Malizia oggi
Autres titres:
Réal: Sergio Bergonzelli
Année: 1990
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée:
Acteurs: Debora Calì, Valentine Demy, Antonio Marsina, David D'Ingeo, Lorenzo Bonaccorsi, Paola Ambrosini, Lorenzo Minniti, Sonia Netto, Mario Pirovano...
Résumé: Michel, le fils du gérant d'une discothèque à la mode, fait la connaissance de la jeune Luna. Lorsqu'il voit sa mère il tombe sous son charme. Luna quant à elle est séduite par le père de son copain. Sa mère a des vues sur le père de Michel. La mère de Luna résiste aux avances de Michel tout comme le père de Michel repousse celles de Luna. Tout le monde se croise et recroise sans jamais parvenir à coucher mais avec un peu de chance tout va s'arranger...
Grand spécialiste de l'érotisme trash on doit au méconnu Sergio Bergonzelli quelques incontournables fleurons de la sexploitation italienne dont Porco mondo, Il compromesso erotico (Ménage à quattro) et Georgina la nonne perverse. On lui doit aussi quelques sexy comédie graveleuse telles que La cognatina et Une petite femme femme très brulante. Il signa également un petit bijou du giallo, le très étrange et sordide Dans les replis de la chair avant de s'orienter dés la fin des années 70 vers la pornographie (Daniela mini-slip / Eros hotel, La mondana nuda...). La lente mort du cinéma de genre puis l'arrivée de la
pornographie via les circuits vidéo mirent un gros coup de frein à la carrière du réalisateur comme à la plupart de ses confrères, obligés pour la plupart de tourner des oeuvres alimentaires, souvent très mauvaises surfant sur les modes du moment, afin de pouvoir tout simplement survivre. Bergonzelli s'essaie ainsi au film d'action et livre deux séries B digne d'un quelconque épisode d'une quelconque série policière (Tentazione, Diamond connection) et un giallo médiocre fait de bric et de broc Blood delirium. Son ultime sursaut cinématographique sera un film érotique qu'il tourne en 1990, une référence à un classique, un des monuments de l'érotisme italien des années 70, Malizia de Salvatore Sampieri.
Quelques mois avant que Sampieri, en pleine déchéance, donne une épouvantable séquelle à son film (Malizia 2000) Bergonzelli livre sa vision des choses avec Malizia oggi, une boursouflure ensoleillée dont on se demande encore le pourquoi de son existence.
Michel, un jeune français résidant en Italie, fait du ski nautique lorsqu'il aperçoit sur un bateau une sculpturale beauté. Sous le charme il tombe à l'eau. Il est repêché par le propriétaire du bateau qui le fait monter à bord. Il y fait la connaissance de Luna. Le courant passe très bien entre les deux adolescents. Michel invite Luna à venir le soir même danser dans la boite de nuit que gère son père. Luna lui présente sa mère, la fameuse femme du
bateau. Michel est ébloui par son charme. Tout le monde se retrouve en boite. Michel n'aura de cesse dés lors de vouloir coucher avec la mère de Luna qui lui préfère son père. Malheureusement Luna a elle aussi des vues sur son père. Chacun va faire son possible pour coucher avec celui qui l'attire le plus. Michel ne fait qu'essuyer des refus de la part de la mère de sa copine. Chaque fois que Luna est sur le point de coucher avec le père de son copain quelque chose les en empêche. Pendant ce temps le père de Luna s'envoie la bonne. Finalement chacun parviendra à ses fins et tout ce beau monde finira sur le bateau pour une virée lacustre!
