E si salvo solo l'Aretino Pietro con una mano avanti e l'altra dietro
Autres titres:
Real: Silvio Amadio
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 82mn
Acteurs: Carla Brait, Giorgio Favretto, Vincenzo Ferro, Franca Gonella, Dorit Henke, Elisa Mainardi, Gino Milli, Ivana Novak, Renzo Rinaldi, Silvio Spaccesi, Gabriele Villa, Sergio Serafini, Pier Maria Rossi...
Résumé: Nanà, Concetta et Fiorenza, les trois filles de Dame Violante, qu'elles soient mariées ou pas, ont un point commun: elles ne pensent qu'à faire l'amour même si leur partenaire n'est pas forcément leur époux. Elles ont recours à de fines ruses notamment pour attraper Frère Crispino. Nanà, la plus nymphomane des trois, va quant à elle mettre en place un habile stratagème pour que son époux lui achète la maison qu'il lui a promise, à condition qu'elle soit toujours pure, tout en satisfaisant sa puissante libido...
Déjà responsable de L'Aretino Pietro nei suoi ragionamenti sulle cortigiane, le maritate e... i cornuti contenti et Le mille e una notte all'Italiana / Canterbury interdit Enrico Bomba ne s'est pas contenté de mettre en scène ces deux films. S'il écrivit le scénario du premier il est aussi à l'origine de celui de E si salvo solo l'Aretino Pietro con una mano avanti e l'altra dietro dont la mise en scène fut par contre confiée à Silvio Amadio, grand spécialiste de la comédie douce-amère et de l'érotisme morbide. Si L'Aretino nei suoi ragionamenti...
s'inspirait pleinement des nouvelles de l'humaniste Pietro Aretino, E si salvo solo l'Aretino Pietro... prend plus précisément comme source la nouvelle intitulée Cappriciosi ragionamenti que d'Amadio transforme en une comédie érotique dont le principal moteur est le cocufiage.
Le film s'ouvre sur une sorte de prologue durant lequel un mari découvre sa femme au lit avec son amant. Cette découverte va causer une réaction en chaine qui va ébranler tout le château et démontrer que la plupart des femmes si ce ne sont toutes les femmes aiment faire l'amour mais pas seulement avec leur mari. A partir de là, Amadio invite le spectateur à
suivre les aventures et mésaventures coquines de Madame Violante et de ses trois pécheresses de filles, Nanà, nymphomane à qui le mari doit acheter une maison à la condition qu'elle soit toujours vierge, Concetta et Fiorenza à qui un moine, Frère Crispino, fait complètement perdre la tête. Et elles ne manquent pas d'imagination pour assouvir leurs désirs. Si Fiorenza après avoir feint l'agonie réussira à mettre dans son lit le moine, Nanà n'y parviendra malheureusement pas malgré ses manigances. Désespérée, en colère, mais toujours aussi ardente et désireuse d'avoir la fameuse maison, elle finira par écouter Concetta qui va lui suggérer un bien coquin Chantage. Elle entrera au couvent et se suicidera
si elle n'a pas la maison. Dans un premier temps elle se réfugie dans l'étable. Dans la pénombre, elle se fait passer pour la domestique. Pensant monter la servante, le mari et trois de ses amis vont satisfaire en fait la jeune femme les uns après les autres. Elle demandera ensuite à Frère Fazio de l'emmener au couvent déguisée en moine puis lui fait l'amour. Ayant laissé ses vêtements au bord d'un puits tout le monde pense qu'elle s'est suicidée. Après qu'elle se soit offerte à tout le monastère, les Frères vont mettre en place un piège afin de faire croire au mari de Nana que sa femme lui parle de l'au delà et le contraindre à acheter la maison tant promise. En échange, le Seigneur la renverra sur terre.
Et c'est ainsi que Nana réapparait, accueillie comme une Sainte, d'autant plus qu'elle est enceinte... mais de qui.. peu importe... Tout est bien qui finit bien! Santa Madonna!
