Sapore di donna
Autres titres: Une femme de gout
Réal: Mario Gariazzo
Année: 1990
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 90mn
Acteurs: Debora Calì, David D'Ingeo, Valentine Demy, Antonio Zequila, Filomena Campagna, Eduardo Gil, Zulay Campos, Nelly Bruzual, Luis Correa, Mauricio Marquez, Martha Vallejo, Jose Concalvez, Pablo Castillo, Mario Silva...
Résumé: Après avoir découvert que sa future épouse l'avait trompé Perry, un jeune étudiant en médecine, part pour Caracas afin de continuer ses études. Il est hébergé chez une amie de sa mère, une jeune veuve irrésistible, et sa fille. Perry est de suite très attiré par la jeune fille mais il est aussi totalement séduit par la mère...
Comme la plupart de ses confrères Mario Gariazzo, petit artisan de la série B italienne qui fit ses premiers pas de réalisateur dans le western-spaghetti, se vit dés le milieu des années 80 contraint de tourner des films alimentaires afin de pouvoir survivre alors que le cinéma de genre et d'exploitation n'en finissait plus d'agoniser. Si pour certains ce fut une plongée dans la pornographie pure et simple d'autres se contentèrent de s'orienter vers l'érotisme. C'est le cas de Gariazzo qui s'était déjà essayé au genre avec ces quelques perles de la sexploitation que sont Play motel et Incontri molto... ravvicinati del quarto tipo.
Après un oubliable L'esclave blonde en 1985 qui tentait vainement de renouer avec le film de cannibales et un puéril Fratello dello spazio Gariazzo enchaina dés 1987 les petites productions érotiques. Il ouvre le bal avec L'attrazione / Attraction fatale avec Florence Guérin avant de tourner trois films avec la future star du porno transalpin, Valentine Demy, Intrigo d'amore, Ultimi fuochi d'estate et Sapore di donna.
Perry est étudiant en médecine à Rimini. Il est fiancé à Carmen. Les deux amoureux ont décidé de se marier même si le père de Perry n'est pas très enthousiaste à cette idée. Le mariage tombe cependant à l'eau lorsque le jeune homme découvre que Carmen l'a trompé avec un bellâtre.
Dépité Perry décide de quitter l'Italie pour le Venezuela et de poursuivre ses études à Caracas. Il sera logé chez Laurie, une amie de sa mère. A son arrivée il découvre que Laurie est en fait une séduisante jeune veuve qui de suite l'envoute. Laurie a une fille tout aussi splendide, Sheila. Il tombe très vite amoureux de Sheila avec qui il sort mais il est aussi très attiré par sa mère. Il ignore que Sheila fait des photos de charme pour un magazine spécialisé. Lorsque par hasard il l'apprend Perry est déçu de constater que Sheila n'est pas aussi sérieuse qu'il le pensait. Il se tourne alors vers sa mère qui attendait l'occasion de le séduire à son tour. Laurie et le bel étudiant deviennent amants ce qui ne l'empêche pas de coucher avec Sheila.
Un jour le meilleur ami de Perry se rend chez Laurie sous prétexte de récupérer un livre que Perry devait lui rendre. Il viole Laurie. Perry l'attend à sa sortie de boite et lui casse la figure. Il finit par le tuer accidentellement. C'est alors que tout s'arrête. Tout cela n'était qu'un film que regardaient dans un cinéma Laurie et Perry, plus exactement une réalisatrice et son scénariste qui lui montrait son dernier scénario.
Le scénario ne brille guère par son originalité. On peut même dire sans vraiment exagérer qu'il est inexistant. Un bel étudiant et sa fiancée prévoient de se marier. La future épouse trompe le bellâtre qui s'exile en Amérique du Sud pour draguer la veuve qui l'héberge et sa fille.
