Masuccio Salernitano
Autres titres: Comment rendre jaloux les maris cocus / Come fu che Masuccio Salernitano fuggendo con le brache in mano riusci a conservarlo sano.
Real: Silvio Amadio
Année: 1972
Origine: Italie
Genre:Décamérotique
Durée: 81mn
Acteurs: Romano Bernardi, Giulio Donnini, Giorgio Favretto, Vincenzo Ferro, Dorit Henke, Piero Lulli, Emilio Marchesini, Barbara Marzano, Gianni Musy, Antonio Scardina, Carmen Silva, Silvio Spaccesi, Melu Valente, Enzo Veronese, Anna Lina Alberti, Giampiero Arrigo, Adolfo Belletti, Fernando Cerulli, Vinicio Diamanti, Isabella Biancini, Ferruccio Fregonese, Rina Franchetti, Annarosa Garatti, Vittoria Di Silverio, Luigi Antonio Guerra, Maria Tedeschi...
Résumé: Deux filous se font passer pour des moines afin d'escroquer et ridiculiser leurs victimes, des hommes d'église stupides et des maris jaloux. Au gré de leurs rencontres, ils vont mettre à profit leur malice et leur perfidie. Une jeune épouse qui souhaite passer plus de temps avec son bel amant, un moine lubrique qui s'offre les services d'une prostituée, un amoureux transi qui rêve de coucher avec la femme de l'aubergiste et un moine qui a oublié ses braies chez sa maitresse vont croiser leur chemin...
C'est des écrits de Tommaso Guardati plus connu sous son pseudonyme Masuccio Salernitano que Silvio Amadio s'est inspiré cette fois pour tourner cette décamérotique tirée de cinq des cinquante nouvelles de Il novellino que l'écrivain rédigea entre 1450 et 1457. Seule et unique adaptation du travail de Salernatino, de Salerno, le nom de la ville qui le vit naitre, Amadio à qui on doit la même année E si salvo solo l'Aretino Pietro... a rassemblé ici le deuxième, quatrième, septième, neuvième et douzième récit afin de construire quatre segments dont la particularité est de ne pas être reliés entre eux par un quelconque lien
comme le voudrait le schéma habituel de la décamérotique. Ils s'enchainent donc de façon continue avec pour seul fil conducteur deux escrocs déguisés en moine qui passent leur temps à escroquer, ridiculiser, cocufier les maris et berner des Frères stupides à travers toute l'Italie. Deux thèmes reviennent ici en leitmotiv, d'une part le cocufiage, d'autre part la religion et la lubricité des moines notamment la possession diabolique dont se servent les différents protagonistes pour mieux berner leurs victimes et parvenir à leurs fins.
Le premier sketch narre le stratagème imaginé par l'opulente Mona Lisetta afin de pouvoir tromper la vigilance de son mari, un homme très jaloux, et passer du temps avec son jeune
et bel amant. Avec la complicité d'un frère exorciseur, elle fait croire qu'elle est possédée par le Démon. Le prêtre ordonne alors à son mari de partir quarante jours pour faire pénitence dans quarante églises, seul moyen d'exorciser sa femme. Elle pourra ainsi passer autant de temps qu'elle le souhaite avec son amant.
Le second récit s'intéresse à la belle Carmella, une putain locale qui par confession interposée va séduire un moine fort coquin, Frère Partenope, afin d'égayer ses nuits. Afin de ne pas éveiller les soupçons, il se fait lui aussi passer pour possédé afin d'expliquer le tremblement des murs et les cris suspects en provenance de sa chambre monacale lors de
ses ébats. Il en profite également pour mettre au point un petite escroquerie financière.
La troisième histoire raconte les infidélités de la blonde Viola, la femme de l'aubergiste que nos deux filous viennent d'escroquer. Au cours du festin qui célèbre leur larcin, ils font la connaissance d'un amoureux transi qui n'a d'yeux que pour Viola et rêve de lui faire l'amour. Les deux comparses imaginent alors un plan pour qu'il puisse l'approcher et réaliser son voeu. Ils le déguisent en femme, le font entrer dans la chambre de Viola pendant qu'ils distraient l'aubergiste en lui faisant faire la cuisine toute la nuit.