On l'a bien compris. Rien ne relie Malizia oggi avec le célèbre film de Sampieri si ce n'est ces grands adolescents qui tombent amoureux des parents de leur moitié respective qui eux mêmes ne sont pas insensibles à leur charme juvénile. Sur cette simple base Bergonzelli signe un des plus mauvais films, le plus mauvais, de sa carrière, une sorte de softcore télévisuel inodore d'une rare transparence. Malizia oggi ressemble à un médiocrissime téléfilm érotique, ces navets pour adultes faussement aguicheurs qui font les belles soirées du câble et autres chaines spécialisées. Visiblement dénué de budget Bergonzelli à cours d'imagination accouche péniblement d'une pellicule où il ne se passe
quasiment rien dans laquelle il comble le vide comme il peut. On assiste donc à longues parties de ski nautique, de parapente, il nous invite en boite de nuit afin qu'on admire ses protagonistes danser au son d'une effroyable musique electro-disco très années 90 lors d'interminables séquences horriblement filmées (voilà qui remplit un bon quart du film), on bronze, on mange, on danse encore mais dans des cours de gym cette fois... . Le pauvre Bergonzelli s'essaie même à la carte de l'humour balourd, de grands moments de n'importe quoi et surtout d'amateurisme (la fuite en ambulance) sans parler du passage avec la prof de danse (surnommée La sergent) d'une aberrante stupidité.
Et l'érotisme dans tout ça? Il n'y a pas de quoi fouetter un chat encore moins casser trois pattes à un canard. L'affiche féminine passe son temps à se balader en maillot de bain, en petite culotte ou toute nue ni plus ni moins. On y ajoute une scène de douche et un strip-tease sur la piste de danse. Avec tout ce beau monde qui se croise et se recroise on fait l'amour bien sûr mais on ne dépasse jamais la limite du soft très soft. Quelques mains baladeuses, des popotins qui remuent pour compléter l'ensemble et on a le tour de ce que Malizia oggi propose. On est à des années lumière du Bergonzelli grande époque qui n'a visiblement plus rien à offrir. Il y a pourtant la milanaise Valentine Demy et sa sempiternelle
coupe au carré (version blonde ici) en tête de distribution. Valentine alias Marisa Parra n'a jamais été une grande actrice, c'est même une des plus mauvaises qu'ait connu l'érotisme à l'italienne. Ca se confirme ici. Toujours aussi vulgaire elle fait la seule chose qu'elle sait faire: se déshabiller en faisant la moue. Quelques années plus tard elle ne fera plus que ça et deviendra une des plus fameuses porno stars italiennes, spécialisée dans l'extrême, botoxée de la tête aux pieds, une sorte de Bogdanoff au féminin du X. Ephémère starlette érotique l'insipide Debora Cali joue sa fille (la mère a quasiment l'âge de sa fille, c'est très drôle) et ne risque guère d'étourdir le spectateur. Le blond David D'ingeo, jeune acteur
franco-italien né à Lyon, est Michel. C'était le tout premier rôle de David qui sera un temps un habitué des bandes érotiques d'alors (habitué aux rôles de jeunes séducteurs et autres insatiables play-boys) avant un étonnant revirement de carrière dés les années 2000 vers un cinéma plus expérimental, plus auteurial, plus torturé. Le pauvre Antonio Marsina (le père de Michel), trouve là son plus mauvais rôle et ne se déshabille même pas. Signalons la présence d'une domestique décolorée mulâtre constamment hilare, l'anonyme et très mauvaise comédienne Sonia Netto, et un serveur à la dentition de cheval d'une profonde débilité (Mario Pirovano).
Que reste t-il donc de ce roman-photo ensoleillé légèrement piquant qu'est Malizia oggi,
pellicule coquine typiquement 90s? Les très beaux décors naturels du lac de Come et de ses alentours, la présence de Valentine Demy pour ses admirateurs s'il y en a, les plans de nu qui affoleront les plus frustrés et c'est à peu près tout. Tout cela ne fait pas un film encore moins un film digne de Bergonzelli. Voilà un bien décevant chant du digne. Bergonzelli aurait mieux fait de tout arrêter après son Blood delirium. Malizia oggi ou le film de trop. Reste que cette bande sans goût reflète parfaitement ce qu'était devenu le cinéma érotique dés la fin des années 80, des produits commerciaux bâclés destinés à la vidéo et aux chaines câblées.