L'histoire se résume en deux lignes qui doivent donner vie à un film de 90 minutes. Autant dire qu'il va falloir beaucoup d'imagination à Gariazzo pour tenir une heure et demi sans que le spectateur ne vacille d'ennui. Les premières vingt minutes ne sont pas vraiment de bonne augure. Gariazzo nous entraine de boites de nuit en boites de nuit admirer des dance-floors où se trémousse la jeunesse italienne sur une abominable musique disco-house typique de ce début d'années 90. Puis il nous emmène à la plage jouer au ballon avant de retourner encore une fois en boite. Quelques ébats plutôt tièdes dans un ascenseur puis dans une chambre d'hôtel et une voiture.
Voilà de quoi remplir les trente premières minutes de Sapore di donna qui démarre vraiment une fois le bel étudiant arrivé à Caracas. Démarrer est un bien grand mot puisqu'il ne se passe pas grand chose, Perry se contentant d'aller et venir des bras de Sheila à ceux de sa mère. Oui mais voilà! Gariazzo contrairement à ses confrères (de l'incapable Onorati à l'insipide Nini Grassia à qui le film fait beaucoup penser) a un certain savoir-faire et un sens évident de l'esthétisme derrière lequel il compense le vide de l'intrigue et le manque de budget (l'essentiel ayant du servir à payer le voyage à Caracas). Sapore di donna n'est ni plus ni moins qu'un petit exotico-érotique au charme tropical indéniable qui fait vraiment plaisir à l'oeil. Le réalisateur nous emmène en vacances au Venezuela sans nous faire bouger de notre fauteuil.
Les décors sont somptueux, clinquants, les paysages naturels sont magnifiquement mis en valeur par une photographie tout simplement splendide et si les scènes de sexe sont assez répétitives elles sont pour une fois d'une extrême sensualité, jamais vulgaires, filmées avec classe et imagination, dont une magnifique fellation qui se reflète dans un miroir. Erotisme de luxe pour un softcore dépourvu d'idée! Le temps passe sereinement, on ne s'ennuie pas vraiment durant ce chassé-croisé charnel où se mêle et s'entremêle une affiche tout aussi accrocheuse que ce décor tropical. C'est ainsi qu'on retrouve Valentine Demy, version rousse, dans le rôle de la mère (aussi jeune que sa fille mais qu'importe, on fait semblant d'y croire).
Généralement d'une vulgarité à toute épreuve Valentine parvient cette fois à être sensuelle, un exploit! Et cela apporte pas mal au film. Sa fille est interprétée par la brune et incandescente Deborah Cali qui sera de nouveau sa fille dans l'insipide Malizia oggi de Bergonzelli avant d'être embauchée chez Tinto Brass. Quant à Perry, plus blond que jamais, la mine boudeuse, c'est le jeune franco-italien David D'Ingeo qui se glisse dans son maillot de bain rayé qu'il perd régulièrement afin de nous offrir très certainement les plus belles scènes de sexe de sa carrière italienne.
Récurrent des productions softcore d'alors D'Ingeo fut le partenaire régulier de Valentine Demy avant d'entamer un parcours plus auteurial, plus marginal et torturé tout au long des années 2000 parallèlement à une carrière de peintre.
Softcore typique de ce qui pouvait se faire dans les années 90, tout l'intérêt de Sapore di donna réside dans la beauté exotique de ses décors, de ses principaux protagonistes et de ses scènes de sexe. Certes c'est assez peu mais c'est suffisant pour passer un bon moment les sens émoustillés et oublier l'indigence de l'intrigue et le ridicule parfois astronomique des dialogues et de certaines situations (le choix de la bague de fiançailles bon marché, les futurs jeunes époux qui regardent un film porno dans leur chambre d'hôtel pour ne citer que deux exemples... ridicules oui mais on rit).
Quant au final plus qu'inattendu, il surprendra mais vu le film de manière générale en valait-il la peine? C'est en tout cas bien essayé et cela prouve que Gariazzo voulait peut être un peu se démarquer de ses confrères avec ce zeste d'originalité.
"Femme de gout" (traduction littérale du titre) peut être mais film sans grande saveur oui même s'il reste le haut du panier de ce qui pouvait se faire à cette époque en la matière. Voilà qui plaira aux amateurs du genre.
Gariazzo reformera une ultime fois le couple Demy-D'Ingeo en 1992 pour Ultimi fuochi d'estate avant de mettre un terme définitif à sa carrière.