La diosa salvaje
Autres titres: Kilma queen of th jungle / La dia selvaggia / Djungel guddinan
Real: Miguel Iglesias
Année: 1974
Origine: Espagne
Genre: Aventures
Durée: 87mn
Acteurs: Eva Miller, Paul Naschy, Maria Perschy, Marina Fatti, Joan Matas, Gaspar "el indio" Gonzales, Ricardo Moreno, Luis Induni, Antonio Duran, Josep Minguell, José Maria Bianca, José Dacosta, Carlos Tristan...
Résumé: Un petit avion s'écrase dans la jungle avec à son bord un père et sa petite fille mais également une jolie somme d'argent en diamants. On ne retrouvera jamais la petite fille. Quinze ans plus tard persuadée que sa fille est toujours vivante sa mère organise une expédition en Afrique afin de la retrouver. Une légende circule parmi les indigènes, celle de la Déesse de la jungle, une étrange jeune femme qui vivrait cachée dans la jungle qu'ils nomment Kilma. Kilma et la petite fille ne feraient elles qu'une seule et même personne et sait elle où sont les diamants?
En ce tout début d'années 70 une nouvelle vague de films d'aventures et de jungle vit le jour en Italie prenant pour base le mythique Tarzan mais en le déclinant sous sa forme féminine. Ainsi naquirent notamment Gungala, Tarzana ou encore Samoa, de jolies héroïnes reines de la jungle qui se retrouvaient au coeur d'aventures à la saveur exotique. L'Espagne tenta elle aussi une incursion dans le genre par le biais entre autres du vétéran Miguel Iglesias essentiellement connu en France pour son film hybride Dans les griffes du loup garou, une tentative drôle mais ratée de marier le Yeti au loup garou. Après une version de Tarzan,
Tarzan y el misterio del la selva, Iglesias créa sa Tarzane qu'il nomma Kilma, une sauvageonne qui s'apprêtait à vivre deux aventures dont la première La diosa salvaje fut réalisée en 1974.
La petite Laura et son père embarquent à bord d'un petit avion quelque part au Kenya afin de rentrer chez eux avec en leur possession de précieux diamants. Ils ignorent que le copilote est un malfrat qui veut s'emparer des pierres précieuses. En tentant de se défendre le père de Laura tue malencontreusement le bandit. Hors de contrôle l'avion s'écrase en pleine jungle. On ne retrouvera jamais la petite fille. Quinze ans plus tard sa mère est toujours
persuadée qu'elle est en vie au grand dam de son beau-frère Johan qui la croit folle. Une émission de télévision qui traite d'une énigmatique déesse de la jungle qui hanterait les forêts reculées du Kenya la convainc de mener des recherches. Accompagnée de Johan une expédition part en Afrique ignorant que trois bandits sont eux aussi partis à sa recherche afin qu'elle leur avoue où sont les fameux diamants. Ce que les chercheurs ignorent également c'est que Johan les a accompagné uniquement dans l'espoir de mettre la main sur les pierres. Si Kilma qui est bel et bien la petite Laura parviendra à échapper aux malfrats elle est cependant capturée par Johan contrainte de le mener aux diamants.
L'histoire n'a rien d'exceptionnel. On retrouve le point de départ de tout bon récit de jungle ayant pour personnage principal Tarzan et ses différentes déclinaisons, l'enfant qui suite à un crash d'avion grandit seul dans la jungle entouré d'animaux et vénéré par les tribus indigènes pour sa légendaire puissance. Kilma ne déroge donc pas à la règle. Sont au menu tous les éléments du genre: l'enfant devenue une belle sauvageonne, de magnifiques bêtes sauvages (girafes, éléphants, rhinocéros), l'intrépide et malicieuse guenon, une expédition de scientifiques, une bande de vilains et un traitre prêts à tout pour capturer la reine de la jungle. Iglesias connait les règles et les applique consciencieusement mais de
manière si peu énergique que Kilma la diosa salvaje malgré son générique en clin d'oeil à James Bond, en devient assez rapidement soporifique. A aucun moment on ne retrouve ce souffle exotique propre aux films de jungle. Réalisé sans aucune originalité le film ronronne, enchaine les situations ridicules accompagnées de dialogues tout aussi stupides oscillant sans cesse entre le sérieux et la comédie, le cartoon par moment. Ainsi les malfrats sont de véritables crétins qui passent leur temps à tomber, s'invectiver, s'assommer entre eux ou perdre leur pantalon. Les scientifiques sont tout aussi peu crédibles dansant sur un air disco en pleine jungle jamais très apeurés des dangers qui les entourent. Et c'est finalement une
belle romance qui va naitre entre l'un d'eux, Albert, et notre Déesse de la jungle, une des plus fades que le genre ait connu. Certes Eva Miller, aujourd'hui chanteuse et meneuse de revue très populaire en Espagne, est belle mais sa beauté est inversement proportionnelle à ses talents d'actrice. Peu expressive, plutôt pataude Eva se contente de courir et de se cacher, de quelques galipettes pour mimer un combat féroce mais si mollement que ses apparitions n'arrivent pas vraiment à nous sortir de notre torpeur.
Et c'est là le gros souci de cette petite pellicule exotique récurrent à bon nombre de films de l'auteur jamais très dynamiques. Sans jamais se fatiguer Iglesias donne généralement le
strict minimum jusqu-à devenir parfois involontairement drôle. Certes il ne se prend pas très au sérieux mais on peut atteindre par instant des sommets d'hilarité comme lors de la scène des crocodiles où la reporter qui n'a pas oublié son bonnet de bain est attaquée par les sauriens. Il s'agit en fait d'un montage fait à partir de stock shots jusqu'à l'arrivée de Kilma qui héroïquement plonge dans 30 cm d'eau censé représenter le fleuve et feint de s'y noyer après un combat acharné contre un crocodile en latex! Notre Tarzane fait en effet semblant de se battre avec beaucoup de remous et d'effets bulles pour donner l'impression que la lutte est puissante avant l'apparition d'une grosse tâche rouge pour faire croire à la mort de
l
'animal. Tout Kilma se résume à cette scène, une jolie pochade tropicale où toute la troupe semble avoir été piquée par une mouche tsé-tsé.
Aux cotés de Eva Miller dont l'arme préférée est un fouet qu'elle adore faire claquer (un geste accompagné d'un étonnant et peu approprié bruitage, celui d'un son métallique comme si on frappait un fût en métal) on retrouve Paul Naschy en beau-frère traitre et intéressé, Maria Perschy, Luis Induni et Ricardo Moreno.
Malgré son évident manque de vitalité, son manque de sérieux et l'absence de tout érotisme aussi léger soit-il Kilma queen of the jungle, tourné dans de jolis décors naturels africains agrémentés de quelques images d'archives, est une sympathique petite bande de jungle, un divertissement familial qu'il fait toujours bon visionner un soir d'ennui ou un week-end pluvieux.
Iglesias tournera une suite l'année suivante toujours avec Eva Miller dans le rôle clé Kilma queen of the Amazons.