Il cobra
Autres titres: Le cobra / El cobra
Réal: Mario Sequi
Année: 1967
Origine: Italie / Espagne
Genre: Spy movie
Durée: 90mn
Acteurs: Dana Andrews, Pietro Martellanza, Elisa Montés, Anita Ekberg, Jesús Puente, Peter Dane, Luciana Vincenzi, George Eastman, Omar Zolficar, Giovanni Petti, Ehsane Sadek Karter, Guido Lollobrigida...
Résumé: Le chef des Services Secrets américains au Moyen-Orient doit anéantir une dangereuse organisation dirigée par un énigmatique bandit surnommé Le Cobra. Il fait entrer sur le territoire américain d'impressionnantes quantités d'opium dans le but d’annihiler la société occidentale en droguant les êtres humains. Ainsi zombifiés ils seront à ses services. L'ex-agent secret Mike Rand est chargé de cette mission...
Né en 1913 le vétéran Mario Sequi fut essentiellement actif de la fin des années 40 jusqu'au milieu des années 50 avant de ne revenir sous le feux des projecteurs qu'en 1961. Dés lors sa carrière tournera au ralenti puisqu'il ne réalisera que sept films entre son retour sur le devant de la scène et 1975, année où il prit sa retraite. De cette période on connait surtout sa décamérotique V'là que les nonnes dansent le tango / Fratello homo sorella bona et La révolte gronde à Bornéo, une des quelques aventures de Sandokan portée à l'écran. En 1967 Sequi surfa sur la mode des spy movies, un des sous genres du cinéma Bis né du
succès mondial des James Bond. Le metteur en scène créa donc à son tour son agent secret, Mike Rand, qu'il envoya en Turquie à la recherche de l'énigmatique Cobra.
Une séduisante agent secret est assassinée au moment où elle venait de découvrir l'identité du Cobra, un mystérieux bandit à la tête d'une organisation mondiale qui fait entrer de très grosse quantité d'opium sur le territoire américain. La drogue part systématiquement de Chine pour être livrée à Istanbul avant d'arriver aux Etat-Unis. Le chef des services secrets américains au Moyen-Orient, le capitaine Mike Kelly, doit absolument démanteler cette organisation. Il charge donc un de ses ex-agents, Mike Rand, de cette dangereuse
mission même si Rand ne fait pas l'unanimité au sein de son service. Il fut en effet mis sur la touche quelques années plus tôt. Tombé en disgrâce plus personne ne croit en lui. Pour Kelly il est le seul qui puisse mener à bien cette mission. Rand part donc pour Istanbul. Dés son arrivée il est victime d'une série de tentatives d'assassinat mais il parvient toujours à s'en sortir. Durant son enquête il fait la connaissance de Lou, la plantureuse gérante d'un sauna pour femmes, héroïnomane à ses heures qui semble détenir certaines informations sur le Cobra. Elle est malheureusement kidnappée. Après bien des péripéties Rand et le capitaine Kelly sont eux aussi enlevés et amenés dans le repaire du Cobra, un homme qui
se présente à eux le visage dissimulé sous une cagoule. Il leur expose ses intentions. Avec tout l'opium qu'il importe à travers le monde il veut mettre à ses pieds l'humanité. Ainsi drogués, le cerveau anesthésié, les humains seront ses esclaves et lui obéiront au doigt et à l'oeil. Pour leur fournir une preuve de l'efficacité de la drogue il fait venir Lou qu'il retenait prisonnière. La jeune femme semble zombifiée. Le Cobra ignorait qu'elle simulait être à ses ordres. Elle parvient à libérer Rand et Kelly mais le Cobra réussit à de nouveau l'enlever. Il l'oblige à téléphoner à Rand afin qu'elle le prévienne que s'il continue à l'empêcher de mettre le monde à ses ordres il la tuera. Lou obéit mais elle en profite pour lui révéler où se
situe la base secrète du Cobra. Le bandit l'abat. Kelly ordonne l'attaque du repaire du Cobra. Rand l'affronte et finit par le tuer.
