Li chiamavano i tre moschettieri... invece erano quattro
Autres titres: They were called the three musketeers but they were four / D'Artagnan och de tre musketörerna
Real: Silvio Amadio
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Comédie / Cape et d'épée
Durée: 88mn
Acteurs: Tony Kendall, Ettore Manni, Stelvio Rosi, Gino Santercole, Seyna Seyn, Silvio Spaccesi, Sandra Dall, Luciana Turina, George Wang, Ivano Staccioli, Salvatore Baccaro, Eva Ricca, Carla Mancini, Ines Pellegrini, Lino Coletta, Consalvo Dell'Arti, Orazio Stracuzzi, Vincenzo Ferro...
Résumé: Le pot de chambre de la reine de France a été dérobé. Sa Majesté, déshonorée, est dans tous ses états. Elle charge D'Artagnan, un pétomane soumis, et les trois mousquetaires de le retrouver. Ils ont sept jours pour accomplir cette mission avant que le fourbe Richelieu profite de la situation. Les mousquetaires ignorent que la femme de D'Artagnan, fatiguée que son mari ne soit pas un pantouflard qu'elle puisse couver et dorloter à longueur de journée, va leur mettre des bâtons dans les roues afin de faire échouer la mission...
Si de Silvio Amadio on connait surtout les comédies aigre douces qui lancèrent la carrière d'une toute jeune Gloria Guida et quelques sexy thrillers de bonne renommée (A la recherche du plaisir, Le sourire de la hyène, Les biches suédoises) on connait moins bien ses incartades humoristiques. Après deux décamérotiques plutôt sympathiques (E si salvo solo l'Aretino Pietro..., Come fu che Masuccio Salernitano fuggendo con le brache in mano...) le metteur en scène signe en 1973 une pochade en costumes inspirée des fameux Trois mousquetaires d'Alexandre Dumas. Mais comme en Italie on aime ne rien respecter
nos preux mousquetaires vite rejoints par le fidèle D'Artagnan se retrouvent déshabillés de toute vertu en quête d'un pot de chambre qui pourrait changer le sort de la France.
Porthos, Aramis et Athos après une nuit sexuellement bien agitée s'apprêtent à regagner leur demeure lorsqu'ils repèrent Lee Yang, une jeune chinoise cueillant des pommes. Ils tentent de la séduire mais elle leur tient tête. Elle met même KO le pauvre Porthos. Menacée d'une bonne fessée elle fuit. C'est alors que les trois mousquetaires sont attaqués par un homme masqué qui s'amuse d'eux. Il s'agit en fait de D'Artagnan qui finalement les invite chez lui. La jeune chinoise n'est autre que sa femme. Les temps ont changé. D'Artagnan est un homme
soumis et les techniques de combat ont elles aussi changé. L'épée est démodée. Le karaté est à la mode. Les trois mousquetaires vont en apprendre les bases qui vont vite leur servir car la reine de France a besoin d'eux. Son pot de chambre en or signé Benvenuto Cellini a disparu, faute à son amant Lord Buckingham qui l'a confondu avec un... chapeau! Sans son royal pot elle est non seulement déshonorée mais il sert également au mage Galilée pour recueillir ses urines et voir si elle est enceinte. D'Artagnan et les trois mousquetaires acceptent la mission au désespoir de Lee Yang qui ne rêve que d'une chose, qu'il reste à la maison tranquille en pantoufles pour le couver et lui faire l'amour. Nos héros partent donc
pour la France ignorant que Lee Yang les suit afin de faire échouer la mission et récupérer son si cher époux. Ils ont sept jours pour mener à bien la mission et éviter que le fourbe Richelieu et son mécréant d'acolyte Laïre ne s'emparent du pot et fassent capoter la monarchie française. Ils retrouvent la trace du pot, le récupèrent grâce à un habile tour de magie mais Lee Yang a échangé le pot contre un faux. Mise au pied du mur et menacée d'une fessée elle accepte de les aider à réparer sa traitrise. Tout est bien qui finit bien puisque après moult péripéties le vrai pot de chambre est enfin retrouvé au moment même où la reine, épuisée de se retenir d'uriner, finit par se lâcher sur son trône. Sa fidèle servante
réussit à recueillir son urine, la met dans le pot. Miracle! Elle est en plus enceinte d'un fils. La France et son pot de chambre sont sauvés!
