L'isola dei morti viventi
Autres titres: L'ile des morts-vivants / Island of the living dead
Réal: Bruno Mattei
Année: 2007
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 94mn
Acteurs: Yvette Yzon, Gaetano Russo, Alvin Anson, Ydalia Suarez, Jim Gaines, Thomas Wallwort, Gary King Roberts, Curtis Carter, Miguel Franco, Arash Donadoni, Lilia Cuntapay, Xeah Rivera, Hervana Hernandez
Résumé: Après s'être perdu en mer un petit groupe de chasseurs de trésors débarque sur une ile qui n'est marquée sur aucune carte. Ils ont très vite attaqués par une créature sanguinaire alors qu'ils visitent un cimetière abandonné. L'ile est infestée de zombis et autres créatures immondes qui vont les décimer un à un. Un vieux grimoire trouvé dans une grotte va leur apprendre d'où viennent ces créatures...
Mis sur le banc de touche comme la plupart de ses confrères dés la fin des années 80 à la mort du cinéma de genre Bruno Mattei n'avait plus rien tourné d'intéressant depuis 1995, année où il réalisa cet inoubliable plagiat des Dents de la mer, Cruel jaws. Il fait un retour aussi inattendu que spectaculaire en 2003 avec non pas un film mais deux films de cannibales, Nella terra dei cannibali et Cannibal world, faisant ainsi renaitre un sous genre du cinéma d'exploitation qui eut son heure de gloire en Italie à la toute fin des années 70. Fort du succès des deux films en vidéo, Mattei, de nouveau sur pied et visiblement en pleine
forme, va alors tourner quasiment un film par an tous destinés au marché vidéo jusqu'à sa disparition. Après quelques pellicules érotiques dont un WIP il revient à son genre de prédilection, l'horreur, avec tout d'abord La tombe puis L'isola dei morti viventi.
Au XVIIeme siècle une étrange épidémie ravage une île contrôlée par des conquistadors espagnols. Des zombis avides de sang massacrent les habitants de l'ile malgré les messes et exorcismes pratiqués par les Conquistadores. 400 cent ans plus tard un navire affrété par des chasseurs de trésors se perd dans une nappe de brouillard. Le petit groupe mené par le capitaine Kirk finit par aborder une île inconnue qui n'apparait sur aucune carte.
L'équipage débarque et commence l'exploration des lieux qui semblent déserts. Il découvre un cimetière où erre un zombi qui attaque un des chasseurs. Il réussit à s'en débarrasser. Au fil de leur exploration ils arrivent dans des ruines où ils finissent par apprendre la nature du danger qui rôde autour d'eux grâce à une sorte de grimoire où est retracée l'histoire de l'ile. Ils y découvrent également un fabuleux trésor. Mais leur joie retombe vite. Ils sont attaqués par une horde de zombis cannibales et autres monstres vampiriques qui vont les décimer un à un. Il ne restera qu'une seule survivante qui sera sauvée in extremis à l'arrivée inattendue d'un hélicoptère.