La séquence d'ouverture et le générique agréablement psychédélique et James Bondesque font effet et laissent présager une sympathique pellicule d'espionnage dans la grande tradition de notre ami 007. Malheureusement l'impression est de courte durée. Le Cobra, coproduction italo-hispanique, ne brille guère en effet par son originalité. L'idée de départ même si elle s'avère peu crédible était plutôt bonne. Point de lobotomie ici pour zombifier l'humanité mais de très fortes doses d'opium pour anéantir leur volonté. Pourquoi pas. Nous
sommes en 1967, l'ère est aux drogues, on aime être stone. On force tout simplement la dose. Il aurait été surtout bon que le scénario plus fouillé. Sequi se contente de jouer sur la véritable identité des différents protagonistes à savoir qui joue un double jeu, qui est réellement qui mais sans suspens ni grande conviction le procédé devient fastidieux et trop répétitif. Il suffit alors au metteur en scène d'insuffler à l'ensemble un peu d'action, le plus souvent des bagarres et quelques coups de feu, des enlèvements mais là encore on sent le manque de créativité. Sequi propose le minimum syndical, filme le tout là encore sans grande originalité. Le plus embêtant reste cependant son vilain, le fameux Cobra du titre.
Alors que dans ce type de film le méchant revêt une évidente importance son Cobra est d'une consternante superficialité. Dissimulé sous une simple cagoule noire à la Fantomas notre fou d'Opium n'est qu'une silhouette, une esquisse de méchant pas très méchant qui ne restera pas dans les annales du Spy movie. Encore plus décevant est le final, l'affrontement entre lui et Rand, en général un des moments fort du genre. Il faudra se contenter ici d'un bref échange de paroles puis de quelques coups de feu dans les profondeurs de son repaire avant que Rand le tue et retire sa cagoule. Frustrant! Quant à l'agent Rand on est cette fois loin des clones de James Bond. Pas de costume classe, pas
de distinction particulière, Rand qui ne se la joue pas play-boy s'approche plus du flic traditionnel, de l'aventurier un peu rude que de l'agent secret à l'oeil de velours. Il a troqué le costume cravate contre un ensemble jeans (trop courts)-T.shirt, mocassins /chaussettes blanches et le jeu de la séduction contre une certaine misogynie. On n'oubliera pas de sitôt la gifle donnée à la pauvre Elisa Montes et l'idée de la défigurer au vitriol si elle ne parle pas.
Il cobra ne parvient jamais vraiment à décoller. Il serait même plutôt ennuyeux s'il n'y avait pas cette très sympathique touche exotique via les superbes paysages naturels d'Istanbul et de ses alentours magnifiquement photographiés, les superbes décors intérieurs et une distribution intéressante ne serait-ce que par la présence de l'américain Dana Andrews (Kelly) et la petite curiosité du film Anita Ekberg (Lou) dont Sequi ne profite pas assez. La pauvre Anita, pas très à l'aise dans son rôle dirait-on, est parfois plus drôle que convaincante notamment lors de la scène où en bonne junkie elle fait une crise de manque dans les bras de Rand. Quant à Peter Martell alias Pietro Martellanza, plus viril que jamais dans la peau de l'agent Rand, il n'a jamais autant ressemblé à Pietro Torrisi mais il n'a pas vraiment l'étoffe d'un agent secret. Jamais très convaincant lui aussi. Il court, il cogne, il tire de manière un peu trop monolithique pour donner un certain relief à son personnage. Venu
du western, Martellanza vit l'année suivante sa chance de devenir enfin une star en décrochant le rôle principal de Dieu pardonne moi pas. Malheureusement il se brisa le pied en voulant éviter les coups de sa femme qui venait de le surprendre en plein adultère. Il fut remplacé par Terence Hill et le pauvre Pietro vit sa carrière aussi brisée que son pied. Il tournera encore quelques westerns puis un giallo mais détruit par l'alcool et la drogue Martellanza plongera dés le milieu des années 70. Rejeté par Cinecitta sa carrière ne survivra pas à sa descente aux enfers. Aux cotés de ce beau monde on remarquera un
George Eastman encore imberbe dans le rôle du bras droit du Cobra.
Le cobra, sorti sur les écrans français en 1968, est un spy movie pas réellement excitant, plutôt banal, qui s'oublie assez facilement. Mario Sequi signe simplement une petite distraction exotique routinière qui vaut essentiellement pour la beauté des paysages turcs, son intéressante affiche et quelques scènes sympathiques.