Alexandre Dumas aurait été loin d'imaginer qu'un jour ses trois mousquetaires doivent partir et se battre pour un pot de chambre, tout en or soit-il encore moins qu'ils soient trois infatigables coureurs de jupons qui perdent leur culotte et doivent combattre cul nu et encore moins que D'Artagan soit un pétomane soumis et enseigne le karaté. Nos contes pour enfants nous avaient bien caché cela. Car oui cette version italienne des Trois mousquetaires écrite par Piero Regnoli est une farce grivoise sans queue ni tête, un gag
grossier dans le plus pur style pipi-prout-caca des films du duo Terence Hill-Bud Spencer. Ce n'est pas une coïncidence si justement Ettore Manni (Porthos) est doublé par Glauco Onorato la voix italienne légendaire de Bud Spencer. Ces Trois mousquetaires transalpins se trouvent être une sorte de western-flageolets en costumes auquel se mélange le film d'arts martiaux alors à la mode, un délire inénarrable et bien stupide rempli d'anachronismes parfois savoureux surtout au niveau des dialogues dont cette pochade rythmée de pets tire un de ses principaux atouts, certaines répliques peuvent prétendre au statut de culte. Tout est bien entendu revisité et modernisé. Plus d'épée pour nos mousquetaires devenus karatéka
du dimanche ("Chéri, c'est l'heure non pas du thé mais du karaté" lance la femme de D'Artagnan), ce même D'Artagnan qu'on a mué en mari docile aux ordres de sa femme qui fait de notre héros d'enfance un véritable canard ("tout ce que je désire c'est lui cuisiner de bons petits plats, m'occuper de lui et que lui s'occupe de mon cul" déclare t-elle fièrement) et on ne rentre pas chez lui sans avoir enlevé ses bottes et essuyer ses pieds. Ménage et propreté avant tout même si en guise de propreté D'Artagnan devrait soigner ses soucis gastriques puisqu'il ne peut s'empêcher de laisser échapper toute une série de flatulences bruyantes en toutes circonstances. Voilà qui donne un aperçu de cette bande égrillarde
égayée par l'entrainante chanson éponyme chantée par les choeurs joyeux de Nora Orlandi qui de suite donne le ton. L'ambiance délirante (bordélique diraient certains) qui règne sur le plateau et la bonne humeur communicative des acteurs font le reste. Tout le monde s'amuse et prend plaisir à jouer, c'est le principal.
L'affiche est intéressante puisqu'elle regroupe un joli noyau d'acteurs de bon niveau qui s'en donnent à coeur joie dans ce "kara-cape et d'épée" récréatif. Ettore Mani (Porthos) se la joue Bud Spencer, Stelvio Rosi et sa flamboyante coupe au bol qui la même année fut le Scaramouche de E da Scaramouche se vuoi l'assoluzione baciar devi sto... cordone est un
Aramis explosif qui envahit l'écran, Tony Kendall (qu'on a connu meilleur) est ce D'Artagnan pétomane soumis, l'orientale Seyna Seyn, une figure récurrente de l'eurospy, est pétulante dans le rôle de l'épouse aimante, Luciana Turina est égale à elle même entrain de se tordre sur son trône à force de ne pouvoir faire pipi. Quant à Salvatore Baccaro il est là où on ne l'attendait pas c'est à dire dans les beaux costumes de Lord Buckingham, un rôle enfin normal (qui de plus est doublé par une voix tout aussi normale et surtout suave), surement le seul rôle là encore "normal" pour cet acteur "freaky" habitué aux monstres et autres rustres difformes. Cachée sous le pseudonyme de Macha Erit la pasolinienne Ines Pellegrini
interprète une des trois servantes de la reine, celle qui récupère le pot lors d'une partie de rugby/karaté lors de laquelle le fameux pot sert de ballon ovale. Méconnaissable Ivano Staccioli se dissimule sous la perruque du traitre Richelieu. Pas de mousquetaires sans Milady devenue pour l'occasion une foraine ambulante jouée par une blonde inconnue, Eva Ricca.
Li chiamavano i tre moschettieri invece erano quattro est une comédie paillarde sympathique, enjouée, un gag que visiblement ses interprètes prennent à plaisir à jouer. De son coté le spectateur appréciera ou non, selon son sens de l'humour et ses envies. Mais une chose est sûre. La comédie italienne a vu pire, bien pire et surtout bien plus ridicule et surtout vulgaire, la légèreté restant ici de mise.