L'ultime segment conte les déboires de Frère Martino, un moine qui a oublié ses braies sous
le lit de sa maitresse. Les deux brigands parviennent à endosser les habits de hauts dignitaires de l'église afin de lui venir en aide en proclamant qu'elles appartenaient à un saint homme faiseur de miracles. Ils apaisent ainsi la colère du mari particulièrement jaloux. Ils réussissent également à vendre à un moine avide d'argent une fausse pierre précieuse.
Cette nouvelle décamérotique réalisée en 1972, en plein âge d"or de ce sous genre du cinéma érotique italien qui exploita le succès du Décaméron, n'est certes pas la plus drôle, la plus amusante ni la plus coquine. Elle vaut surtout pour la beauté de ses décors tant extérieurs qu'intérieurs qui dénotent d'un certain budget, quelques sympathiques trouvailles,
une reconstitution d'un moyen âge d'opérette plutôt convaincant et la qualité de l'interprétation d'une troupe de comédiens qui s'amusent et font partager leur enthousiasme, avec en tête l'impayable duo Silvio Spacessi et Romano Bernardi, les deux filous, et la prestation de Gianni Musy dans la défroque de Frère Partenope. Pas de décamérotique sans érotisme même si Masuccio Salernitano demeure sobre en évitant toute vulgarité et autre forme de paillardise. On se délectera de quelques nus avant tout dorsaux et de quelques ébats
envolés ainsi que de la présence de la brune Barbara Marzano et l'incandescente Carmen Silva (la tentatrice de La maison de l'exorcisme de Bava), toutes deux très en chair, qui n'hésitent pas à se déshabiller. La petite curiosité qui se transforme vite en un agréable petit plus est l'apparition de l'allemande Dorit Henke dans les jupes de Viola, qui deux ans plus tard connaitra son heure de gloire en étant une des victimes féminines de Salo et les 120 journées de sodome avant une lente et tragique déchéance. Malgré un doublage italien de son personnage assez médiocre, on appréciera son rôle, mutine et coquine, ses quelques
plans de nudité et la danse qu'elle exécute pour faire plaisir à son mari. Dorit fut également à l'affiche de deux autres décamérotiques, L'Aretino Pietro et Le favolose notti d'Oriente. Très plaisante est l'idée est d'avoir imagé les ébats de Barbara Marzano et de son jeune amant, l'affriolant Vincenzo Ferro, dont on apercevra très furtivement pour notre plus grand bonheur le sexe par la folle cavalcade d'un cheval blanc à travers champs sur la musique de Guillaume Tell. Signalons que la version italienne a supprimé les plans de poils pubiens notamment ceux de Barbara contrairement à la version française plus longue et agrémentée
d'inserts hardcore bien ridicules.
Dernier atout et non des moindres est la musique, plus particulièrement la chanson d'ouverture qui deviendra le thème récurrent du film, écrite et composée par Gianni Musy, joyeuse, guillerette et entêtante.
Mis en scène avec professionnalisme par Silvio Amadio, réalisateur trop méconnu à qui on doit le lancement de la carrière d'une Gloria Guida encore mineure, quelques fleurons de la comédie adolescente douce-amère et quelques sexy gialli (Les biches suédoises, Il sorriso della iena), Masuccio Salernitano est une divertissante décamérotique, un spectacle allègre, léger au rythme par instant inégal, quelques longueurs alourdissent en effet l'ensemble, qui se laisse cependant voir avec un plaisir certain d'autant plus que le film s'est au fil du temps fait plutôt rare. S'il ne fait pas partie des meilleurs films du genre, Masuccio Salernitano et ses quelques références littéraires n'en est pas moins un des petits fleurons qu'on ne peut que conseiller à l'amateur.
Lors de sa ressortie en Italie, il fut affublé d'un titre à rallonge impossible à retenir: Come fu che Masuccio Salernitano fuggendo con le brache in mano riusci a conservarlo sano.