Felicita Fanny: une cuisinière de coeur
S'il est bien une actrice qui caractérise parfaitement notre rubrique c'est bel et bien l'énigmatique Felicita Fanny parfois créditée Felicita Fanni. En l'espace de dix ans elle est apparue dans une petite douzaine de films la plupart du temps dans des rôles à la limite de la figuration. Difficile parfois de la repérer mais son visage nous est cependant familier même si y mettre un nom n'est pas chose facile tout comme il n'est pas évident de trouver quelques renseignements sur cette jolie brune. Felicita n'a guère laissé de trace et très peu d'informations ont été dévoilées à son sujet. Pour tenter de retracer son parcours et savoir un tant soit peu qui est Felicita il faut creuser, fouiller tel un archéologue dans les archives de la presse people italienne et autres revues spécialisées. C'est ainsi qu'aujourd'hui on peut dresser un portrait de cette jeune actrice prometteuse qui finalement ne fut qu'une des nombreuses étoiles filantes qui traversèrent le vaste univers du cinéma de genre transalpin.
Originaire de Sardaigne Felicita Fanny (était ce là son véritable nom?) débute sa carrière de comédienne en 1967 dans La mort était au rendez-vous, un excellent western signé Giulio Petroni dans lequel elle est la jeune serveuse au teint mat qui donne la réplique à John Philip Law avant d'être malmenée par une bande de hors la loi. On la retrouve tout aussi brièvement l'année suivante dans un autre western, La loi des colts d'Enzo Dell'Aquila avant qu'elle ne soit au générique de Roses rouges pour le Fuhrer de Fernando Di Leo, un film de guerre où elle interprète une des partisanes du groupe mené par Nino Castelnuovo. L'oeil exercé la reconnaitra.
Felicita entame alors les années 70 de manière tout aussi sporadique. Elle est la putain au bord du canal à qui Lando Buzzanca, amnésique, demande qui il est dans Ma femme est un violon de Pasquale Festa-Campanile, elle est une détenue dans Prison de femmes de Brunello Rondi et Carmen, une des nonnes de La nonne et les sept pécheresses, un détonnant mélange de WIP, western et de nunsploitation de Sergio Garrone, un rôle enfin un peu plus conséquent pour la jolie brune. Felicita va ensuite devenir une récurrente de Rino Di Silvestro pour lequel elle va tourner trois films, Dossiers roses de la prostitution, La louve sanguinaire (elle est le docteur sauvagement agressée par Annik Borel dans sa voiture) et
Les déportées de la section spéciale SS où elle est Mara, une des malheureuses prisonnières du camp nazi. On soupçonne que Felicita ait été un temps une proche du réalisateur, une amie, peut être même une amante. Elle tournera son ultime film en 1977 le drame érotique disposta a tutto de Giorgio Stegani où elle interprète la tenancière d'une maison de passe de luxe.
Si la carrière de comédienne de Felicita ne fut pas plus dense c'est en parti dû à de graves problèmes de santé. Les médecins diagnostiquèrent en effet une sévère malformation cardiaque qui faillit couter la vie à la jeune femme. Elle dut son salut grâce à une délicate
opération réalisée en Angleterre et put reprendre un temps son métier. Mais le monde du spectacle n'a jamais réellement été son principal objectif. Ce qu'on sait moins c'est en effet que Felicita était ce qu'on appelle communément une toquée, un chef, une passionnée de cuisine, une activité qu'elle pratiquait parallèlement à son métier. Elle fut l'auteur dans les années 70 de quelques livres de recettes notamment de spécialités sardes. Elle continua un temps à écrire pour des revues culinaires puis Felicita semble avoir totalement disparu à l'aube des années 80.