Après l'intéressant La tomba, un hybride entre Indiana Jones et le temple maudit et La momie, Mattei s'attaque cette fois à un genre dont le succès n'a jamais faibli, le film de zombis. Plus qu'un simple film de morts-vivants L'isola dei morti viventi est un immense melting-pot de plein de choses, d'inspirations diverses, une gigantesque bouillabaisse horrifique dans laquelle Mattei a mis un de peu tout et de n'importe quoi. On y trouve en effet pelle-mêle des zombis, des fantômes, des vampires, des goules cannibales qui cohabitent sur une ile perdue au milieu de l'océan. A la vision du film on pense de suite à L'enfer des zombis dont notre bon Mattei pille des séquences complètes, à L'ile fantastique des morts-vivants de D'Amato, à Zombi holocaust, House of the dead, à la quadrilogie des
templiers de De Ossorio mais aussi à Zombi 3 (que ce même Mattei avait terminé ce dont il s'est souvenu) et même son propre Virus cannibale, un zeste de film satanique saupoudrant l'ensemble. Le mélange est étonnant (et détonnant), on y perd un peu son latin, tout n'est pas très clair. Pourquoi tant de créatures différentes cohabitent-elles? Peu importe d'autant plus que le scénario est aussi mince qu'une feuille de papier cigarette. Mattei semble vraiment s'amuser avec les genres comme ses protagonistes d'ailleurs. Il ne se prend pas vraiment au sérieux et cherche visiblement à rendre hommage à une époque chère aux bissophiles en leur remémorant leurs classiques tout en se jouant d'eux. Après
une ouverture plutôt originale qui nous plonge au temps des conquistadors le temps d'un carnage sur fond de chants religieux qui sert de base au scénario nous voila projeté au vingtième siècle à bord d'un bateau mené par des chasseurs de trésors du dimanche. Une nappe de brouillard, une ile perdue, il n'y a plus qu'à faire débarquer tout ce beau petit monde et les faire s'affronter une horde de créatures immondes. On a que faire du reste.
Et avouons le, comme pour La tomba et comme pour le futur Zombi: la creazione L'ile des morts-vivants est plutôt une bonne surprise. Malgré ce mélange copieux de clins d'oeil et de références le film parvient à fonctionner ne serait-ce que pour ce foisonnement de créatures
aux maquillages très convaincants, pour ces effets spéciaux réussis et des décors lugubres soigneusement photographiés le plus souvent dans des halos de lumière bleutée sans oublier ce zeste d'onirisme (la vieille dame fantôme conteuse et le tango diabolique) et surtout cette petite touche d'exotisme toujours bienvenue (le film comme tous les dernières créations du réalisateur fut tourné aux Philippines). C'est avec plaisir qu'on suit les péripéties de nos chasseurs de trésors sur cette ile infestée de monstres sanguinaires tout en s'amusant du non sérieux de l'entreprise. Car L'ile des morts vivants ne se prend pas vraiment au sérieux contrairement à La tombe et Zombi: la creazione. Ce fourre-tout est
une vraie récréation tant semble t-il pour les acteurs, le réalisateur que pour le spectateur. Outre des situations épiques jamais très crédibles, des réactions et comportements totalement improbables, des dialogues stupides (mais c'est une habitude) des protagonistes qui régulièrement oublient les zombies pour vaquer à des occupations franchement impromptues. Mattei semble vouloir désamorcer de son plein gré la plupart des scènes d'horreur et de terreur afin de transformer la peur en éclats de rires. On en veut pour exemple la séquence où à peine arrivé sur l'ile un des personnages est attaqué par un mort-vivant. La scène fonctionne parfaitement jusqu'au moment où l'homme se met à
combattre la créature à coups de karaté. On pourrait presque voir le film comme une parodie, une comédie horrifique qui fonctionne parfaitement tant au niveau horreur que sur le plan de l'humour.
Véritable clin d'oeil au cinéma Bis d'horreur italien des années 70 et 80, L'ile des morts-vivants est un petit plaisir coupable à la tête duquel on retrouve l'actrice fétiche et amie de Mattei, la philippine Yvette Yzon également épouse du producteur et le vétéran de la série B
et Z Gaetano Russo sous la casquette du capitaine Kirk et Idalya Suarez, la Rambo au féminin de Nella terra dei cannibali qui reprend son rôle de fonceuse. Mattei est en forme depuis son retour en 2003 et chacun de ses opus est une agréable surprise pour le bissophile. Toute parodique soit-elle cette Ile le prouve une fois encore. Elle devait être le premier volet d'une trilogie restée inachevée. Si Mattei eut en effet le temps de réaliser le second épisode, Zombi: la creazione, il décéda avant d'avoir pu mettre en scène le dernier film.