qui mène de main ferme cette équipe de choc. Surnommée en Italie la "Sigourney Weaver philippine" elle sera l'égérie des dernières bandes de Mattei et une amie proche du metteur en scène jusqu'à sa disparition. Autour d'elle un essaim d'acteurs philippins, de "gueules" à la mâchoire bien carrée qui font ce qu'ils peuvent pour croire à ce qu'ils jouent tandis qu'ils récitent des dialogues souvent hilarants (une habitude chez Bruno Mattei) dont certains pompés sur d'autres films. On
remarquera surtout une phrase qui revient régulièrement tel un leitmotiv: " Close that fucking door!"
Nonobstant ses défauts et invraisemblances, Zombi: la création, tourné aux Philippines comme à la grande et belle époque, est une agréable surprise menée avec entrain et bonhomie par un Mattei qui y croit et nous fait y croire. Cette ultime pellicule menée tambour battant est du pur Bis grande époque, un Bis dans toute sa splendeur, aussi drôle que sanguinolent, un joli petit plaisir coupable qui nous fait retrouver l'essence même de ce Bis transalpin qu'on apprécie tant. Cette "création" avec son final apocalyptique est un très honnête et même fort honorable chant du cygne surtout à l'époque où il fut tourné. Bravo Mr Mattei pour une telle révérence.