Si contrairement à la plupart des décamérotiques, E si salvo solo l'Aretino Pietro... ne se présente pas sous forme de divers segments, le film propose tout de même trois histoires principales correspondant aux trois filles qui s'encastrent les unes dans les autres sous l'oeil témoin de Pietro Aretino lui même, personnage à part entière, que Bomba fait de nouveau apparaitre comme il l'avait déjà fait pour L'Aretino Pietro nei suoi ragionamenti....
Des récits eux mêmes on retiendra surtout ceux qui mettent en scène d'une part un nain
lubrique, Farfarello, qui ne se fait pas prier pour monter Dame Violante puis une de ses filles, d'autre part ceux où Frère Crispino est l'objet des fantasmes de deux des soeurs qui ne cessent de l'espionner, l'attendre, afin de le regarder uriner lors de ses promenades quotidiennes, hypnotisées par le jet puissant, d'autant plus que le moine est réputé pour être généreusement doté par Mère Nature. Chacune de ses apparitions les met littéralement en transe jusqu'à parfois s'évanouir d'avoir trop joui en imaginant l'interdit.
Hormis ces histoires qui mettent avant tout l'accent sur la condition de la femme, libre et émancipée, sont également au programme les indispensables échanges de partenaires, ici
l'épouse qui se substitue à la domestique et satisfait à son insu les amis de son mari dans l'obscurité ainsi que quelques éléments repris notamment dans Le notte pecaminose de l'Aretino Pietro de Scarpelli comme le stratagème de l'oeuf rempli de sang pour simuler la virginité tandis que le final est quasi conforme à celui de I giochi proibiti dell'Aretino Pietro.
Silvio Amadio a comme d'accoutumée un certain sens de la mise en scène, le film bénéficie d'un bon rythme et d'une narration alerte mais cependant il manque franchement de relief. On sent le manque d'idée et d'imagination d'où un certain ennui à la vision de cette décamérotique d'où toute véritable folie est absente, un des éléments pourtant
indispensable au genre. Il lui manque également cette trivialité jouissive, nerf même du genre, ces dialogues à double sens si réjouissants, la substance de base de la comédie érotique à l'italienne qui fit la force et l'enthousiasme de certaines décamérotiques. E si salvo solo l'Aretino Pietro... est comme un bon plat qu'on aurait oublié de saler.
Le film se laisse donc regarder pour quelques unes de ses séquences mais également la nudité de ses actrices même si de nu frontal il n'y a point ici. Amadio déshabille facilement ses comédiennes mais aussi ses comédiens notamment lors du prélude échevelé, un des moments les plus enthousiasmant et amusant du film, où la nudité masculine dorsale
domine, les amants s'enfuyant du château entièrement nus pour fuir le courroux des maris furieux. Le spectateur se rattrapera donc sur l'aspect polisson et la beauté des trois filles de Dame Violante respectivement interprétées par la brune Ivana Novak et les toujours aussi désinhibées, c'est d'ailleurs à elles que reviennent la majorité des scènes de nu, Franca Gonella et l'allemande Dorit Henke qui après quelques films du genre finira parmi les victimes de Salo et les 120 journées de sodome. A leurs cotés on appréciera de retrouver Elisa Mainardi, la mère loin d'être prude, Carla Brait, la domestique de couleur, l'imparable
Enzo Rinaldi dans la bure de Frère Crispino, le toujours aussi christique, charmant et désirable Pier Maria Rossi, un habitué qui endosse ici les sandales de Frère Raffaelo, un tout jeune Gino Milli et Gabriele Villa dans le rôle de l'Aretino dont on pourra découvrir le coupable fessier.
Toujours au crédit du film, de jolis décors tant extérieurs qu'extérieurs, quasiment les mêmes que ceux de L'Aretino Pietro nei suoi ragionamenti..., joliment photographiés ainsi que la chanson-thème, une sorte de balade nostalgique à l'italienne chantée par la superbe voix de Germana Dominici.
Sorti en Italie quatre mois avant L'Aretino Pietro nei suoi ragionamenti... E si salvo solo l'Aretino Pietro con una mano avanti e l'altra dietro n'est certainement pas le meilleur exemple de décamérotique, ce n'est pas non plus la plus intéressante du genre ni la plus drôle ou délirante. Silvio Amadio signe une modeste petite comédie égrillarde gentiment divertissante qui se laisse tout simplement visionner.